Sommaire
EDITORIAL
1.2000,
mauvais cru pour l'internet.
ENJEUX
2.UMTS
ou le trouble à haut débit.
3.Point
de Contact.

LES CONTENUS
4.Pour 10 briques t'as plus
rien!
5.Salon de l'éducation
:et sous le parchemin?
6.Témoignage
sur les droits photos pour un site internet.

TECHNOLOGIE
7.Quand
Java est là...

CULTURE WEB
8.Contes
d'automne électroniques.

LE BILLET
9.Bel
effort de Multimania pour rallier la cyberculture.

ON A LU
10.L'infantilisme, maladie
conservatrice de la nouvelle économie.
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EDITORIAL
1. 2000, Mauvais cru pour l'internet.
Immense
embarras chez les commentateurs, sur la déroute de la nouvelle économie.
Certains se sont prestement emparé du rôle le plus comique : ce sont les
chantres du capitalisme virtuel qui soutiennent à la fois que cette "
correction " était très nécessaire, qu'ils l'avaient prévue sans le dire
pour ne pas l'accentuer, et qu'elle ne change rien au mouvement général
de l'économie.
Bernard Maître, l'un des plus arrogants de nos gourous locaux, s'y essaie
dans le
numéro 2 de Futures.
Quant au rédacteur en chef de Business Week, il présente sans vergogne
ses publi-reportages pour le Nasdaq comme l'exemple même d'une anticipation
correcte des difficultés actuelles. La démonstration de Monsieur Shepard
est brillantissime : si le numéro spécial de Février 2000 s'intitulait
" The Boom ", c'est, évidemment, parce qu'il prévoyait " The Crash "...
Messieurs, pourquoi se gêner ? Bon courage, tout de
même ; vous allez vous sentir un peu seuls, parce que, visiblement, la
plupart des commentateurs ont plutôt décidé d'entonner le De Profundis,
dans le genre : le BtoB est enterré, le PtoP racheté, et moi même, je
ne sais pas si je vais pouvoir continuer mon supplément multimédia.
Adieu, individualisation du consommateur, dynamic pricing, cash burning,
business angels et stock options !
C'est le triomphe du mortar, du bon vieux capitalisme
pas très cognitif, mais très physique. D'ailleurs Wired, qui n'en est
pas à son premier infanticide, délaisse la nouvelle économie, pour la
" network economy ". Comment distingue-t-on une société de la network
economy d'une société de la nouvelle économie ? La première fait de la
publicité dans Wired. Et la deuxième ? Elle n'existe pas, puisqu'elle
ne fait pas de publicité dans Wired.
Il serait pourtant préférable de ne pas tourner la page trop vite, et
d'interroger cette faillite de la nouvelle économie, sans aucun doute
le trait marquant de l'année 2000 pour l'internet.
Car la faillite est bien là. Faillite générale derrière
les faillites particulières. Affirmer que l'économie et la bourse, d'un
côté (thèse de la correction), ou l'internet, d'un autre côté (thèse de
l'économie en réseau) vont continuer de se développer, c'est plutôt inconsistant.
Nous venons bel et bien de vivre l'échec du capitalisme à construire un
modèle économique réaliste de fonctionnement de l'internet. Là où les
universitaires, les administrations militaires ou civiles, les simples
citoyens avaient réussi, le capitalisme a échoué.
C'est à dire que nous ne savons toujours pas à quoi va ressembler l'économie
réelle de l'internet, quel que soit le nom qu'on lui donne.
Je ne voudrais pas gâcher le plaisir, mesquin, mais
légitime, que procure l'actuelle déconvenue de certains qui, vraiment
la méritaient, la correction. Mais je ne suis pas sûr que la faillite
générale de la nouvelle économie en 2000 soit tout à fait une bonne nouvelle.
Le capitalisme avait fait un certain effort. Il avait
simulé une tentative d'innovation du côté des modèles de consommation,
ou des stratégies de développement des entreprises. Il était assez difficile
de comprendre pourquoi Monsieur Arnault espérait gagner de l'argent en
vendant, avec Boo.com, des produits inconnus à une fraction de la population,
minuscule et dispersée, et sensée être, de surcroît innovatrice aussi
bien pour la technologie que pour la consommation. La démarche semblait
inspirée d'Alphonse Allais; mais justement, par son côté baroque, elle
ressemblait à de l'innovation. Cet effort du capitalisme pour devenir
internaute a plongé les vrais internautes dans la perplexité. Au moment
même où il se décidait à faire comme tout le monde (expérimentation, interconnexion,
innovation), le capitalisme engendrait des monstres inouïs comme Boo.com
ou Priceline.
La nouvelle économie bluffait. L'actuel retour de bâton, en comparaison,
fait assez vulgaire. A nouveau, le capitalisme ressemble au capitalisme.
Messieurs Arnault et Meyer, s'ils n'ont pas créé beaucoup de valeur, ont
su faire leur propre pelote sur le dos des petits porteurs. Les monopoles
triomphent discrètement. Les rentiers font un retour remarqué du côté
de la propriété intellectuelle. Le capitalisme fainéant succède peut être
au capitalisme délirant.
