N°8
édition du 12 mai 2000
bi-mensuel de l'internet
culturel et politique
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 Sommaire 

 
EDITORIAL 
 1. Encore la liberté

 
ENJEUX
2. Sources qu'on ferme:La charte du Geste porte atteinte aux droits des internautes

3. Attention ! syndication

4.Les baisses des valeurs françaises de la net-économie


LES CONTENUS
5. Fathom. Transatlantique du savoir

6.Des images et du web

7.La saison des oscars du web 
 
 
TECHNOLOGIE
8. Internet Explorer 5.5, joyau de l'égosystème de Microsoft. 


BILLETS
9. Le Canard Enchaîné: dauber, or not dauber?

10. Qui aime le virus qui aime?

 
PARCOURS
11. Journalistes et adresses électroniques: une étude de mœurs au début du vingt et unième siècle.
 
EDITORIAL 

1.Encore la liberté
Le numéro spécial "Libres enfants du savoir numérique" a été bien accueilli et nous a permis d'avoir des échanges intéressants sur la question du libre. Merci à tous. Merci en particulier à Richard Stallman et John Perry Barlow d'avoir manifesté leur intérêt simplement et rapidement.
Nous nous demandions si ce n'était pas une sorte de péché d'orgueil, une tendance à l'inactuel, que de se concentrer sur un tel sujet, au moment où la société de l'information connaissait un avril très gris, avec les krachs boursiers, les scandales ouverts ou larvés, le jugement de Microsoft. Nous revenons sur ces questions dans ce numéro mais force est de reconnaître qu'au contraire nous avions été actuels, trop actuels.
La Charte des éditeurs de presse et du Geste, réponse au conflit qui les oppose aux agrégateurs et moteurs de recherche, pose en effet de manière urgente toutes les questions débattues dans le numéro spécial sur le libre, mais "à l'envers" comme dirait le Canard Enchaîné.
Nous ne prenons pas position dans le conflit privé qui oppose éditeurs de presse et agrégateurs. Nous avions trouvé assez comique cette heure de gloire de Jérémie Berrebi, patron de Net2One, au Sénat, avec cette séquence reprise par la télévision, où un vieux sénateur essayait de placer son petit neveu. Nous trouvons aussi désagréable cette sorte d'ostracisme anti start up qui se développe chez les grands de l'édition.
Mais les éditeurs ont décidé de traiter cette question en posant des règles générales, en prétendant les imposer non seulement à leurs concurrents mais à l'ensemble des internautes, sous couvert de charte. Nous critiquons le contenu et la méthode.
Le contenu, parce que la copie privée numérique et les liens hypertexte sont les moyens techniques indispensables à l'expression sur le net. Peu nous importe que la copie privée soit "seulement" une exception au droit d'auteur et que la pratique des liens hypertexte n'ait aucune base légale spécifique. Elles ont une base légale générale: la liberté d'expression que nous voulons transformer, avec le net, en un véritable droit à la communication pour tous. Inutile de préciser que l'affaire du droit de prêt en bibliothèque et l'évolution générale du droit d'auteur ne sont pas faits pour nous rassurer. La méthode, parce que, si c'est ça, l'autorégulation, une régulation brutale, sans débat public, sans les internautes et contre les internautes, et la transformation de droits parfaitement légaux et légitimes en autorisations consenties par les puissants, alors nous en viendrons à regretter le parlement, les juges, et la vieille régulation républicaine.
L'internet, c'est la liberté.
Cette charte octroyée et cet internet censitaire nous déplaisent assez.
Edgar Lulle  
 
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ENJEUX

2. Sources qu'on ferme:La charte du Geste porte atteinte aux droits des internautes
Sept sociétés de presse (Le Monde, La Tribune, Libération, Les Echos, Investir, l'AGEFI, Zdnet France) ont rendu publique, le 29 Mars dernier, leur charte d'édition électronique.
Dans son n° 6, 19clics consacrait un article à la préparation par le Geste (Groupement des éditeurs de service en ligne) d'une telle charte. Les éditeurs, dont plusieurs sont membres du Geste, ont pris les devants en présentant ce texte que le Geste a finalement avalisé le 20 avril.
Dans le communiqué présentant la charte, les éditeurs affichent deux objectifs: "garantir la qualité de l'information diffusée", et "préciser les conditions légales d'utilisation et de reproduction des contenus". Ils dénoncent "les détournements des contenus éditoriaux de bonne ou de mauvaise foi", ainsi que le "pillage organisé par d'autres sites, peu scrupuleux, proposant aux internautes, sans autorisation des ayants droits, des contenus ne leur appartenant pas".

La charte a donc deux aspects. D'une part, elle est un instrument dans le conflit qui oppose les éditeurs de presse (pour l'essentiel de la presse "papier") aux agrégateurs, fédérateurs, et moteurs de recherche, du type Net2one.
D'autre part, elle pose des règles générales d'utilisation des contenus qui intéressent tous les internautes. C'est ce deuxième aspect qui nous intéresse ici.
Disons d'emblée que les internautes ont du souci à se faire. Le communiqué comporte une admirable dénégation: "Les promoteurs de cette charte se proposent ainsi de rassurer les internautes sur le fait qu'ils peuvent à titre individuel, recopier ou imprimer tout ou partie des articles et informations diffusées". C'est plutôt raté et les internautes vont trouver dans cette charte tout pour s'inquiéter, et rien pour se rassurer.

