N°4 
édition du 3 mars 2000 
bi-mensuel de l'internet
culturel et politique
 
 
Sommaire 

 
EDITORIAL 
 1. Echelon : le divin réseau. 
 
ENJEUX  
2. Une nouvelle manière de publier : la source ouverte. 
3. L'ART boucle la boucle. 
4.Artprice.com : le marché de l'art sur le net. 
 
LES CONTENUS 
5. Annuaire Wap francophone. 
6. Le SFMOMA prend le tournant de l'art en ligne. 
 
TECHNOLOGIE  
7. Babylon, traducteur en ligne. 
 
VU D'AILLEURS 
8. La croissance aux Etats-Unis : une question d'innovation et de chance. 
 
CULTURE WEB 
9. Rezo.Net, le portail des copains s'intéresse à la nouvelle économie. 
 
LE BILLET 
10. L'idée forte de Ford.  
 
ON AURAIT PU... 
11. Le rachat de Caramail par Spray. 
12. La Recherche : Internet-Canal historique. 
13. Le canard pas très net 
14. Tim Burton. 
 
LES CLICS DE NOS LECTEURS 
15. @folio, un livre pour lire tous les livres
 
EDITORIAL 

1. Echelon : le réseau divin 
Toutes les professions ne ratent pas leur migration vers l’internet. La très ancienne corporation des services secrets semble réussir la sienne. Le 23 février, le parlement européen a levé un peu du voile qui entoure Echelon, le mega système d’espionnage américain. Encore que les internautes un peu curieux étaient au courant de l’affaire depuis de nombreux mois, notamment grâce à echelonwatch. Simultanément, circule avec de plus en plus d’insistance l’explication selon laquelle le FBI serait à l’origine des attaques contre les grands sites de commerce électronique en janvier : cette provocation aurait pour but d’appuyer ses demandes d’un contrôle étatique de l’internet. Un peu partout, les départements de défense s’intéressent à Linux dont ils peuvent contrôler le code source, pendant qu’on montre du doigt Microsoft et Lotus Notes. 

La leçon est simple : pour la guerre économique, comme pour l’économie tout court, qui contrôle l’information contrôle le monde. 
Echelon is watching you. Il faut donc « watcher » Echelon. Pour y contribuer, 19clics fait appel à un consultant de réputation international. Dans « l’art de la guerre », Sun Tzu distinguait cinq sortes d’agents secrets : « les agents indigènes, intérieurs, doubles, liquidables et volants ». Munis de cette grille, vous devriez pouvoir participer en connaisseurs à toutes sortes de conférences internationales, traiter avec vigilance vos mails, et décrypter les clauses de vos contrats. 
Sun Tzu disait aussi : « Lorsque les cinq types d’agents secrets sont tous à l’ouvrage simultanément…ils sont appelés le « divin réseau » et ils constituent « le trésor d’un souverain ». 
--Francis Linart-- 

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Sources: [http://www.aclu.org/echelonwatch] 
[http://www.newsfornet.com]

 
ENJEUX 

2. Une nouvelle manière de publier : la source ouverte  
Bien que le mot fasse plutôt penser au nom d’une secte, c’est très certainement une des innovations sociales et un des débats les plus importants sur l’organisation de l’espace public de l’internet, et les nouvelles manières de publier.  
Derrière la source ouverte, on trouve en réalité différentes approches qui ne coïncident pas tout à fait : l’« open source » stricto sensu, la « copyleft attitude », le « slashdot style », et le domaine public. 
A l’origine de tout se trouve le projet Xanadu de Ted Nelson, l’inventeur de l’hypertexte. Il s’agit non seulement de créer un vaste dépôt mondial d’hypertextes, mais aussi de gérer les droits d’auteur, attachés à chaque fragment des hypertextes. L’invention du web par Tim Berners Lee popularise une forme simplifiée d’hypertextes en réseau, mais il ne touche pas à la question du régime juridique des textes. 
Slashdot.org est une association qui milite au départ pour les logiciels libres et Linux. 