Trop de capitalistes et pas assez d'entrepreneurs,
trop de consensus et pas assez d'innovation, trop d'intox et pas assez
d'information, l'année 2000 aura été un mauvais cru pour l'internet.
Il n'est certainement pas très rassurant de constater que la majeure partie
de la presse spécialisée, ou des " suppléments ", a nourri le bluff de
la nouvelle économie. " Immature " est le mot poli que l'on emploie pour
la presse comme pour la bourse. Mais le manque d'indépendance de la plupart
des médias, papier et électronique, est la cause véritable de cette immaturité.
A 19Clics, nous sommes convaincus que cette indépendance est primordiale,
et qu'elle doit résulter, d'abord, du soutien des lecteurs.
Edgar
Lulle
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ENJEUX
2.UMTS
ou le trouble à haut débit.
19clics
(parmi les premiers…) s'est interrogé sur la cession
des licences de téléphonie mobile de troisième génération, les licences
UMTS. Malheureusement, les événements qui ont marqué l'automne
ont confirmé nos doutes, à tel point que l'on pourrait presque se demander
à qui profite cette parfaite débandade...
Après l'euphorie, le doute sur le prix des licences...
Qu'on se rappelle seulement cette première phase euphorique : la mise
aux enchères des licences UMTS en Grande Bretagne, puis en Allemagne (8
milliards d'Euros par licence). C'était le temps de l'optimisme, les valeurs
boursières des entreprises technologiques et de la " nouvelle économie
" étaient au plus haut.
C'est avec l'Italie que le scénario a commencé à changer. Le gouvernement
italien attendait jusqu'à huit candidats pour les fréquences. Au départ,
la plupart des grands opérateurs européens étaient présents à travers
différentes alliances : Telecom Italia, le Britannique Vodafone, France
Telecom, British Telecom et l'Espagnol Telefónica... Seul Deutsche TeleKom
avait choisi de rester à l'écart du marché italien. Las, l'opérateur Blu
se désistait après seulement trois jours d'enchères, ne laissant en compétition
que cinq candidats, pour cinq licences...Mauvais pour le suspense. Chaque
opérateur ne déboursera que 2,5 milliards d'Euros contre les cinq attendus.
Avec la Suisse, le scénario a tourné à la catastrophe. Après avoir été
plusieurs fois reportée, la vente s'est tenue, mais les quatre licences
ont été vendues pour la somme de leur mise à prix. : 135 millions d'Euros,
205 millions de Francs suisses, alors que la Suisse avait espéré en obtenir
8 milliards. Après, rien n'a plus été pareil. La Pologne a renoncé aux
enchères et a attribué trois licences aux trois candidats qui s'étaient
présentés, pour un prix unitaire de 650 millions d'Euros. La Suède a cédé
ses licences UMTS gratuitement et décidé de privilégier la qualité des
offres et la couverture du territoire. Elle suivait, en cela, la Finlande,
premier pays a céder quasi gratuitement ses licences UMTS en 1999. L'Espagne
lui avait emboîté le pas et le gouvernement espagnol s'était vu vertement
critiqué pour n'avoir obtenu que 500 millions d'Euros.
Et la France ? On sait que la procédure retenue est celle du " concours
de beauté " et que 4 licences UMTS seront cédées pour 4,95 milliards d'Euros
pièce, un niveau certes très inférieur au record allemand mais deux fois
plus élevé qu'en Italie. Le produit de cette vente ira au fonds de retraite.
La voie est médiane, mais les licences restent chères.
Qu'est-ce qui est en jeu dans ces procédures d'attribution de licence
? D'abord, très naturellement, plus les licences sont chères, moins les
obligations d'intérêt général imposées aux opérateurs sont fortes. C'est
aussi parce que les fréquences audiovisuelles sont gratuites que l'état
peut imposer des cahiers des charges aux chaînes de télévision. Ainsi,
les trois pays représentant les marchés potentiels les plus étendus ont
décidé de sacrifier l'intérêt du consommateur au profit immédiat. Les
effets s'en feront lourdement sentir, non seulement sur les factures des
abonnés mais aussi sur le développement du marché.
En effet, les doutes grandissent sur le rapport entre le coût du déploiement
du réseau et la rentabilité des usages qui en sont attendus.
Alors que l'on a annoncé que la technologie UMTS permettrait le multimédia
mobile à haut débit, les prévisions sont maintenant moins optimistes.
UMTS, ce sera cher à déployer et il n'est pas certain que cela fonctionne
aussi bien qu'on l'a dit. Dans le Financial Times, l'opérateur japonais
NTT DoCoMo, numéro 1 mondial de l'internet mobile, a déclaré que le téléchargement
de fichiers audio et vidéo pourrait s'avérer trop coûteux car ces fichiers
demanderaient trop de bande passante. Ce coût devrait selon l'opérateur
japonais limiter ce type d'utilisation à des clips d'une quinzaine de
secondes. Le mobile garderait une fonction de vitrine, les téléchargements
" lourds " étant réservés aux appareils fixes du foyer. Notons que NTT
DoCoMo devrait proposer à partir de mai 2001 le premier réseau UMTS basé
sur sa norme W-CDMA à ses clients japonais, et qu'il n'en attend pas de
hausse importante de revenus.
