5.Salon
de l'éducation :et sous le parchemin?
Les
talents de communicateur de Jack Lang sont intacts. Les médias ont abondamment
relayé sa remise des premiers diplômes de l'internet à l'occasion du Salon
de l'Education.
Des diplômes, pourquoi pas ? Ce ne serait pas une
mauvaise idée que la compétence en matière de technologies de l'information
puisse être sanctionnée, à différents niveaux, et prise en compte pour
le recrutement ou…le salaire (Je sais ; je me fais du mal).
Renseignements pris au Salon lui même, sous le parchemin, le diplôme n'est
pour le moment qu'un projet en cours d'élaboration. Concrètement, l'examen
semblait être un questionnaire avec différents chapitres sur l'ordinateur,
le réseau, les services du net.
L'autre annonce du salon était le cartable électronique
de Vivendi. C'est une sorte de gros bouquineur (e-book) propriétaire,
c'est à dire asservi à une technologie particulière, et limité aux contenus
du groupe. Les manuels des différentes disciplines, au catalogue d'Havas,
Nathan, et autres, ont été numérisés et réorganisés pour permettre une
lecture électronique. Navigation passive. Pas de possibilité de réutiliser
les contenus. Le prix n'est pas encore rendu public. Il semblerait que
le produit soit trop cher pour trouver son marché sans subvention de l'état.
De manière générale, malgré l'insistance mise sur le e-learning, le Salon
de l'éducation donnait l'impression qu'on tourne toujours autour du pot.
Les applications multimédia s'étendent à tout ce qui est périphérique
à l'enseignement lui même : communication interne au monde de l'éducation,
documentation, supports de cours, animation.
Mais l'idée de se servir de l'ordinateur, puis du multimédia et du réseau
pour l'enseignement est vieille aujourd'hui de près d'un demi-siècle.
Elle est jalonnée des propositions de Vannevar Bush , ou Allan Kay.
La question fondamentale reste sans véritable solution.
L'ordinateur et le réseau concrétisent certaines conceptions de l'activité
cognitive, et, plus largement, de ce qu'on appelait autrefois les " facultés
" (la perception, l'attention, la mémoire, le langage, la pensée,etc).
Ces conceptions ne sont pas nécessairement systématisées, ni évidentes,
ni même explicitées.
Sont elles compatibles, peuvent elles être associées aux conceptions correspondantes
que l'enseignement actuel met en pratique ?
Est ce qu'une pédagogie marquée par les conceptions de Piaget peut s'inspirer
des thèses de Fodor qui en prend le contre-pied ?
Ce n'est pas seulement un débat théorique sur la philosophie
de l'esprit ou le fonctionnement du cerveau. Il y a une manière de lire,
de s'informer, de s'exprimer, qui est propre à la pratique informatique.
Les enseignants qui travaillent sur ces questions auront trouvé peu d'éléments
de réponse au salon de l'éducation.
En revanche, comme aux Etats-Unis, on continue à débattre sur le thème
fumeux : l'enseignement en ligne peut il se passer d'enseignants ?
La réponse est : non.
Francis
Linart (francis.linart@caramail.com)
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