En Juillet dernier, les modérateurs des forums de Slashdot.org ouvrent un débat à partir d’un article d’Albert Hybl, un bio-physicien de l’Université du Maryland. Comme d’autres, Hybl préconise d’adapter aux textes la démarche de l’accès au code source, caractéristique des logiciels libres. L’auteur qui publie en source libre accepte que quiconque réutilise gratuitement une partie ou la totalité de son texte à quatre conditions : mentionner clairement la source, informer de l’utilisation l’auteur ou un organisme désigné par lui, ne pas tirer de profit économique de l’opération, et, en cas de publication, recourir au système de la source ouverte.  
Mais Hybl propose d’aller plus loin. S’appuyant sur un projet d’Harold Varmus, le patron de l’Institut National pour la Santé, équivalent américain de l’INSERM, il envisage de mettre sur pied un système de publication, qui remplacerait les comités éditoriaux des revues scientifiques par un forum fonctionnant sur le modèle de shlashdot.org, bref une publication en « slashdot style ». Ce débat a été relancé par une initiative prise à l’automne par Lawrence Lessig, professeur de droit à Harvard, et intitulée « open law » 
. 
Le mouvement pour le copyleft, la « copyleft attitude », est ce courant qui, à travers différents dispositifs (source ouverte, licence de publication ouverte, pré-publication et publication sur les forums) essaie d’organiser à la fois l’écriture collective, en réseau, et la libre utilisation des textes-sources. 
Si le copyleft est d’origine américaine, le courant pour le domaine public est européen. Sa première manifestation est le forum néerlandais organisé en 1998 par la « Society for Old and New Media », notamment Eric Kluitenberg, Geert Lovink et Reinder Rustema. Le projet « The Public Domain.02 » vise à consolider l’espace public de l’internet en construisant un secteur ouvert à tous les usages, sauf les utilisations commerciales, comprenant des textes et des logiciels d’auteurs vivants, et finançé par des ressources publiques ou une taxe sur les télécommunications. En France, Philippe Queau s’est fait le défenseur de l’approche du domaine public. 
Les partisans du copyleft ont l’habitude de dire qu’il ne s’oppose pas au copyright, au droit d’auteur, ce qui s’apparente un peu à un vœu pieux. En tout cas, l’inverse n’est pas vrai. 
--Francis Linart-- 

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Sources: [http://www.slashdot.org] 
[http://www.nettime.org]
 
3.L’ART boucle la boucle 
L’actualité des télécommunications en France, outre les pressions exercées sur France Télécom pour ouvrir à la concurrence ce qui lui reste de monopole, c’est la «boucle locale radio» et son dégroupage avec la clôture de l’appel à propositions lancé par l’ART (Autorité de régulation des télécommunications) 
De quoi s’agit-il? La boucle locale, c’est le dernier segment du réseau téléphonique, celui qui relie le commutateur à l’abonné. Le plus souvent, cette boucle locale est constituée de bonnes vieilles paires de câbles de cuivre torsadées. La boucle locale radio remplace ces câbles de cuivre par une liaison hertzienne. 
Jusqu’à présent utilisée pour raccorder des points difficiles d’accès ou des régions avec un faible taux de pénétration du téléphone, la boucle locale radio devient maintenant un enjeu majeur du développement des télécommunications. Dans sa consultation publique lancée en novembre 1999, l’ART donnait à cela quatre raisons principales:  
  1. la boucle locale radio facilite la mise en œuvre de services multimédia et de nouveaux services grâce aux hauts débits qu’elle permet; 
  2. elle est l'un des moyens pour stimuler l'introduction de la concurrence dans la boucle locale;
  3. la boucle locale radio peut contribuer à la diminution du coût des prestations de service universel dans certaines zones géographiques; 
  4. elle représente un marché potentiel important.
Le 30 novembre 1999, l’ART a lancé un appel à propositions pour l’attribution de licences pour deux opérateurs nationaux dans les bandes 3,5 et 26 GHz, deux opérateurs par région métropolitaine dans la bande 26 GHz et deux opérateurs dans chaque département d’outre-mer dans la bande 3,5 GHz. L’appel, clos le 31 janvier 2000, ménageait le suspense. France Télécom, qu’aucun texte réglementaire n’empêchait de répondre à cet appel, allait-elle faire une proposition, et dans ce cas, quelle serait la réaction de l’ART, qui avait fait savoir qu’elle ne souhaitait pas que France Télécom réponde... 
La partie de bras de fer n’aura pas lieu, ni le débat qu’elle aurait permis de susciter. 
France Telecom a bien déposé un dossier, fondant son argumentaire sur la nécessité d’aménagement du territoire. La boucle locale radio, affirmait l’opérateur historique, lui aurait permis d’assurer du haut débit sur l’ensemble du territoire, y compris et surtout pour les zones rurales éloignées. Mais France Télécom a déposé son dossier deux minutes trop tard... Et l’ART ne l’a pas retenu. Les milieux «autorisés» murmurent que France Telecom l’aurait fait exprès, se payant ainsi une publicité à peu de frais. 
Dans tous les cas, le citoyen-consommateur ne peut que regretter. La «non»candidature de France Telecom a cet appel a pour conséquence qu’un des enjeux retenu par l’ART elle-même n’est pas pris en compte, rien de moins que celui de l’égalité d’accès pour tous et l’on se demande bien quand et où le débat démocratique sur ce sujet s’est déroulé et s’est conclu. 
--Pierre Bastogne-- 
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Sources :  le dossier de l’ART 
[http://www.art-telecom.fr/dossiers/blr/som_blr.htm]
 