Une expérience menée en Grande-Bretagne vient confirmer les propos de
l'opérateur japonais. Un réseau UMTS expérimental a été installé à Cambridge
selon les critères établis par certains opérateurs qui pensaient pouvoir
se contenter du même nombre de relais que pour la téléphonie mobile GSM.
Ce réseau a tout juste supporté le transport de la voix et de la navigation
sur le Web, mais s'est effondré quand le courrier électronique et la transmission
vidéo ont été ajoutés. Cette expérience a montré qu'il serait nécessaire
de doubler le nombre de relais pour assurer les services attendus... Cela
accroît très sensiblement les investissements prévus par les opérateurs.
Les plus hauts responsables du secteur des télécoms commencent à exprimer
publiquement leurs doutes. Lors d'une conférence organisée à Londres,
Henri Piganeau, vice-président de Vivendi Telecom International, a déclaré
que l'idée selon laquelle la technologie UMTS encouragerait les consommateurs
à dépenser plus relevait de l'utopie. Selon lui, les recettes par abonné
resteraient au même niveau. " L'UMTS augmente la capacité technique du
marché et nous savons d'expérience que quand la capacité augmente, les
prix baissent ", a-t-il ajouté.
Selon
Martin Varsavsky, PDG de l'opérateur espagnol Jazztel, les prix atteints
lors des enchères britanniques et allemandes étaient stupides. " Nous
avons réalisé que nous avions été idiots de payer plus pour de simples
raisons de notoriété ", a-t-il déclaré. Il a estimé que la technologie
GPRS (General Packet Radio Service), récemment inaugurée et qui permet
de connecter en permanence les mobiles à l'internet, permettra de satisfaire
la majeure partie de la demande et entrera en compétition directe avec
l'UMTS. Spécialiste du secteur chez le fonds d'investissement américain
Fidelity, David Baverez fait l'analyse suivante : " Les opérateurs vont
investir 300 milliards d'Euros dans les licences et les infrastructures.
En 2005, les revenus seraient entre 50 et 60 milliards. Si l'on veut être
vraiment généreux, on peut imaginer 100 milliards. On aurait un Ebitda
(résultat brut d'exploitation) de 30 milliards, soit un retour sur investissement
de 10%. Ce n'est pas attractif ".
En résumé, les opérateurs vont devoir débourser plus que prévu pour déployer
leur réseau, alors que plusieurs d'entre eux sont actuellement soupçonnés
de ne plus posséder assez de fonds pour construire de nouveaux réseaux,
et ce pour une demande qui reste hypothétique. Des opérateurs ratissés...
Pour être présents sur les principaux marchés, les opérateurs devront
débourser des sommes colossales. Ainsi, Vodafone, leader du marché du
GSM en Europe, pourrait être le seul présent à la fois sur les six premiers
marchés d'Europe mais il devra pour cela verser près de 20 milliards d'Euros
aux gouvernements européens. France Telecom, qui arrive en second rang
dans la compétition, devra lui dépenser près de 15 milliards d'Euros.
Conclusion... À qui profite le crime ?
Il n'est pas certain que toute cette opération soit une bonne chose pour
le marché des télécommunications ni pour la construction européenne. On
sait que le vieux continent comptait rattraper son retard dans les technologies
de l'information et de la communication grâce à l'avance prise dans la
téléphonie mobile GSM. On sait aussi que cela avait été rendu possible
grâce à l'adoption, très en amont, de la norme commune GSM. Le marché
s'était développé plus rapidement qu'aux Etats-Unis. Remarquons en tout
premier lieu que la méthode choisie ne rend pas les citoyens européens
égaux face à cette technologie. Le prix payé par licence UMTS rapporté
à un habitant varie de 12 à 630 Euros. C'est contraire à toute bonne politique
d'aménagement du territoire et aux déclarations sur la lutte contre le
fossé numérique.
Ensuite, si l'UMTS européen est si attractif qu'il justifie de si folles
enchères, on peut se demander pourquoi les opérateurs américains n'ont
quasiment pas été présents dans la compétition. On notera que les enchères
américaines n'ouvriront qu'en septembre 2002, et qu'il n'y a plus guère
que Vodafone qui aura les capacités financières nécessaires pour y participer.
Comment ne pas s'étonner enfin que l'expérience britannique qui a conclu
à la nécessité de doubler le nombre de relais ait été conduite par un
conseiller technique du gouvernement britannique lors des enchères UMTS
du printemps dernier, qui, sans doute à l'époque, a tenu de tout autres
discours et s'était bien gardé d'exprimer ses doutes ?
