6.Témoignage
sur les droits photos pour un site internet.
19clics
a mené une petite investigation sur les droits de reproduction appliqués
à internet auprès d'une dizaine d'agences photographiques et autres photothèques
parisiennes.
Cas d'école : un éditeur scolaire s'apprête à publier un livre papier
d'histoire géographie pour ces chères petites têtes blondes. Au cours
de la recherche iconographique, l'éditeur s'enquiert des droits supplémentaires
pour mettre en ligne gratuitement ce même document, téléchargeable au
format pdf avec accès sécurisé.
Les tarifs et formules pratiqués par les agences et photothèques consultées
peuvent se répartir en trois catégories :
-Des droits de reproduction pour internet majorés jusqu'à 500% pour
la reprise d'une photo déjà payée pour la version papier.
Avec parfois des exigences la qualité d'impression de la photo doit
être médiocre. Et quand vous demandez si par conséquent le format pdf
est accepté, vous sentez la confusion de votre correspondant qui ignore
de quoi vous lui parlez.
Cette différence de prix astronomique entre le papier et le site est
souvent le cas des musées et photothèques relevant d'institutions publiques
qui pratiquent des tarifs de reproduction papier peu élevés (200F pour
un quart de page, au plus petit tirage). Comme si la notion de service
public était réservé au monde réel ou que ces photothèques voulaient
se rattraper, voire se venger, sur cette nébuleuse de start-up qui brassent
des millions avec leurs photos.
-Des tarifs presque identiques aux droits mondiaux.
Oui mais l'éditeur concerné ne s'adresse qu'aux écoliers français et
de plus est avec un accès contrôlé. Peu importe car " internet c'est
mondial, tout le monde le sait ". Des négociations menées avec deux
agences " caciques " parisiennes, situées de part et d'autre de la Seine,
ont dévoilé des conditions parfois amusantes et des prix qui font rêver
(ceux qui les encaissent bien sûr, pas ceux qui les payent). Pour l'une,
les droits sont fonction de la durée de la mise en ligne et de la proportion
occupée par l'image dans la page web (la différence entre page écran
et page web semble troubler la commerciale de l'agence) . Toujours est-il
que la question de la taille de l'image peut être détournée facilement
: le webmaster n'aura qu'à laisser beaucoup de blanc dans le bas de
sa page web. En ce qui concerne la durée de la mise en ligne, l'éditeur
se demande de plus en plus s'il va vraiment mettre en ligne sa publication.
D'autant plus que le contact avec l'agence concurrente située rive gauche
achève de le déprimer. A sa rituelle question sur les droits supplémentaires
à acquitter pour la mise en ligne sur internet, il lui est demandé si
cela concerne un site. Non, c'est pour un concours de pêche à la mouche
a-t-il envie de répondre. On lui propose un tarif double du tarif papier,
et ce pour une durée de … un mois.
-50% des droits papier pour toute reprise de photos sur internet, souvent
sans limite de durée
Cette tendance semble s'affirmer auprès d'agences de taille moyenne
et relativement modernes.
En
résumé, Les formules et tarifs appliqués se cherchent encore et ne prennent
nullement en considération les différentes façons de rendre accessible
un document sur internet.
Est-il normal qu'une photo intégrée à un document téléchargeable sous
accès sécurisé soit facturée au même prix que la photo mise directement
sur une page d'accueil ? Derrière cela se cache le fait que certaines
photothèques ne savent pas interpréter et évaluer l'édition d'un site
web.
Comme si celles qui n'utilisent pas internet considèrent ipso-facto que
mettre en ligne équivaut à un tirage papier illimité et appliquent par
conséquent des prix eux-mêmes illimités. Les agences de la troisième catégorie
n'idéalisent pas internet et lui appliquent les tarifs habituels des reprises
photos, sans trop se poser de question pour le moment.
Une démystification et une bonne connaissance d'internet semble au minimum
nécessaire pour mettre en place des grilles de tarifs applicables pour
l'édition de sites internet (nature de la page sur laquelle est mise l'image,
statistiques de fréquentation du site, sécurisation de l'accès, qualité
et format d'impression…).
Notre pauvre éditeur a quant à lui décidé de suspendre sa mise en ligne
et de faire plancher sa juriste sur la question.
Ce témoignage n'a pas valeur statistique, mais vise à recueillir vos réactions,
interventions et propositions quant à la question des droits photos sur
internet.
Maya
Kalsé (maya.kalse@bigfoot.com)
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