Commençons par la copie privée, ou la copie "à usage privée".
Article L122.5. du Code de la propriété intellectuelle."Lorsque l'œuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire: … 2° Les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, à l'exception des…, ainsi que des copies ou reproductions d'une base de données électronique".
A moins que les éditeurs considèrent toute publication électronique, et notamment la version électronique d'un journal papier, comme base de données électronique, ce qui risquerait de leur poser d'autres difficultés, notamment avec les journalistes, la copie privée s'applique.
C'est une exception au droit d'auteur. Autrement dit, c'est un droit du lecteur, de l'internaute, qui n'est conditionné par aucune acceptation de l'auteur, à fortiori de l'éditeur.
L'éditeur s'engage, dans la charte, à autoriser le lecteur à imprimer tout ou partie du contenu pour son usage strictement personnel. Curieux engagement, curieuse autorisation.

  1. Dans un état de droit, prétendre autoriser une action qui correspond à un droit, c'est purement et simplement illégal. Les éditeurs ne sont pas en position d'autoriser. S'ils veulent s'engager, ils peuvent s'engager à "faciliter" l'impression, et pas à l'autoriser.

  2. Pourquoi seulement imprimer? L'utilisateur doit s'engager, dans la charte, à ne pas "reproduire…" sans autorisation préalable de l'éditeur, pour un usage autre que strictement privé. Alors l'éditeur doit s'engager à "faciliter" (car la copie électronique privée comme l'impression est un droit de l'utilisateur) la reproduction électronique à usage privé.

  3. Quelle est la portée véritable de cet engagement, puisque la charte parle d'usage "strictement personnel", ou "strictement privé, ce qui exclut toute reproduction à des fins professionnelles ou de diffusion en nombre". Autrement dit, la charte exclut l'usage privé, personnel, dans une perspective "professionnelle", même s'il n'y a pas de diffusion en nombre, ni d'utilisation collective, comme dit la loi. Voilà une sacrée restriction de l'usage privé des internautes, qui empêchera un enseignant, un journaliste, un ingénieur de faire ce que nous faisons tous dans l'univers "papier", soit photocopier (nous même, pour notre usage personnel), puis classer et archiver des extraits de presse qui nous serviront plus tard "dans le travail", même si nous ne les diffusons pas.

La notice accompagnant les engagements n'est pas plus rassurante: elle classe la "reproduction électronique" et "la création d'archives" dans la catégorie "interdit sans autorisation préalable". Elle invente de toutes pièces un "droit d'usage" de la publication qui serait limité à la lecture par une ou plusieurs personnes et l'archivage à usage personnel et privé. Elle limite la copie privée à la "copie unique destinée à un usage strictement personnel".
Quand à la création d'archives, après les avoir intégrées au "droit d'usage", la charte les en exclut, précisément dans la rubrique "création d'archives". Si les éditeurs souhaitaient, ce qui est leur droit, interdire la création d'archives collectives (c'est à dire non "personnelles"), il aurait mieux valu le préciser, puisqu'ils prétendent rassurer l'internaute!

Après ce plat de résistance, passons aux autres engagements. Les éditeurs du Geste autorisent la citation et l'analyse. 2001: la presse française autorise la citation et l'analyse!

Article 122-5 du Code de la Propriété intellectuelle: "…L'auteur ne peut interdire …3° Sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l'auteur et la source: a) les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d'information de l'œuvre à laquelle elles sont incorporées…" Encore une fois, en état de droit, les éditeurs n'ont pas le choix d'autoriser ou non une pratique qui relève purement et simplement du droit fondamental à la liberté d'expression.
La citation, et l'analyse, comme l'usage privé sont d'ailleurs comprises dans un sens très restrictif par les tribunaux français. Cependant la charte les restreint encore en posant que la lecture de l'analyse ne "saurait en aucun cas dispenser de la lecture de l'article ou de la publication". Si les éditeurs veulent se protéger contre des analyses documentaires de substitution, vieux problème des banques de données, il faut être plus clair.

Enfin, les liens. Les éditeurs "autorisent" les liens. Encore la même remarque: ils n'ont pas le choix d'autoriser ou non ces liens, pas plus qu'un éditeur de livres n'a le droit d'autoriser ou non la recension, ou la citation dans une bibliographie, de ce livre.
Pire, l'éditeur "se réserve le droit de demander la suppression d'un lien qu'il estime non conforme à sa politique éditoriale". C'est une nouveauté: la politique éditoriale de groupes commerciaux comme source de droit. On s'attendait à une allusion au "droit moral des auteurs" qui nous aurait permis une bonne petite discussion philosophique sur la sémantique des liens. Mais là, on ne fait pas dans la dentelle: si ce que vous écrivez ne convient pas à la politique éditoriale d'un organe de presse, vous ne pourrez pas renvoyer à ce site par un lien. La presse ne veut pas de l'hypertexte.

Les éditeurs vont nous trouver injustes. Après tout, ces restrictions visent surtout à se protéger contre les agrégateurs et moteurs du type Net2one. Oui, mais au passage, elles rognent sur des droits fondamentaux des internautes (et des autres citoyens).
Il faut insister en particulier sur le fait que la copie privée numérique est une condition sine qua non de tout usage privé d'une œuvre numérique. Il ne viendrait à l'esprit d'aucun éditeur de livres ou de journaux imprimés de vouloir autoriser les bibliothèques ou les dossiers personnels faits à partir des originaux. Mais sur le net, il n'y a pas d'originaux; pour avoir une bibliothèque ou des archives, il faut copier.
La charte rejoint clairement les tentatives qui, suite aux démarches de l'industrie musicale, visent à supprimer le droit de copie privée.
Il est compréhensible que les éditeurs cherchent à régler leurs problèmes économiques.
Ils ne peuvent pas y arriver en remettant en cause les droits des internautes, c'est à dire de leur public de lecteurs. Et pas plus en ignorant les journalistes, dont le syndicat vient de s'émouvoir. En effet, en signant leur contrat, les journalistes ne cèdent pas leurs droits sur les utilisations autres que la seule publication originale sur papier.
Cette charte est un mauvais coût contre les libertés fondamentales de la société de l'information.
Et elle illustre parfaitement un certain double langage de l'autorégulation. Ici, l'autorégulation aurait dû signifier négociation et accords entre les auteurs, les éditeurs, les utilisateurs et les agrégateurs. La charte a été adoptée sans débat public, et il manque trois parties sur quatre. Ca fait beaucoup!
Alors, après ces critiques, pourquoi pas un vœu: que les éditeurs traditionnels s'inspirent des méthodes de concertation et de consensus qui ont fait leurs preuves sur l'internet.
--Francis Linart--