4. Artprice.com : le marché de l'art sur le net 
L’entrée en bourse d’Artprice.com, le 21 janvier, a été un succès. 
Certains commentateurs ont souligné qu’il s’agissait de la première cotation d’une société française véritablement « dot com », c’est à dire qui ne soit pas, par ailleurs, S.S.I.I, fournisseur de logiciels. Ce n’est vrai qu’à la condition de détacher la société de sa maison mère. 
En effet, Artprice.com n’est pas tout à fait une start-up. C’est une filiale de la société Le Groupe Serveur qui, depuis 1987, possède toute une série de banques de données juridiques et judiciaires (petites annonces). Le Groupe Serveur est l’exemple d’une société qui a réussi son passage du minitel à l’internet. 
Créé à l’origine par un groupe d’historiens de l’art, Artprice.com a acheté ses principaux rivaux internationaux. Il a aussi acquis récemment Xylogic, une société suisse spécialisée dans le développement de logiciels pour les Sotheby’s, Christie’s, et autres sociétés de vente aux enchères. Il possède aujourd’hui la plus grande banque de données de cotations d’œuvres d’art dans le monde qu’il décline sur tous les médias : un annuaire imprimé, un Cédérom, et le site internet. 

L’objectif d’Artprice.com est de contrôler l’information sur le marché de l’art : prix des œuvres, transactions, clientèles. La stratégie vise aussi à intéresser non seulement les collectionneurs habituels, mais les simples amateurs, acquéreurs ponctuels d’œuvres, en leur fournissant des informations sur les œuvres. L’internet est donc le moyen de gagner ce public beaucoup plus large. Avec le développement des enchères en ligne, et des ventes à distance, le marché de l’art bascule dans le commerce électronique. 
Bernard Arnault qui s’intéresse à la fois au marché de l’art et aux entreprises de la nouvelle économie a très logiquement pris une participation, par le biais d’Europ@web, son fonds de capital risque. 

Il y a plusieurs manières de procéder pour une entreprise qui cherche du financement : aides de l’état aux start-ups et crédits bancaires, tour de table pour ouvrir le capital (exemple de CanalWeb), rachat ou échange (Caramail et Spray), ou l’entrée en bourse. Ce dernier moyen est le plus risqué parce que le résultat n’est jamais garanti, que le prix de l’action peut être décevant, et que l’entreprise ne peut éviter certaines prises de participation qui lui déplaisent. 
Le succès d’Artprice.com se mesure facilement : 20% de la société valait 33 MF en octobre 99 (c’est le prix payé par Bernard Arnault), et 140 MF, à l’issue de la première journée de cotation. Après avoir acquis les commissaires-priseurs Philips et Tajan, et pris une participation dans plusieurs sociétés de vente aux enchères (iCollector, Aucland), Bernard Arnault occupe aujourd'hui une position forte sur tous les segments du marché de l’art, qu’il s’agisse de l’internet ou du «monde réel».  
--Edgar Lulle-- 

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Clic officiel : [http://www.artprice.com]
 