Bref, si l'on avait voulu affaiblir durablement les opérateurs de téléphonie
européens dans le jeu de la concurrence internationale, on ne s'y serait
pas pris autrement. Cela ressemble trait pour trait à la technique du
leurre. Elle est bien connue. La base en est la désinformation. Mais ne
devenons pas paranos. La faute incombe peut-être seulement à la grande
futilité des analystes et des consultants en tout genre...
Pierre
Bastogne
Sources:
Le tableau comparatif de l'UMTS en Europe : [http://www.idate.fr]
|
3. Point de contact.
Au
cours de leur campagne contre l'amendement Bloche et contre les durcissements
qui lui avaient été apportés au Sénat, les fournisseurs d'accès et d'hébergements
avaient toujours vanté les mérites de l'auto-régulation.
Aujourd'hui, après la décision du Conseil Constitutionnel, les fournisseurs
d'accès sont considérés comme presque totalement irresponsables et les
hébergeurs ne sont responsables qu'en cas d'intervention judiciaire.
L'AFA (Association Française des Fournisseurs d'Accès et de Services Internet
constituée de plus d'une vingtaine de sociétés commerciales telles AOL,
Business-Village, Free Nomade, Noos, etc) a donc remarquablement tiré
son épingle du jeu.
Elle s'efforce aujourd'hui de tenir ses promesses déontologiques. Après
la netiquette ou la lutte contre le " spam ", elle s'intéresse au filtrage
en lançant une nouvelle version de son site " Point de Contact ".
L'idée de Point de Contact est de permettre aux utilisateurs de l'internat
de " faire face " aux sites à contenus présumés illégaux.
L' AFA se limite aux contenus pédophiles ou visant à l'incitation à la
haine raciale (La société Yahoo ! France a fait preuve d'une certaine
schizophrénie en soutenant l'initiative).
Les activités qui pourraient être caractérisées comme dénigrements, diffamations,
atteintes aux droit à l'image, aux droits d'auteurs, etc., ne sont donc
pas concernées.
On peut s'interroger sur la portée de cette auto-régulation.
Le site présente trois pistes " Vous aider à comprendre, vous aider à
agir en présence de contenus présumés illégaux, transmettre vos réclamations
".
Il présente de larges extraits de textes législatifs à propos des mineurs
et de la discrimination raciale. Il donne la liste des organismes défenseurs
des droits de l'enfant et des logiciels de filtrage en langue française
et anglaise.
Il veut enfin faciliter l'identification des interlocuteurs auxquels la
réclamation doit être adressée et des autorités légales qui peuvent recevoir
la plainte.
L'initiative est assez ambiguë : on pourrait penser que Point de Contact
est un espace de traitement des questions alors qu'en réalité, il s'agit
purement et simplement, un peu sur le modèle des SVP, d'un simple site
d'information.
Et pour ce prix, les fournisseurs d'accès et de services s'achètent une
conduite et donnent l'image d'un groupe professionnel capable de s'auto-réguler
ce qu' illustre, on ne peut plus clairement, en fin de page d'accueil,
le lien vers " La Charte Internet Confiance de Vivendi " avec ses " 7
grands principes " dont " la protection de l'enfant et l'affirmation d'une
éthique des contenus ".
Jusqu'à plus ample informé, il ne semble pas que l'indépendance du web
fasse partie de cette éthique des contenus.
Rose
Hermitage
Clics
officiels:
[http://www.afa-france.com]
[http://www.pointdecontact.org/]
|

CONTENUS
4.
Pour 10 briques t'as plus rien !
Dans
un précédent numéro, nous vous annoncions que la nouvelle webtv nouvo.com
s'apprêtait à investir 10 millions de francs dans des programmes interactifs.
Quelques mois après, il s'avère qu'investissement dans des contenus n'a
pas signifié investissement dans des contenus innovants. Pourtant, après
" pendant que vous regardez Canal +, vous ne regardez pas la télévision
", Eric Clin l'affirme, " Nouvo est une télévision pour les déçus de la
télévision ".
Nouvo, télévision interactive sur le web, a été lancée en mai 2000 puis
relookée en septembre. L'équipe compte aujourd'hui une cinquantaine de
collaborateurs dont la moitié de " chroniqueurs ". Mais qu'y a-t-il de
nouveau dans ce service ?
Les contenus ? Ouvertement divertissante, cette télévision propose une
cinquantaine d'heures de programmes vidéo à la demande : émissions courtes
avec animateurs, dessins animés, sitcoms, etc. un ensemble dont l'originalité
est digne des heures les plus creuses de la télévision hertzienne. Il
faut vraiment s'ennuyer au bureau, même quand on a entre 25 et 35 ans,
pour préférer Catherine Benguigui à la machine à café, et même si Caliméro
nous rappelle nos couches-culottes, sa coquille résiste à nos légitimes
envies d'interactivité sur le web.