Clics officiels:
Communiqué de presse et téléchargement de la charte:
[http://www.zdnet.fr/include/com/290300.html]
[http://www.geste.fr]

Clic interne: "Beau geste ou pas": [http://altern.org/19clics/Numero06/2000-05-06.htm#2]
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3. Attention! syndication
La syndication de contenus n'est pas un concept nouveau. Il s'agit d'une pratique commune des entreprises de presse, puis des entreprises de l'audiovisuel, qui consiste à acheter "sur concept" un fil d'informations ou d'émissions prêts à être intégrés dans une publication, un programme. Les émissions de type "Vidéogags" qui fleurissent sur les antennes en sont l'exemple grand public le plus évident. Dans la presse, les premiers "syndicateurs" sont les agences de presse dont le premier service est bien de fournir des "fils" d'information, mais les bulletins météo sont aussi du contenu en syndication. L'une des controverses avec un fournisseur de revues de presse comme Net2one est que celui-ci "syndique" de fait un contenu - des journaux - sans que ceux-ci ne l'acceptent ni n'en tirent une rémunération. Ces nouveaux types "d'agrégateurs" doivent rechercher leur déontologie.

Le Web a donné à cette forme de commerce de contenus une actualité nouvelle. Plusieurs raisons à cela: d'abord la nécessité de construire des sites riches et mis à jour régulièrement avec des équipes réduites et sans moyens d'investigation particuliers. Ensuite, le développement du modèle économique du "gratuit" pour l'utilisateur-lecteur final impose une rémunération en amont, réalisée dans le commerce entre entreprises. Ainsi, d'une situation où il n'y avait que quelques fournisseurs de contenus pour de nombreux clients, on passe à celle où chaque publication peut être client et fournisseur, syndicateur et agrégateur.

La syndication pose de nombreuses questions qu'il faut se hâter de poser tout en ne précipitant pas les réponses à donner.

Le droit d'auteur: s'il est maintenant probable que la question de la rémunération des auteurs des articles se résoudra par la voie des contrats, même si cela fait et fera l'objet de luttes fortes, c'est ici le droit moral qui risque d'être mis à mal. En effet, tant que les contenus vendus sont des informations factuelles ou supposées telles: météo, cours de la bourse, état du trafic routier, etc., il en va tout autrement dès qu'il s'agit de commentaires ou d'articles de fonds. Comment s'appliqueront ou pourront s'appliquer les clauses de conscience des auteurs, refusant que leurs articles puissent se trouver dans tel ou tel type de publications?

La déontologie: la syndication de contenus appelle la syndication de marchandises... Imaginons un portail consacré aux chevaux, achetant des fils d'information consacrés au hippisme. Les auteurs des articles ne maîtriseront pas la contiguïté de leurs écrits avec tel ou tel dispositif de pari, telles ou telle proposition d'achat de selles ou d'éperons. Prenons un thème moins anodin et toutes les craintes sont alors possibles.

A un niveau supérieur, c'est bien la question de l'information qui est posée. Si tout contenu peut être vendu au kilo pour être mélangé avec tout autre contenu, qui maîtrise l'information? On peut même imaginer des mélangeurs automatiques et des lignes éditoriales robotisées... La valeur d'un article pourrait donc aussi être mesurée par sa capacité à entrer facilement dans le plus grand nombre possible de fils, favorisant ainsi la constitution d'une information édulcorée et sans couleur. C'est aujourd'hui déjà l'impression que donnent certains portails dégoulinant au robinet les mêmes dépêches non commentées.

Mais il ne faut pas se hâter. La syndication n'est pas le seul modèle en marche sur le marché des contenus. Le modèle d'associations de sites partageant une même complicité éditoriale, les webrings, peut être une alternative qui, associée aux modèles du "libre" change la donne. Et puis, dans un monde uniformisé d'une information trop resucée, la prime peut aussi aller à l'originalité et à l'insolence, sauf si celles-ci peuvent également être automatisées.
-- Pierre Bastogne -- 

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4. Les baisses des valeurs françaises de la net-économie

Même si la crise boursière des valeurs internet suscite chez certains une interrogation générale sur les fondements de la "nouvelle économie", il faut accepter de la prendre pour ce qu'elle est: une crise de financement, due à une crise de confiance quant à la valeur réelle ou future des entreprises du net, celles qui ont été le plus affectées par les deux krachs américains du 03/04 et du 14/04.
La chute des bourses n'est pas un jugement sur la place des technologies de l'information, l'attente des consommateurs, la taille du marché. C'est un jugement négatif sur la manière dont les entreprises du net ont été financées dans la période récente: les "business models" d'un type jusque là inconnu, les nouveaux modes de valorisation, les théories du type "économie de l'attention", les directives implicites ou explicites des financiers aux entrepreneurs, mais aussi les sentences de gourous improbables, les folles soirées d'affaires pour happy few.
Les boursiers parlent aujourd'hui de correction des cours. Mais la correction des cours des entreprises du net est qualitativement très différente de celle des autres entreprises. Pour les entreprises anciennes, la bourse sanctionne une profitabilité, une stratégie, voire une "visibilité" de l'action, en fonction de son cours passé. Ces repères font évidemment défaut aux entreprises récentes de la net-économie.
Finalement, la correction doit s'entendre au sens littéral: la finance juge la finance, ou, plus précisément, le marché boursier désavoue certaines stratégies financières hasardeuses.