 
LES  CONTENUS

5. Annuaire WAP francophone 
Le Groupe Businext, spécialisé dans la création de nouveaux modèles économiques et dans le secteur florissant des développeurs Wap, annonce le lancement du premier annuaire Wap francophone. 
L’annonce est alléchante mais un peu grandiloquente, il s’agit pour l’instant d’un recueil de 7 rubriques. Il est honnêtement précisé que les sites wap français sont encore rares et qu’en conséquence « l’annuaire » est complété par des sites en anglais « dont le contenu peut être utile à toute personne francophone comprenant la langue » (certes); ainsi la rubrique actualités et médias compte-t-elle deux sites dont un en anglais ; la rubrique informatique et multimédia en comprend trois dont un aussi en anglais. 

Cette petite restriction faite, l’outil sera bientôt indispensable : le Wap disponible sur  les écrans des mobiles de troisième génération est appelé à devenir le format universel de pages Internet « allégées ». 
Une star-up allemande Manand Media, vient de créer un site dédié (holiey.com) qui  propose aux internautes de bâtir leur home page sous  Wap. 
Le stockage des adresses sous ce format, l’offre des informations et des services à la consultation des internautes mobiles ont de beaux jours devant eux. Parmi les projets récemment annoncés mais qui ne figurent pas encore dans l’annuaire, citons l’AFP ou Allo Ciné.  
--Rose Hermitage-- 

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Source :  [http://www.cyperus.fr] du 09/02/2000
Clics Officiels : [http://www.lewap.com] 
Le Wap en version Wap :[http://www.lewap.com/i.wml] 
[http://www.holiey.com]
Clic interne [http://www.altern.org/19clics/Numero01/1999-12-01.htm#13]
 
6. Le SFMOMA prend le tournant de l'art en ligne 
La mise en valeur de l’art virtuel supposant de nouveaux lieux d’exposition, le SFMOMA (San Francisco Museum of Modern Art) a ouvert le 11 février sur son site web une galerie virtuelle : la e-space. Les oeuvres n’y sont pas encore nombreuses (6) et nécessitent au minimum Shockwave. On vous conseille l’oeuvre intitulée « Day Dream » : les frames s’y multiplient dans un univers de collages et de montages numériques. Entrer dans la logique de l’oeuvre demande du temps et de l’attention: concentrez vos clics sans quoi vous risquez de vous éloigner vers des sites quelconques de l’internet. L’oeuvre se déploie au visiteur s’il fait preuve de curiosité, s’il cherche les zones sensibles de l’image. En fait, à l’inverse d’une galerie traditionnelle, ici il faut toucher pour voir. 

Toujours dans le « but d’attirer l’attention sur ces technologiesnouvelles comme mode d’expression et de création, et d’encourager ceux qui en explorent les potentiels esthétiques », le SFMOMA décernera le 11 mai prochain le SFMOMA Webby Prize for Excellence in Online Art. Ce prix de 50 000 dollars récompensera de un à trois artistes innovant du domaine de l’art en ligne. Les oeuvres primées seront exposées dans la e-space. Ce nouveau prix est créé en partenariat avec la International Academy of Digital Arts and Sciences (IADAS) qui décerne à cette même occasion les Webby Awards, ces oscars du web qui sélectionnent et récompensent des sites classés par catégories. Le choix est fait par un jury de professionnels et par les internautes. On s’étonne du peu d’audace et d’originalité de la sélection 1999 affichée sur le site de l’IADAS. Ainsi dans la catégorie Commerce on trouve amazon.com et e-bay.com. 
Espérons que le prix du SFMOMA saura, lui, repérer de plus singuliers talents. 
--Maya Kalsé-- 

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Source : [http://www.lesnews.net] du 21/01/2000
Clics officiels : SFMOMA : [http://www.sfmoma.org] 
La galerie virtuelle du SFMOMA : [http://www.sfmoma.org/espace/espace_overview.html] 
Day-Dream : [http://www.day-dream.com] 
International Academy of Digital Arts and Sciences : [http://www.iadas.net]
 

 
TECHNOLOGIE

7. Babylon, traducteur en ligne 
Babylon offre en ligne deux outils très similaires qui permettent de faire de la traduction de mots et non de pages web intégrales. 
 