Le support ? webtv aujourd'hui, Eric Clin affirme explicitement que ce
service a vocation à basculer sur n'importe quel support demain, dès que
les coûts de diffusion le permettront. Rappelons que le coût de lancement
d'une webtv est 10 fois moindre que le coût de lancement de la télévision
traditionnelle la moins chère. Le web n'est donc qu'un pis-aller, une
étape de développement à bas prix.
Le " modèle économique " comme on dit aujourd'hui ? publicité (interactive
! comme Kiss Cool) et sponsoring de programmes (Hollywood et sports Xtrem),
abonnements (prévus pour 2001), paiement à l'acte (lorsque les micropaiements
seront simples et sécurisés), vente de contenus (13 Catherine Benguigui
à la douzaine) demain, sont les sources de financement actuels et prévus.
Ce " business model " peut être rapproché de celui d'Nrj sur le web qui
propose la même chose plus l'exploitation d'une base de données qualifiée
et du commissionnement sur des ventes de biens. Nrj n'étant pas spécifiquement
une start-up, que faut-il en conclure sur la nouveauté des sources de
financement ? D'autant plus, qu'il y a fort à parier que la longue expérience
d'Nrj dans le domaine de la publicité devrait être un atout pour cette
entreprise, symbole d'un média traditionnel qui opère sa migration vers
un nouveau support. Il semblerait que ce ne soit pas seulement les médias
qui convergent mais aussi leurs modèles de financement.
On est loin de l'innovation attendue d'un nouveau média et, pour le moment,
en termes de contenus audiovisuels, les expériences innovantes viennent
encore de médias traditionnels (Canal + par exemple) ou de secteurs professionnels
comme la communication d'entreprise.
Eve
Lomé
Sources:
L'intervention d'Eric Clin aux Journées de l'Idate 2000
Clic officiel :
[http://www.nouvo.com]
Clic interne :
" Des images et du web ":
[http://19.clics.free.fr/Numero08/2000-05-08.htm#6]
5.Salon
de l'éducation :et sous le parchemin?
Les
talents de communicateur de Jack Lang sont intacts. Les médias ont abondamment
relayé sa remise des premiers diplômes de l'internet à l'occasion du Salon
de l'Education.
Des diplômes, pourquoi pas ? Ce ne serait pas une
mauvaise idée que la compétence en matière de technologies de l'information
puisse être sanctionnée, à différents niveaux, et prise en compte pour
le recrutement ou…le salaire (Je sais ; je me fais du mal).
Renseignements pris au Salon lui même, sous le parchemin, le diplôme n'est
pour le moment qu'un projet en cours d'élaboration. Concrètement, l'examen
semblait être un questionnaire avec différents chapitres sur l'ordinateur,
le réseau, les services du net.
L'autre annonce du salon était le cartable électronique
de Vivendi. C'est une sorte de gros bouquineur (e-book) propriétaire,
c'est à dire asservi à une technologie particulière, et limité aux contenus
du groupe. Les manuels des différentes disciplines, au catalogue d'Havas,
Nathan, et autres, ont été numérisés et réorganisés pour permettre une
lecture électronique. Navigation passive. Pas de possibilité de réutiliser
les contenus. Le prix n'est pas encore rendu public. Il semblerait que
le produit soit trop cher pour trouver son marché sans subvention de l'état.
De manière générale, malgré l'insistance mise sur le e-learning, le Salon
de l'éducation donnait l'impression qu'on tourne toujours autour du pot.
Les applications multimédia s'étendent à tout ce qui est périphérique
à l'enseignement lui même : communication interne au monde de l'éducation,
documentation, supports de cours, animation.
Mais l'idée de se servir de l'ordinateur, puis du multimédia et du réseau
pour l'enseignement est vieille aujourd'hui de près d'un demi-siècle.
Elle est jalonnée des propositions de Vannevar Bush , ou Allan Kay.
La question fondamentale reste sans véritable solution.
L'ordinateur et le réseau concrétisent certaines conceptions de l'activité
cognitive, et, plus largement, de ce qu'on appelait autrefois les " facultés
" (la perception, l'attention, la mémoire, le langage, la pensée,etc).
Ces conceptions ne sont pas nécessairement systématisées, ni évidentes,
ni même explicitées.
Sont elles compatibles, peuvent elles être associées aux conceptions correspondantes
que l'enseignement actuel met en pratique ?
Est ce qu'une pédagogie marquée par les conceptions de Piaget peut s'inspirer
des thèses de Fodor qui en prend le contre-pied ?
Ce n'est pas seulement un débat théorique sur la philosophie
de l'esprit ou le fonctionnement du cerveau. Il y a une manière de lire,
de s'informer, de s'exprimer, qui est propre à la pratique informatique.
Les enseignants qui travaillent sur ces questions auront trouvé peu d'éléments
de réponse au salon de l'éducation.
En revanche, comme aux Etats-Unis, on continue à débattre sur le thème
fumeux : l'enseignement en ligne peut il se passer d'enseignants ?
La réponse est : non.
Francis
Linart
6.
Témoignage sur les droits photos pour un site internet.