Il est donc assez instructif de se pencher sur la situation française.

Premier acte: le capitalisme français s'oppose à l'internet. Développer un projet sur l'internet en 95-96, c'était se heurter à l'état, à France Télécom, aux banques, et aux organismes de financement. Versez une larme sur les pionniers: ils ne sont pas nombreux à être devenus millionnaires.

Deuxième acte: retournement, la France découvre l'internet d'un seul coup. Ignorante de la cyberculture, dépourvue d'industrie informatique, ne connaissant du réseau que le minitel, elle découvre en même temps la technologie, les usages du net, le commerce électronique, l'e-business, et les starts-up. Pour les entreprises du secteur, le contexte économique change du tout au tout en dix huit mois. La presse s'enthousiasme pour la mise en place d'une nouvelle chaîne de financement: business-angels, incubateurs, tours de table, nouveau marché.
Le développement de l'e-business croise celui de la bourse parisienne qui elle aussi rattrape son retard; l'argent cherche les projets.
Il faudrait être poujadiste ou gauchiste (ou les deux à la fois) pour ne pas se féliciter de ce retournement. Même si l'internet doit faire une large place à un secteur non marchand, le développement des net-entreprises doit être favorisé par un financement d'autant plus important qu'il s'agit à la fois de rattraper un retard, et de se déterminer dans des conditions encore largement incertaines.

Toutefois, à cette date, le nombre d'entreprises auxquelles peuvent s'intéresser les investisseurs français est nécessairement restreint.
Ils identifient d'abord les sociétés peu nombreuses qui ont porté le développement du net français dans ses premières années, les Nomade et les Multimania. Mais dès 99, ils s'intéressent à d'autres sociétés qui suivent exactement le chemin inverse des pionniers, c'est à dire qu'elles commencent par un financement conséquent avant même de passer à l'expérience sur le net. Dans ces conditions, le jugement des financeurs, leurs critères généraux, leur évaluation du marché et du projet lui même décident de tout. Pour celles de ces start up, qui ne disposent ni d'avantage technologique, ni d'expérience sur le net, ni d'un début de clientèle, c'est le plan de financement et lui seul qui valide le projet.
C'est ainsi qu'en 99 et au premier trimestre 2000, on assiste aux premières acquisitions avec de fortes valorisations (Alapage, Nomade), puis aux entrées en Bourse dont certaines vont être triomphales (Multimania, Artprice), pendant que les sociétés placées au cœur des technologies de l'information deviennent les valeurs à la mode (Business Objects).

Troisième acte: la crise de confiance, les mini krachs et la correction boursière. En ce qui concerne la net économie, aucune bourse européenne n'a réellement d'autonomie par rapport au Nasdaq. Précipités par le jugement Microsoft, pour le 03/04, et les mauvaises nouvelles sur l'inflation, pour le 13/04, les deux krachs américains entraînent la chute des valeurs françaises de la net économie. Aux États Unis et ailleurs, le mouvement est entretenu par une série de résultats décevants, comme ceux de Novell et d'ATT, et de Titus interactive en France récemment, ou certains scandales comme celui de la patronne de World Online. Aujourd'hui, le cours d'Artprice.com est de 23,5 Euros, pour un plus haut en 2000 de 66,5, et un plus bas de 20. Les mêmes cours, pour Multimania: 26,94/ 125/ 25,45; pour Netvalue: 28,5/ 101/ 25; pour Liberty Surf: 40,5/ 79/ 37,86; pour Trader.com: 17,51/ 30/ 13,75. (Séance du 03-05-2000; premier cours, plus haut et plus bas ajustés, d'après Les Echos). La correction est sévère et certainement trop sévère pour les sociétés sérieuses.

Dans ces conditions, on ne doit pas s'étonner si les critères retenus par certains responsables des montages financiers se retrouvent aujourd'hui sur la sellette. Certaines critiques leur reprochent de s'être écartés un peu imprudemment des schémas classiques. Mais on peut aussi bien se demander s'ils ont vraiment su prendre la mesure de l'internet.
Leur premier credo a été celui d'un développement extensif des entreprises, soit la recherche d'une base clientèle importante, bien résumée par la notion de portail qui a fait fureur en 99. Pourtant aux Etats Unis, la pérennité des portails, sauf pour les deux plus gros, est considérée avec scepticisme. Plus généralement, l'internet n'est pas un mass média; il n'est donc pas, de manière évidente, un média qui tirera facilement un commerce de masse.
Le deuxième credo de certains financiers est celui du développement rapide. Il faut être le premier, puis garder la première place en gagnant de vitesse les concurrents. La publicité, qui représente entre 33 et 50% des dépenses de certaines sociétés est sensée produire à la fois la grosse clientèle et le développement rapide. Pourtant toute l'histoire du net est faite de prototypages systématiques, d'essais-erreurs répétés, de temps donné pour permettre la mise en place des usages. La net économie pourrait elle vraiment échapper à ces règles?