  • Babylon.com
Babylon.com est un traducteur en ligne. Vous n’avez pas besoin de télécharger quoi que ce soit. La traduction se fait uniquement de l’anglais vers 8 autres langues (hébreu, chinois, allemand, français, italien, japonais, portugais, espagnol). Vous saisissez votre mot (« e-mail » par exemple) et vous obtenez immédiatement sa traduction, munie d’une définition (« courrier électronique, méthode de correspondance sur le réseau Internet »). Le dictionnaire comprend plus de 3 millions de mots. D’autres services sont offerts : cours des devises, fuseaux horaires et conversions métriques. Le logiciel existe aussi en version hors ligne. 
 
  • Babylonet.net
Il s’agit d’un logiciel que l’on peut télécharger gratuitement et qui permet de traduire les mots de sites de langue anglaise vers les 8 langues citées plus haut.  
Un astucieux principe de démonstration en ligne permet de tester l’outil sur un site quelconque. Concrètement, BabyloNet prend la forme d’un bandeau ou d’une fenêtre (vous avez plusieurs options d’affichage) et se superpose au site en anglais. Il suffit alors de sélectionner la langue de destination, et le surlignage d’un mot en anglais du site fait apparaître sa traduction dans Babylon.net.  
Son utilisation est très facile. En y regardant de plus près, on s’aperçoit que l’outil s’adresse aux administrateurs de sites de langue anglaise. Le logiciel est destiné à être intégré dans leur site et à servir de traducteur aux visiteurs : « enchantez vos visiteurs avec ce nouvel outil que vous leur offrez. Laissez BabylonNet aider votre site à acquérir plus de visiteurs et de ventes. N’oubliez pas que lorsque les utilisateurs comprennent ce qu’ils lisent, ils sont alors en position d’acheter » ( !) Pour achever de les convaincre, ou de les stresser, on leur signale que 55% des internautes ne sont pas anglophones. 
En conclusion, ce traducteur est plutôt un dictionnaire dynamique. 
--Maya Kalsé-- 
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Clics officiels : [http://www.babylon.com] 
[http://www.babylonet.net]
 

 
VU D'AILLEURS

8. La croissance aux Etats-Unis : une question d'innovation et de chance... 
Le monde a les yeux rivés sur la croissance des États-Unis. Durera, ne durera pas? Surchauffe? Reprise de l’inflation? 
Fin janvier, dans le San Jose Mercury News, l’éditorialiste Matt Marshall, mettait en regard deux analyses économiques de cette croissance. Celle de Peter Leyden et de Peter Schvartz, coauteurs de «The Long Boom: A Vision for the Age of Prosperity», qui donne aux entreprises de la «Vallée», aux technologies et aux modèles économiques qu’elles ont promus, un rôle essentiel. Celle enfin de Anirvan Banerji, co-directeur du Economic Cycle Research Institute de New York, pour qui cette croissance inégalée a été en partie une question de chance et s’est appuyée sur la récession que connaissait les autres pays industrialisés. 

De l’innovation... 
Les explications technologiques données dans l’article sont assez banales. Par exemple, les progrès faits par Intel dans la fabrication des microprocesseurs ont permis d’améliorer la productivité du travail.  Sun Microsystems et Cisco, en permettant une mise en réseau fiable et performante et Oracle, dont les bases de données ont joué un rôle essentiel dans le développement de l’internet comme moyen de commerce électronique, ont renforcé cette tendance. La productivité de l’industrie américaine a augmenté de 2,5% par an depuis 1996, soit 1% de plus que la moyenne sur 25 ans. 
Ces progrès technologiques ont été soutenus par de nouveaux modèles économiques fondés sur une idée simple: toute personne ayant une bonne idée doit pouvoir trouver le capital, la force de travail et les marchés  nécessaires pour la mettre en œuvre. 