19clics
a mené une petite investigation sur les droits de reproduction appliqués
à internet auprès d'une dizaine d'agences photographiques et autres photothèques
parisiennes.
Cas d'école : un éditeur scolaire s'apprête à publier un livre papier
d'histoire géographie pour ces chères petites têtes blondes. Au cours
de la recherche iconographique, l'éditeur s'enquiert des droits supplémentaires
pour mettre en ligne gratuitement ce même document, téléchargeable au
format pdf avec accès sécurisé.
Les tarifs et formules pratiqués par les agences et photothèques consultées
peuvent se répartir en trois catégories :
-Des droits de reproduction pour internet majorés jusqu'à 500% pour
la reprise d'une photo déjà payée pour la version papier.
Avec parfois des exigences la qualité d'impression de la photo doit
être médiocre. Et quand vous demandez si par conséquent le format pdf
est accepté, vous sentez la confusion de votre correspondant qui ignore
de quoi vous lui parlez.
Cette différence de prix astronomique entre le papier et le site est
souvent le cas des musées et photothèques relevant d'institutions publiques
qui pratiquent des tarifs de reproduction papier peu élevés (200F pour
un quart de page, au plus petit tirage). Comme si la notion de service
public était réservé au monde réel ou que ces photothèques voulaient
se rattraper, voire se venger, sur cette nébuleuse de start-up qui brassent
des millions avec leurs photos.
-Des tarifs presque identiques aux droits mondiaux.
Oui mais l'éditeur concerné ne s'adresse qu'aux écoliers français et
de plus est avec un accès contrôlé. Peu importe car " internet c'est
mondial, tout le monde le sait ". Des négociations menées avec deux
agences " caciques " parisiennes, situées de part et d'autre de la Seine,
ont dévoilé des conditions parfois amusantes et des prix qui font rêver
(ceux qui les encaissent bien sûr, pas ceux qui les payent). Pour l'une,
les droits sont fonction de la durée de la mise en ligne et de la proportion
occupée par l'image dans la page web (la différence entre page écran
et page web semble troubler la commerciale de l'agence) . Toujours est-il
que la question de la taille de l'image peut être détournée facilement
: le webmaster n'aura qu'à laisser beaucoup de blanc dans le bas de
sa page web. En ce qui concerne la durée de la mise en ligne, l'éditeur
se demande de plus en plus s'il va vraiment mettre en ligne sa publication.
D'autant plus que le contact avec l'agence concurrente située rive gauche
achève de le déprimer. A sa rituelle question sur les droits supplémentaires
à acquitter pour la mise en ligne sur internet, il lui est demandé si
cela concerne un site. Non, c'est pour un concours de pêche à la mouche
a-t-il envie de répondre. On lui propose un tarif double du tarif papier,
et ce pour une durée de … un mois.
-50% des droits papier pour toute reprise de photos sur internet, souvent
sans limite de durée
Cette tendance semble s'affirmer auprès d'agences de taille moyenne
et relativement modernes.
En
résumé, Les formules et tarifs appliqués se cherchent encore et ne prennent
nullement en considération les différentes façons de rendre accessible
un document sur internet.
Est-il normal qu'une photo intégrée à un document téléchargeable sous
accès sécurisé soit facturée au même prix que la photo mise directement
sur une page d'accueil ? Derrière cela se cache le fait que certaines
photothèques ne savent pas interpréter et évaluer l'édition d'un site
web.
Comme si celles qui n'utilisent pas internet considèrent ipso-facto que
mettre en ligne équivaut à un tirage papier illimité et appliquent par
conséquent des prix eux-mêmes illimités. Les agences de la troisième catégorie
n'idéalisent pas internet et lui appliquent les tarifs habituels des reprises
photos, sans trop se poser de question pour le moment.
Une démystification et une bonne connaissance d'internet semble au minimum
nécessaire pour mettre en place des grilles de tarifs applicables pour
l'édition de sites internet (nature de la page sur laquelle est mise l'image,
statistiques de fréquentation du site, sécurisation de l'accès, qualité
et format d'impression…).
Notre pauvre éditeur a quant à lui décidé de suspendre sa mise en ligne
et de faire plancher sa juriste sur la question.
Ce témoignage n'a pas valeur statistique, mais vise à recueillir vos réactions,
interventions et propositions quant à la question des droits photos sur
internet.
Maya
Kalsé
|

TECHNOLOGIE
7.
Quand Java est là...
Quand
on parle de convergence des technologies numériques, on pense d'abord
aux tuyaux, puis aux contenus et aux programmes. On saute alors une étape
importante, celle d'un environnement logiciel convergent lui aussi qui
permette de naviguer dans cet univers numérique, de passer insensiblement
de la télévision à l'ordinateur, de l'ordinateur à l'organiseur personnel,
au téléphone portable ou encore au réfrigérateur connecté, de surfer,
de commander un film ou une pizza, tout en dialoguant avec ses amis ou
en envoyant des messages électroniques. Cette convergence logicielle existe,
elle est même déjà célèbre chez les internautes, c'est un langage informatique,
c'est Java, développé par Sun Microsystems. Récit d'une stratégie gagnante.