Le dernier credo contestable est tout bonnement celui de la fermeture du réseau. On tente de refaire à petite échelle ce sur quoi Microsoft a échoué. Combien de services prétendent se suffire à eux mêmes, remplacer tous les autres pour "retenir" l'internaute, alors que fondamentalement l'internet repose sur la communication, l'interconnexion généralisée?
L'e-business ne peut pas échapper complètement aux règles du business.
Ni à celles de l'internet.
--Francis Linart--

Clics intéressants sur la situation aux Etats-Unis:
"Can cash-strapped merchants survive without links" (sur l'économie des portails) par Sandeep Sunnarkar
[http://news.cnet.com] 03/05/00

"After the fall" (enquête sur des starts-up en difficulté) par J.Brown, D.Cave et A.Leonard
[http://www.salon.com/tech/feature] 28/04/00

Un site spécialement consacré aux faillites de start-up:
[http://www.startupfailures.com]

f
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CONTENUS

5. Fathom. Transatlantique du savoir
Six institutions américaines et anglaises se regroupent pour créer Fathom.com. Les trois établissements britanniques, la London School of Economics, la Cambridge University Press, la British Library, et les trois institutions américaines, Columbia University, New York Public Library, Smithsonian's National Museum of Natural History, s'associent autour d'un projet de net-bibliothèque qui relève à la fois de la bibliothèque numérique, du contenu multimédia "à valeur ajoutée" et de l'enseignement en ligne.

Le site se présente comme une plate-forme destinée à diffuser à un large public le savoir traditionnellement cantonné dans les universités, bibliothèques, musées et institutions culturelles. Les informations et documents qui seront disponibles sur le site ne sont pas, jusqu'à présent, accessibles en dehors des institutions fondatrices.

Les disciplines couvertes seront: physique, médecine, informatique, technologies, droit, économie, sciences sociales, arts, journalisme. La Columbia University mettra à disposition ses archives d'histoires orales: les mémoires de Kroutchev ou de l'architecte Frank Lloyd Wright. La New York Public Library apportera les 54 000 photographies retraçant le développement culturel, architectural et historique de New York. (etc)
Le site proposera aussi des cours, conférences, lectures, bases de données, publications, cédéroms, manuels scolaires.
L'ambition de Fathom est de garantir la fiabilité, l'exactitude, et la mise à jour scientifique de l'information. Il y a là, évidemment, une critique implicite des contenus en ligne proposés bien souvent pour le monde de l'enseignement. Fathom veut produire un site de haut niveau et devenir un "modèle pour l'éducation et la formation tout au long de la vie". Les contenus seront validés, et le processus éditorial contrôlé par un conseil scientifique constitué des professeurs et conservateurs des institutions fondatrices.

Fathom veut se positionner sur le marché de l'enseignement en ligne de deux façons: d'une part, en proposant des contenus directement au public, mais sans dégrader les diplômes délivrés par les universités participantes; d'autre part, en vendant ses propres ressources aux universités en ligne. Dans le jargon de la nouvelle économie, on pourrait dire que Fathom veut faire à la fois du "BtoC", et du "BtoB". Dans le premier cas, le public cible est, comme l'indique Ann Kirschner, présidente de Fathom, celui des "nombreuses personnes qui ont abandonné leurs études en raisons des contraintes quotidiennes que nous connaissons tous: le temps, l'argent, l'éloignement géographique". Dans le deuxième cas, il s'agit de mettre à profit le développement des universités en ligne, considérées aux États Unis comme un "big business" potentiel.
Aussi y a-t-il un peu de tiraillements entre les différentes philosophies au sein du projet, entre les tenants du "non profit" et ceux du "for profit". Le débat est bien illustré par la personnalité d'Ann Kirschner, docteur en littérature anglaise et précédemment responsable des nouveaux médias à la Ligue Nationale de Football Américain.

La plupart des contenus présentés seront d'accès gratuit. Des droits, fixés ultérieurement par chacune des institutions, seront demandés pour les recherches plus approfondies. Ce qui est gratuit à l'intérieur des établissements, le restera sur le site. Fathom utilisera donc la méthode d'accès a deux niveaux souvent utilisés sur les sites commerciaux de contenu. On sait qu'en France, par exemple, Louvre.fr est gratuit, mais Louvre.edu payant.

La Columbia University qui semble être le pilote économique du projet, pousse à la recherche de capitaux extérieurs. En revanche, le directeur délégué de la London School of Economics insiste à la BBC sur le fait que "ce qui est intéressant dans Fathom c'est que le projet est piloté par ce qu'on pourrait appeler des fournisseurs de contenu du service public, plutôt que par des intérêts financiers privés".
-- Catherine Ficat -- 

Sources:
[http://www.internetactu.com/] du 06/04/2000
[http://news.bbc.co.uk/]
[http://chronicle.com/]
[http://news.ft.com/]

Clic officiel: [http://www.fathom.com/]
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6. Des images et du web

De nouveaux médias arrivent sur le Web français. L'amélioration des débits et le développement de l'offre de connexions au forfait, même si c'est encore très insuffisant, suscitent de nouveaux médias qui vont modifier le marché des contenus pour l'internet et renforcer les proximités avec les médias traditionnels radios et télévisions.

Il n'est pas anodin qu'un magazine pour les professionnels de l'audiovisuel, Broadcast, titre en première page que la nouvelle "Web Tv" Nouvo.com va investir 10 millions de Francs dans des programmes interactifs adaptés aux 25-35 ans, avec une ligne éditoriale très marquée.

Florian Gazan, qui dirige Réservoir Net, filiale de la maison de production de Jean-Luc Delarue, Réservoir Prod, annonce la première fiction interactive française "In vitro". Même s'il avoue qu'il l'aurait vendue quatre fois plus cher à une chaîne de télévision, il l'a vendue, et c'est donc bien l'ébauche d'un marché de programmes interactifs, souvent annoncé aux professionnels, que l'internaute voit apparaître aujourd'hui.