... et de la chance  
Selon Anirvan Banerji, la croissance, pour une bonne part, n’a rien à voir avec les innovations de la Silicon Valley. Elle s’explique plutôt par la récession qu’ont connue les pays industrialisés pendant toutes les années 90 et qui a permis aux États-Unis d’importer des marchandises et des services moins chers et de juguler ainsi la pression inflationniste. L’économiste new-yorkais pense qu’avec la reprise au Japon, depuis 1999, cette période favorable risque bien de se terminer et conduire la banque fédérale à relever ses taux d’intérêt. Banerji concède cependant un rôle essentiel à la Vallée: le développement du marché de l’emploi, qui a permis de redonner confiance aux citoyens et de relancer ainsi la consommation interne. 
À suivre, donc. 
--Pierre.Bastogne-- 

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Source : [http://www.mercurycenter.com/svtech/news/indepth/docs/boom020100.htm]

 
CULTURE WEB

9. Rezo.net, le portail des copains s'intéresse à la nouvelle économie 
Créé en novembre 1999 par Pierre Lazuly, ingénieur informaticien qui milite pour l’artisanat des contenus sur le web, rezo.net est « un petit portail en bois, modeste et génial ouvrant sur un espace non commercial ». Il renvoie essentiellement à trois webzines « politiquement décalés à gauche » : menteur.com, scarabee.com et ornitho.org. La rubrique « Sources » est astucieuse, car elle met à jour les sources citées par les différents médias auxquels renvoie rezo.net. 
En réaction à l’actualité sur la netéconomie, dans la suite du dossier de Libération du 14 février, ces trois webzines indépendants démarrent une série d’articles sur la nouvelle économie. 
 

  • Menteur.com
Ce site s’est rendu célèbre par ses « chroniques » cinglantes et humoristiques auxquelles on vous conseille de vous abonner. Dans la dernière chronique, «Flagrant délit », l’auteur s’intéresse à Alibabuy, le premier site européen d’achats groupés. En essayant d’acheter en ligne des enceintes, il montre qu’elles sont exactement au même prix que dans n’importe quel magasin. A la suite de cet article, Alibabuy enlève d’ailleurs le produit de sa vitrine et prie le menteur de retirer ses liens vers son site.  
Dans une deuxième chronique sur la nouvelle économie, « L’inutile au meilleur prix », Pierre Lazuly décrit sa tentative d’achat d’une trottinette sur le site de Clust.  
Parmi les autres bons articles, on vous signale « Internet existe aussi sans pub » qui indique les logiciels qui permettent d’éviter les publicités et autres bandeaux associés. 
 
  • ornitho.org
Consacré à la netéconomie, le dernier éditorial de ce webzine mensuel s’intitule «les friconautes débarquent ». L’auteur raconte dans le détail le rendez-vous des capital-risqueurs qui se tient au Black Bean, rue Montmartre, tous les premiers mardi du mois.  
 
  • scarabee.com
Dans le même style satyrique que les deux précédents webzines, l’article «l’entreprenaute, le capital-risque et ta mère : nouvelle économie, bientôt tous en short » en taille un aux coureurs de start-up. 
--Maya Kalsé-- 
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Clics officiels : [http://www.rezo.net] 
[http://www.menteur.com] 
[http://www.ornitho.org] 
[http://www.scarabee.com] 

Articles sur la netéconomie : 
« Clust, l’inutile au meilleur prix » : 
[http://www.menteur.com/chronik/000210/html] 

« Flagrant délit » : 
[http://www/menteur.com/chronik/000211.html] 

« l’entreprenaute, le capital-risque et ta mère » : 
[http://www.scarabee.com.EDITO2/140200.html] 

« les friconautes débarquent »: 
[http://www.ornitho.org/numero20/edito/index.html] 

« Internet existe aussi sans pub » : [http://www.menteur.com/sanspub] 
 

Pour en savoir plus: Dossier de Libération : 
[http://www.liberation.com/multi/ebizness/index.html] 
Un forum débat de la question : « croyez-vous en une nouvelle économie basée sur l’informatique et les réseaux ? ».

 
LE BILLET

10. L'idée forte de Ford 
Ford a annoncé qu’il allait équiper d’ordinateurs connectés à l’internet ses 300.000 employés à travers le monde , pas leurs bureaux mais leurs domiciles. La belle idée. 
Pour justifier son action, Ford donne deux raisons: la première, donner l’accès le plus large au média planétaire, la deuxième, constituer ses employés en une base internationale d’observation de la «e-consommation». 
Et le monde entier de saluer cette initiative si généreuse! 
Ainsi, on aurait oublié tous les discours qui ont dénoncé le paternalisme! Qu’adviendra-t-il de l’employé qui refusera d’être équipé, de celui qui n’acceptera pas d’être observé ou qui utilisera son équipement sans passer par le «portail» de l’entreprise? 
Les réglementations qui ont défini les barrières entre la sphère privée et la sphère du travail ont été sources de liberté. Attention au cyber-paternalisme enjoué, il n’est pas certain que les travailleurs, à terme, y gagnent beaucoup. 
--Pierre Bastogne-- 

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Source : [http://www.journaldunet.com/AFP/000207ford.shtml]
 

 
ON AURAIT PU...

