N°13
édition du 22 janvier 2001
bi-mensuel de l'internet
culturel et politique
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6.Témoignage sur les droits photos pour un site internet.

19clics a mené une petite investigation sur les droits de reproduction appliqués à internet auprès d'une dizaine d'agences photographiques et autres photothèques parisiennes.
Cas d'école : un éditeur scolaire s'apprête à publier un livre papier d'histoire géographie pour ces chères petites têtes blondes. Au cours de la recherche iconographique, l'éditeur s'enquiert des droits supplémentaires pour mettre en ligne gratuitement ce même document, téléchargeable au format pdf avec accès sécurisé.
Les tarifs et formules pratiqués par les agences et photothèques consultées peuvent se répartir en trois catégories :

-Des droits de reproduction pour internet majorés jusqu'à 500% pour la reprise d'une photo déjà payée pour la version papier.
Avec parfois des exigences la qualité d'impression de la photo doit être médiocre. Et quand vous demandez si par conséquent le format pdf est accepté, vous sentez la confusion de votre correspondant qui ignore de quoi vous lui parlez.
Cette différence de prix astronomique entre le papier et le site est souvent le cas des musées et photothèques relevant d'institutions publiques qui pratiquent des tarifs de reproduction papier peu élevés (200F pour un quart de page, au plus petit tirage). Comme si la notion de service public était réservé au monde réel ou que ces photothèques voulaient se rattraper, voire se venger, sur cette nébuleuse de start-up qui brassent des millions avec leurs photos.

-Des tarifs presque identiques aux droits mondiaux.
Oui mais l'éditeur concerné ne s'adresse qu'aux écoliers français et de plus est avec un accès contrôlé. Peu importe car " internet c'est mondial, tout le monde le sait ". Des négociations menées avec deux agences " caciques " parisiennes, situées de part et d'autre de la Seine, ont dévoilé des conditions parfois amusantes et des prix qui font rêver (ceux qui les encaissent bien sûr, pas ceux qui les payent). Pour l'une, les droits sont fonction de la durée de la mise en ligne et de la proportion occupée par l'image dans la page web (la différence entre page écran et page web semble troubler la commerciale de l'agence) . Toujours est-il que la question de la taille de l'image peut être détournée facilement : le webmaster n'aura qu'à laisser beaucoup de blanc dans le bas de sa page web. En ce qui concerne la durée de la mise en ligne, l'éditeur se demande de plus en plus s'il va vraiment mettre en ligne sa publication. D'autant plus que le contact avec l'agence concurrente située rive gauche achève de le déprimer. A sa rituelle question sur les droits supplémentaires à acquitter pour la mise en ligne sur internet, il lui est demandé si cela concerne un site. Non, c'est pour un concours de pêche à la mouche a-t-il envie de répondre. On lui propose un tarif double du tarif papier, et ce pour une durée de … un mois.

-50% des droits papier pour toute reprise de photos sur internet, souvent sans limite de durée
Cette tendance semble s'affirmer auprès d'agences de taille moyenne et relativement modernes.

En résumé, Les formules et tarifs appliqués se cherchent encore et ne prennent nullement en considération les différentes façons de rendre accessible un document sur internet.

Est-il normal qu'une photo intégrée à un document téléchargeable sous accès sécurisé soit facturée au même prix que la photo mise directement sur une page d'accueil ? Derrière cela se cache le fait que certaines photothèques ne savent pas interpréter et évaluer l'édition d'un site web.
Comme si celles qui n'utilisent pas internet considèrent ipso-facto que mettre en ligne équivaut à un tirage papier illimité et appliquent par conséquent des prix eux-mêmes illimités. Les agences de la troisième catégorie n'idéalisent pas internet et lui appliquent les tarifs habituels des reprises photos, sans trop se poser de question pour le moment.
Une démystification et une bonne connaissance d'internet semble au minimum nécessaire pour mettre en place des grilles de tarifs applicables pour l'édition de sites internet (nature de la page sur laquelle est mise l'image, statistiques de fréquentation du site, sécurisation de l'accès, qualité et format d'impression…).

Notre pauvre éditeur a quant à lui décidé de suspendre sa mise en ligne et de faire plancher sa juriste sur la question.

Ce témoignage n'a pas valeur statistique, mais vise à recueillir vos réactions, interventions et propositions quant à la question des droits photos sur internet.

Maya Kalsé (maya.kalse@bigfoot.com)

 



© www.19clics.com - juin 2000