In Vitro a été vendue à Clicvision, l'une des dernières nées de ce nouveau paysage audiovisuel. Les piliers de ces médias nouveaux, que le jargon nomme "rich média", semblent bien être les technologies Flash (Macromedia) et Real Vidéo (RealNetworks). C'est d'ailleurs annoncé dès la page d'accueil, plugins obligent. L'ambiance sonore est répétitive et techno. Une présentatrice, fille clônée d'Annanova et de Lara Croft, annonce brièvement les faits saillants des dix-huit chaînes thématiques. Pour mesurer l'innovation, rien de mieux que de choisir la chaîne la plus "bateau", la météo. Les téléspectateurs traditionnels savent que regarder la météo sur Arte n'a rien à voir avec la pluie ou le soleil des autres chaînes. Syndication de météoconsult, la chaîne météo offre un environnement flash très doux dans lequel baguenaudent des ../Pictos amusants. Des liens avec des Webcams permettent de voir par soi même le temps qu'il fait sur la planète réelle. Ce n'est pas révolutionnaire mais c'est un travail de professionnel. Le plus souvent, il y a une idée par clic et les chartes graphiques sont inventives. Chapeau!

Ce n'est que le début. D'autres applications sont en cours de développement qui renforceront l'interactivité et les possibilités de commerce. La possibilité de cliquer sur images de la vidéo pendant le visionnement, par exemple. Ces "vidéo liens" permettront de cliquer sur les chaussures ou la cravate des acteurs... et de les acheter. C'est pour quand? Demain.

Grâce au développement de la télévision numérique par satellite et de deux bouquets concurrents, la France n'est pas en retard dans le développement de l'interactivité dans l'audiovisuel. C'est en tout cas ce que pense Julien Favre, qui, pour promouvoir cette avance relative, lance ITV-Drama-Forum. Le terme "forum" doit ici être compris au sens de ces forums qui développent des normes techniques comme le DVD Forum ou le W3C. Sur le site, encore en construction, on peut déjà lire, en anglais, l'actualité de ce nouveau monde d'images et de sons.
-- Pierre Bastogne -- 

Clics officiels:
[http://www.nouvo.com/last/home/index.html]
[http://www.clicvision.com/]
[http://www.reservoir-net.com/]
[http://www.itv-drama.com/]

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7. La saison des oscars du web
Les "awards"-prix américains destinés à récompenser les sites internet- fleurissent en ce printemps. La nomination d'eToys pour la catégorie Commerce des Webby Awards donne d'ailleurs des boutons à certains intervenants de la liste NetTime qui défendent l'idée que les prix doivent aussi récompenser une attitude net-citoyenne. Et eToys par le procès qu'il a lancé contre le collectif d'artistes allemand Etoy est loin d'être un exemple en la matière.
Ces prix qui se multiplient, se disputent l'appellation "oscar du web" et sont des manifestations très américaines: les membres des jurys et les sites primés sont tous américains, à quelques rares exceptions près.
En voici quelques uns:

--Webby Awards, ou Webbys pour les branchés--
Le prix a été institué par l'IADAS (International Academy of Digital Arts and Sciences) et comprend cette année 2000 nominés sur 27 catégories. L'élection se fait par les internautes et par un jury (on y trouve David Bowie pour la Musique, Francis Ford Coppola pour le Cinéma, John Perry Barlow pour Communauté et Richard Stallman pour Science). Les résultats sont tombés ce 11 mai au cours d'une soirée à San Francisco, que l'on pouvait suivre en direct, à condition de télécharger un assortiment de modules externes et surtout, pour nous autres Français, de passer la nuit devant son ordinateur.
A l'heure où l'on met en ligne, on connaît pour chaque catégorie le lauréat du public et le lauréat du jury...et surtout le nom de l'internaute (dans un pop-up en page d'accueil s'il vous plaît) qui vient de gagner une Audi (oui, une voiture!).
Dans la rubrique Art, est primé par le jury le très tendance Web Stalker, un "hyperactive electronic zine" sur lequel nous reviendrons dans un prochain numéro; le public a, lui, primé l'intéressante oeuvre de Bill Viola exposée dans la galerie virtuelle du SFMOMA. Dans la rubrique Commerce, on échappe à eToys avec la réélection par le public d'Amazon et avec Baby Center pour le jury. Dans 8 catégories sur 27, internautes et jury ont voté pour le même gagnant: Napster pour la Musique, Merriam-Webster Word Central pour l'Education, Cocky Bastard pour les Pages Perso...

--Les prix du SFMOMA--
Pour la première année, le SFMOMA (San Francisco Museum of Modern Art), en association avec l'IADAS, lance son prix: le "Webby Prize for Excellence in Online Art".
Ce 11 mai, le Webby Prize a été attribué à Michael Samyn et Auriea Harvey pour leur oeuvre "entropy8Zuper". Les heureux élus recevront 30 000 dollars et verront leur travail exposé dans la galerie virutelle "e-space".
Un "Cyberfemmy award", destiné à récompenser une femme artiste ou activiste, avait été annoncé en février, mais il semble être passé aux oubliettes numériques.

--Cool Site of The Day--
L'élection du Cool Site of The Year est faite par les internautes. C'est Boexerjam, site de jeux, qui a été récompensé ce 27 avril. Le site thehungersite.com, plébiscité par la catégorie Activisme, nous a intéressé et fera l'objet d'une analyse dans le prochain numéro. Les catégories (humour, cartoon, santé, enfants...) et les sites primés sont très grand public.