Dès l'origine, au début des années 90, Java a été conçu par Sun Microsystems
pour les boîtiers décodeurs numériques de la télévision interactive mais
c'est l'internet qui l'a sorti de l'anonymat, en 1995 et surtout en 1996.
L'internet, on le sait, c'est d'abord l'interopérabilité du protocole
TCP-IP quel que soit le système d'exploitation. Mais les applicatifs disponibles
au début de l'internet grand public (" SMPT " pour le courrier électronique
et " html " pour le Web), efficaces mais assez peu interactifs, peinaient
à faire de l'internet une plate-forme réellement multimédia et multisupports.
Il fallait un langage adapté, souple et surtout indépendant du processeur
utilisé. Ce fut Java. Il permet au programmeur d'écrire son programme
une fois pour toutes : " Write once, Run anywhere ". On l'écrit une fois,
cela marche partout puisque le programme décrit une machine virtuelle
qui, en quelque sorte, vient se greffer sur le système d'exploitation.
Quatre ans plus tard, Java s'est imposé dans tous les secteurs de la "
société de l'information ". Outre le Web, où il est très largement présent,
Java s'impose dans les principaux standards développés par les industriels
de ces secteurs :
- dans OSGi, un regroupement d'industriels qui définit
les futures normes de connexion pour la domotique ;
- dans les normes du forum DVB dont les membres ont décidé d'adopter
Java pour leur spécification " MHP " (Multimedia Home Platform) pour
la télévision interactive. Le forum DVB est un consortium rassemblant
plus de 250 diffuseurs de contenu, fabricants, opérateurs réseau et
organismes de réglementation répartis dans plus de 30 pays, avec pour
objectif de développer un standard mondial pour la diffusion télévisée
numérique ;
-
dans le standard GSM, premier standard mondial pour les téléphones portables
;
- dans la spécification HAVi (Home Audio/Video Interoperability). Le
consortium HAVi rassemble les grands opérateurs de l'industrie audiovisuelle.
Il a pour objectif de parvenir à l'interopérabilité des produits hi-fi
et vidéo numériques grand public. La technologie Jini de Sun, pour les
équipements embarqués, assurera le lien entre les appareils conformes
à la spécification HAVi et l'internet.
Outre les applets java qui fonctionnent sur tous nos ordinateurs, on sait
généralement moins que le langage Java est à la base des principales offres
commerciales de systèmes de télévision interactive disponibles sur le
marché, notamment MediaHighway développée par Canal+, qui revendique 70
% du parc de décodeurs installés en Europe et OpenTV utilisée en France
par TPS, qui revendique 4,5 millions de décodeurs installés dans le monde.
OpenTv et Sun sont alliés depuis 1997.
Belle réussite pour Sun, qui tient ainsi une place centrale dans la société
en réseau.
Belle constance aussi. Sun n'a-t-il pas pris comme devise, en 1982, "
The network is the computer ". (Le réseau est l'ordinateur.)
Pierre
Bastogne
Sources:
[http://www.sun.com]
[http://www.itasset.com/gb/3-Technologies_marches/articles/article_97-05.html]
[http://www.daikiri.com/TeleInteractive.htm]
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CULTURE
WEB
8.Contes d'automne électroniques.
Deux
manifestations auraient pu marquer la fin de l'automne et la fin du siècle,
dessinant le passage à l'autre millénaire. ISEA 2000, (International symposium
for electronic arts) rassemblait à Paris des artistes du monde entier
se réclamant des arts électroniques. Le festival " Interférences " les
regroupant ensuite à Belfort pour " les Nuits savoureuses ". Elles ont
été peu suivies par le grand public. Il n'est pas certain qu'il y ait
vraiment manqué.
Le promeneur amateur - votre chroniqueur - aura bien
du mal à définir ce que pourraient être les arts électroniques à la sortie
de ces deux manifestations. Il y aura vu de la vidéo, analogique ou numérique,
pilotée ou non par ordinateur. Des robots industriels pilotés par les
influx électriques des lobes gauche et droit du cerveau captés par un
casque sorti d'un hôpital même pas futuriste. Des spectacles bizarres
utilisant projections, mixes de musique ou encore des myriades d'algorithmes
à l'intelligence artificielle, que l'acteur peut nourrir ou tuer. On aura
assisté à des ballets de bras articulés. On aura joué avec une statue
classique assortie de charnières et de capteurs la faisant parler comme
une poupée de bronze post surréaliste. On aura marché sur des installations
interactives, pénétré dans des grottes de réalité virtuelle, parlé par
vidéo conférence, de Belfort à des passants parisiens. Bref, on aura manipulé
tout un bric à brac technologique qui peine à faire mouvement, à dessiner
des esthétiques, à donner du sens.