11. Le rachat de Caramail par Spray 
On aurait pu vous parler du rachat de Caramail par Spray. L’affaire a été abondamment commentée dans toute la presse papier et électronique, le plus souvent dans les mêmes termes : Spray achète la technologie Caramail, Caramail achète son développement européen et international. 
Les articles que nous avons lus n’expliquent pas pourquoi les petites entreprises françaises de l’internet semblent souvent avoir des difficultés à se développer à l’international. Tropisme hexagonal? Poids des entreprises issues de la télématique Minitel et peu habituées à penser global? Conséquence du retard français? Sans doute tout cela à la fois. 
--Pierre.Bastogne-- 

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Clic officiel : [http://www.caramail.com] 
[http://www.spray.fr]
 
12. La Recherche : Internet-Canal historique 
Signatures très respectables au sommaire du « Spécial Internet » de la Recherche, consacré à l’avenir du web : des pionniers, des ténors. A lire : même si, sur les usages, les scientifiques apparaissent classiquement introvertis, c’est quand même à eux que nous devons le web. 
--Edgar Lulle-- 
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Source : La Recherche/Spécial Internet/Février 2000/Prix :40 F.
 
13. Le canard pas très net 
 Il y a des mises en page qui valent tous les discours. La nouvelle rubrique du Canard enchaîné « Pas très net » figure à la page « Canardages ». Elle est purement négative, à la différence des rubriques livre, télévision, ou cinéma. La première semaine, elle avait même pris la place de la rubrique consacrée au Front national. Et, pour le lecteur distrait, un article insiste en faisant l’éloge de l’éminent théoricien de la technophobie, Jacques Ellul. Pépé, ton canard boîte ! 
--Francis Linart-- 
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Non-clic officiel :  Le Canard enchaîné du 23/02/00, page 5
 
14.Tim Burton 
On aurait aimé vous parler du premier des 26 épisodes du dessin animé que Tim Burton doit réaliser et qui sera diffusé sur le site shockwave.com, mais il n’est pas encore visible. 
Deuxième clic infructueux : le site officiel de Tim Burton est en complète reconstruction. En attendant on peut y voir une animation du célèbre Stain Boy («l’enfant tâche ») en shockwave et s’inscrire pour recevoir des nouvelles de la prochaine mise à jour. 
Patience donc. 
--Rose Hermitage-- 
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Clic officiels: [http://www.timburton.com]

 
LES CLICS DE NOS LECTEURS

15. @folio, un livre pour lire tous les livres 
A la suite de l’article de 19clics « le livre électronique français à la une », on nous signale un autre livre électronique français : le @folio. 
Né en 1996 à Strasbourg, le @folio est depuis développé à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Industries de Strasbourg (ENSAIS) avec le soutien de l’Anvar Alsace. 

A la différence de Cytale, le @folio permet de lire n’importe quel contenu texte présent sur le web. L’objet se branche sur un ordinateur exactement comme une imprimante et il suffit de faire « imprimer » pour voir le contenu transféré sur le @folio qui se charge, grâce au logiciel Mot@Mot, des aménagements de mise en page. 
Côté confort de lecture, l’objet se distingue par un affichage recto-verso. Pour tourner les pages, il suffit d’effleurer l’écran dans le même geste que pour tourner une page.  
@folio est donc plutôt un support de lecture pour le web avec lequel chaque lecteur fabrique son livre. Cet objet, que ses créateurs ont voulu « low tech », est encore sous forme de prototype, mais nous espérons qu’il saura trouver le chemin de la commercialisation. 
--Maya Kalsé-- 

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Clic officiel [http://www.atfolio.net]
Clic interne : [http://www.altern.org/19clics/Numero03/2000-02-03.htm#10]
 
 

© 19clics - décembre 1999 
Les pictos sont d'Agnès Lanchon