--Website Awards--
Avec son sous-titre "le plus prestigieux et le plus respecté prix du web" et une interface un peu lourde, ce qui est étonnant pour un prix qui se veut très design, on pouvait craindre le pire. Mais ce n'est pas le cas et les sites primés sont plutôt plus intéressants que la moyenne des autres award.
Les catégories sont au nombre de 24 et un jury assez nombreux désigne un gagnant pour chaque catégorie avant de sélectionner parmi les 24 "The" gagnant. La sélection 2000 n'est pas encore là, mais l'an dernier la palme revenait à British Airways. Dans la catégorie Art on trouvait un site suisse sur Paul Klee. La catégorie Littérature récompensait un site asiatique dont le contenu texte n'est pas accessible à nos pauvres navigateurs latins. On s'incline devant une sélection beaucoup plus internationale que les autres prix et on note l'absence des éternelles rubriques Commerce et Humour.

Signalons que pour sa huitième édition, le prix Moebius a sélectionné 50 titres qui sont présentés succinctement sur le site. Le palmarès n'est pas encore connu.
--Maya Kalsé--

Sources: Wired mai 2000 p 94

Clics officiels:
Webby Awards:[http://www.webbyawards.com]
Lauréat du jury catégorie Art: Web Stalker, [http://www.backspace.org/iod/iod4Winupdates.html]
Lauréat du public catégorie Art:[ http://www.sfmoma.org/EXHIB/viola/fr_splash.htmll]

Cool Site of The Day: [http://www.coolsiteoftheday.com/awards.html]
Site primé: [http://www.Boexerjam.com]

Web Site Awards: [http://www.websiteawards.com/f-index.html]
-Lauréat catégorie Art: [http://www.paulkleezentrum.ch]
-Lauréat catégorie Littérature: [http://www.ehon-artbook.com]
-Lauréat catégorie Corporate: [http://www.priceweber.com/]

SFMOMA: [http://www.sfmoma.org]
Lauréat: [http://www.sfmoma.org]

Clic interne:
"Le SFMOMA prend le tournant de l'art en ligne":
[http://altern.org/19clics/Numero04/2000-03-04.htm#6]

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TECHNOLOGIE


8. Internet Explorer 5.5, joyau de l'égosystème de Microsoft
25% du coût d'un site web est attribuable aux incompatibilités entre les navigateurs. Quel développeur n'a planché des nuits blanches pour rendre son site accessible aux utilisateurs des différents navigateurs aux différentes versions? On comprend dès lors que développeurs et utilisateurs se soient unis pour convaincre les éditeurs de navigateurs, essentiellement Nestscape et Microsoft, d'utiliser des standards. Le Web Standard Project est une coalition internationale qui regroupe des développeurs web et des utilisateurs luttant pour l'établissement des standards sur le web. Le respect de ces standards permet à des publics utilisant des plates-formes différentes, et notamment aux handicapés, d'accéder aux contenus du web.

Ne souhaitant pas être une arène pour les batailles Netscape/Microsoft comme il reproche au W3C de l'être devenu, le Web Standard Project essaie de convaincre les navigateurs qu'il est dans leur intérêt d'utiliser des noyaux standards pour le web. L'avantage est en effet de rendre les contenus créés sous un éditeur X fidèlement accessible sous un navigateur Y.
Mais respecter les standards, c'est être un peu plus compatible avec ses concurrents et, lorsqu'on est en position dominante, comme c'est le cas d'Internet Explorer aujourd'hui, on peut s'en moquer. En effet si Microsoft était le champion des standards quand Netscape était le leader des navigateurs, la version 5.5 d'Internet Explorer (encore en version beta) dédaigne tout standard et leur oppose "la liberté d'innover". Au nom de l'innovation (comme de passionnantes barre de défilement en couleur), Microsoft développe des technologies propriétaires qui renforcent la fragmentation du web. Internet Explorer 5.5 est ainsi incompatible avec HTML4.0 qui permet notamment aux aveugles d'accéder dans de bonnes conditions au web.
Le plus étonnant c'est que Microsoft abandonne le DOM (Document Object Model) auquel il a contribué et qui donne aux programmeurs l'accès aux données contenues dans des documents HTML et XML. Microsoft aurait-il peur du pouvoir du DOM dans les mains des programmeurs ou est-ce une simple allergie connue à tout ce qui pourrait se rapprocher de la source ouverte?

L'opposition standard/innovation est un véritable leitmotiv des nouvelles technologies; elle repose probablement plutôt sur des oppositions de stratégies que sur une véritable incompatibilité technique.
Pour les gens du WSP, "le web est un écosystème qui meurt si les différentes formes de vie ne coopèrent pas". Pour Microsoft, c'est peut-être un egosystème où tous les autres n'existent pas.
--Elsa Zakhia--

Sources:
Texte du WSP sur Internet Explorer 5.5: [http://www.webstandards.org/ie55.txt]
Texte du WSP sur Microsoft: [http://www.webstandards.org/wfw/ieah.html]

Pour ceux qui insistent, la version beta téléchargeable: [http://msdn.microsoft.com/downloads/webtechnology/ie/iepreview.asp]

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BILLETS


9. Le Canard Enchaîné: Dauber, or not dauber?
Nous avons déjà signalé le curieux traitement fait à l'internet par le Canard Enchaîné: du négatif, rien que du négatif. C'est peut-être le propre d'un journal satirique. Mais il est difficile de ne pas remarquer que l'hebdomadaire favori de Norodom Sihanouk et de mon beau-frère ne traite pas de cette manière là les livres, le cinéma ni même la télévision.
Le Canard persiste dans son être canardeux avec un dossier "l@ folie internet- l'envers de la toile" coordonné par Marc Laimé. Le principe du dossier est assez simple: c'est le traditionnel double bind.
Exemples. Il n'y a pas assez d'ordinateurs dans les écoles, mais, quand il y en a, on dirait "une succursale de Darty". Microsoft, c'est moche, mais Linux fonctionne "à fond" en conformité aux lois du marché (quelle horreur!). Le parlement vote des lois en "catimini" contre Valentin Lacambre et les fournisseurs d'accès, mais tout le dossier du Canard est la reprise des arguments des partisans de la régulation. MSF a recueilli 500 000F. grâce à l'aide "humanitaire" mais Attali (PlaNet Finances) n'est pas clair sur ses royalties… etc.
A part ça, comme le dit Erik Emptaz dans sa présentation (c'est d'ailleurs le seul article signé):
"Il ne s'agit pas, bien sûr, ici, de dauber gratuit sur les nouvelles technologies, ni de dénigrer l'indéniable outil économique et culturel (plus cul que turel) que représente le Net".
Merci, Monsieur le Directeur, pour l'indéniable, l'économique et le turel. Quand vous dauberez, ce sera payant?
--Edgar Lulle--