On
sortira de là en se demandant s'il est bien sérieux de parler encore d'arts
électroniques. S'il s'agissait de rendre compte, d'une manière un peu
naïve et parfois bricolée, d'une création contemporaine qui utilise des
technologies qui, toujours davantage, se banalisent, l'objectif est en
partie atteint. Belfort ne semblait d'ailleurs pas avoir d'autre ambition
et la manifestation était bien plus réussie qu'à Paris. Car, s'il s'agissait,
à l'aide du pompeux mot " symposium " de faire croire qu'il y avait un
art électronique comme il y a un art cinématographique, il n'est pas certain
que la démonstration soit faite.
Pierre
Bastogne

BILLET
9.Bel effort de Multimania pour rallier la cyberculture.
Sur
internet, pas un jour sans blague sur les blondes.
Et voilà que notre ex-hébergeur, dans un louable souci de ne pas être
définitivement coupé de la culture internet, grâce à un slogan publicitaire
finement ciblé et reposant sur un humour alliant l'ironie au bon goût,
nous propose de construire nos pages perso en débutantes.
Merci donc à Multimania de nous rappeler que la netiquette n'empêche pas
les vieilles valeurs de s'exporter vers le monde électronique.
Si je lui dis que je suis blonde, exigera-t-il un e-droit de cuissage?
Eve
Lomé
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ON A LU
10.L'infantilisme, maladie conservatrice
de la nouvelle économie.
Si
vous avez dû affronter une " fête " de Noël bien formatée (c'est à dire,
cette année : Pokhémon, Play Station 2, Harry Potter) alors, n'ouvrez
pas " la société de consolation " de Jeremie Lefebvre ; vous risquez d'attraper
le blues.
L'histoire d'Ubi-free, le " syndicat virtuel " monté par Jérémie Lefebvre
et quelques autres salariés d'Ubisoft, a été une success story de la société
de l'information en France. Oriane Garcia pour l'économique, Valentin
Lacambre pour le politique, il manquait une figure pour le social et Lefebvre
se fit connaître.
Succès ambigu. Avec ses poisons (le paternalisme manipulateur des patrons
d'Ubisoft) la nouvelle économie sécrétait ses contre poisons : " Alors
Sandrine se penche, écrase lentement sa cigarette et dit à mi-voix en
nous regardant : Internet ". Jeremie Lefebvre souligne d'ailleurs à quel
point les commentaires allaient rapidement tourner en boucle : " L'état
du personnel n'était pas un sujet intéressant, ce qui était intéressant
(pour les médias), c'était l'émergence d'une nouvelle façon d'emmerder
le monde ". Deux ans plus tard, la boucle fonctionne nettement moins bien
et ce sont des syndicats bien réels qui se mettent en place à Amazon.France
et dans les autres paradis de la nouvelle économie.
Mais " la société de consolation " propose bien plus qu'un récit de la
première lutte sociale de la société de l'information. Le livre porte
en sous-titre " Chronique d'une génération ensorcelée ". C'est une charge
contre l'infantilisme, la régression, l'esprit consensuel et soit disant
positif. Pour avoir le premier craché dans cette blédine là, il sera beaucoup
pardonné à Jeremie Lefebvre.
Envoutés et voutés , les cadres et salariés de " CM France " ont des mœurs
étranges. Ils organisent des soirées Haribo lorsqu'un marché est obtenu.
Ils s'échangent les génériques des dessins animés de leur enfance. Ils
sont les enfants de Nintendo et de Chantal Goya qui ne veulent pas connaître
d'autre monde que le pays joyeux des enfants heureux, des monstres gentils.
Ces champions de l'innovation sont des conservateurs à tout crin. Ces
hyperactifs sont sous tranquillisants.
Ce type d'infantilisme a diffusé largement dans le
monde de l'internet : nous n'avons pas besoin de lois ; nous voulons nos
propres lois ; nous voulons garder précieusement cette manière de faire
si positive et si tranquille. La société de l'information conçue sur le
modèle d'un cour de récréation, voilà ce que Lefebvre met à jour : la
création, pour " rire ", de cyber-partis politiques, la monnaie virtuelle
avec des haricots ou des patates, les business plan à la Boo.com.
En 1988, Guy Debord écrivait, dans les " Commentaires sur la société du
spectacle " : " Le changement qui a le plus d'importance, dans tout ce
qui s'est passé depuis vingt ans, réside dans la continuité même du spectacle.
Cette importance ne tient pas au perfectionnement de son instrumentation
médiatique, qui avait déjà auparavant atteint un stade de développement
très avancé : c'est tout simplement que la domination spectaculaire ait
pu élever une génération pliée à ses lois. " Le roman de Jérémie Lefebvre
est une chronique des " conditions extraordinairement neuves dans lesquelles
cette génération a effectivement vécu ".
Le livre est facile à lire, un peu dans la manière
de Houellebecq. L'auteur connaît les théories critiques modernistes, et
le cache assez bien. Il publie chez sens&tonka. Ca vous changera de Pierre
Lévy et Jean Marie Messier.
Edgar
Lulle
Source :
Jérémie Lefebvre," La société de
consolation", édition sens &tonka,2000, 105FF.
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