Non-clic officiel:
Le Canard Enchaîné

Clic interne:
[http://altern.org/19clics/Numero04/2000-03-04.htm#13]

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10. Qui aime le virus qui aime?

Personne n'a pu échapper au virus "I love you". En effet sa propagation sur les ondes a été sans doute plus forte encore que sur le Net, et à l'heure où ces lignes sont écrites, on peut suivre, flash d'informations après flash d'informations, l'arrestation imminente du coupable.

Deux commentaires.

  • L'internet fait maintenant partie de la vie réelle puisque quelque chose qui se passe sur l'internet et qui ne peut concerner que les internautes pourvus d'une messagerie électronique, concerne potentiellement les auditeurs de tous les médias généralistes. Le Net n'est plus un monde à part.

  • Les médias se vengent contre le Net, ce petit dernier turbulent qui prend trop de place, en grossissant à l'extrême toute nouvelle catastrophiste en provenance du réseau.

Ainsi, l'auteur de ce virus aura-t-il réussi un double exploit: la pollution de nos ordinateurs et celle de nos oreilles.

Si les dernières informations sont vérifiées, ce sera le plus grand pied de nez à tous les commentateurs. Le créateur du virus serait une créatrice. Mais on ne sait pas encore si, comme ses confrères masculins, elle est réputée boutonneuse.
--Pierre.Bastogne--

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PARCOURS

11. Journalistes et adresses électroniques: Une étude de mœurs au début du vingt et unième siècle.
Supposons que vous souhaitiez contacter un journaliste, et supposons encore, pour simplifier le jeu, que ce journaliste soit, comme vous, quelqu'un qui s'intéresse à l'internet et "à toutes ces choses". Une hypothèse pourrait vous traverser l'esprit: pourquoi pas lui envoyer ce qu'il est convenu d'appeler un courrier électronique, opération qui nécessite de disposer au préalable de son adresse électronique. Cette opération qui vous semblait d'abord bénigne va se révéler fort compliquée et, plus d'une fois, vous aurez le sentiment que le journaliste, ou plutôt son journal, semble vous répondre, comme Bartleby, "I would prefer not", "J'aimerais mieux pas".

Voici les résultats fort peu scientifiques de ma propre tentative, sur 14 périodiques.
Première constatation: pas d'adresse électronique sur le papier des quotidiens de référence.
Ca fait parvenu. N'essayez donc pas de les relever dans le Monde, Libération, la Tribune, les Echos.
Les magazines grand public hésitent. Web Magazine vous donne la recette pour fabriquer les adresses à partir du nom..Net (c'est leur nom: "point net" à l'oral) donne des e-mails personnels. Comme Yahoo Internet Life, à la différence du journal d'AOL, qui se limite à une adresse collective. Si vous voulez vous adresser à Freddy Mini qui dirige les deux publications, regardez dans Yahoo.
Même hésitation chez les magazines branchés. Un citron jaune toutes catégories pour le souvent joli et toujours tendance "Crash". Aucune possibilité de joindre ses auteurs ou contributeurs par courrier électronique, ni sur le magazine, ni sur le site. Un peu paradoxal pour une revue high and low tech. Transfert donne directement et simplement les adresses de ses collaborateurs. Technikart patauge.

Voilà pour le papier. Et sur le net?
Sur les sites, l'affichage des adresses électroniques des journalistes obéit à des règles d'usage assez mystérieuses. Parmi les quotidiens, Libération est le plus "démocratique", donne des adresses électroniques à tous ses journalistes, et les donne toutes à ses lecteurs. Le cahier multimédia doit pourtant se contenter d'une adresse collective. C'est le sort aussi des journalistes papier du Monde et de la Tribune. Les équipes d'édition électronique de La Tribune ont des adresses personnelles. Parmi les sites, seul ZDNet donne les adresses de tout le monde, y compris techniciens et administratifs (c'est ça une boîte moderne). Le Journal du Net donne peu d'adresses personnelles, une adresse collective, et une liste sans attributions.
Dernière constatation: avec ou sans adresse, mieux vaut connaître le nom du journaliste qui suit l'internet. Les organigrammes associent précision byzantine sur les titres et flou artistique sur les sujets couverts. Dans l'organigramme du Monde, il semblerait que les sujets "société de l'information" soient traités dans la "séquence" "Aujourd'hui". Libération ne signale pas qui est chargé de suivre l'internet.
Le courrier électronique personnel est l'indice à la fois de la modernité des institutions et de leur démocratisation. Dans la presse, elle rencontre les mêmes difficultés que dans les entreprises et les administrations. Le courrier électronique pourrait (peut être) permettre des échanges plus intéressants entre lecteurs et journalistes. Les lecteurs pourraient (peut être) joindre non seulement les ténors, mais aussi les pigistes, les contributeurs occasionnels, d'autres lecteurs.

Conclusion provisoire: le courrier électronique personnel n'est pas tout à fait entré dans les mœurs de la presse.
--Edgar Lulle--

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© 19clics - mai 2000
Les pictos sont d'Agnès Lanchon