N°9
édition du 5 Juin 2000
bi-mensuel de l'internet
culturel et politique
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 Sommaire 

 
EDITORIAL 
 1.Le dossier noir de Yahoo!

 

ENJEUX

2. Slashdot contre Microsoft.

3.Qui veut du minitel mobile?

4.Qu'est ce que l'affiliation?

5.Le journalisme indépendant sur le net: polémique sur Brill Content.

6. Va te faire napstériser.



LES CONTENUS

7.Diderot. Internet au Sud.

8.Whatis, dictionnaire de l'internet.

9.TheHungersite.com: les clics qui coupent la faim.
10.Verizon les saoule.
 

 
VU D'AILLLEURS

11.Le financement des portails.


BILLETS

12.Tout le monde noos aime.

13.C'est logique, c'est absurde.


ON A LU

14.Emmanuel Kant et le numérique.

 
EDITORIAL 

1.Le dossier noir de Yahoo!

Dans deux affaires, Yahoo! contre la LICRA et Multimania contre l'UEJF, les juges ont rendu une décision qui nous semble appropriée, et qui est précisément celle à laquelle nous avions appelée dans notre septième numéro: Multimania a été relaxé et Yahoo condamné.
Ces deux affaires ont en commun le contexte néo-nazi, mais elles se différencient nettement, par le fond et, surtout, par le comportement des deux sociétés.
Premièrement, seule l'affaire Multimania/UEJF concernait la liberté d'expression et ses limites. Au contraire, dans l'affaire Yahoo/Licra, il s'agit bien de manifestations pratiques des courants néo-nazis, sous forme de commerce d'objets "nostalgiques" de l'hitlérisme. Si, sous couvert de mondialisation, on veut imposer aux démocraties le commerce d'objets nazis, pourquoi s'arrêter en si bon chemin, et ne pas leur imposer aussi les rassemblements néo-nazis (légaux dans certains pays), ou les armées privées néo-nazies (tolérées dans certains états américains)? Le comportement de Yahoo! n'est en rien caractéristique de la "conception américaine de la liberté". Contrairement à ce qui se dit souvent, la propagation de la haine raciale n'est pas légale aux États Unis; son interdiction est simplement moins stricte qu'en France ou en Allemagne.
Deuxièmement, alors que Michel Meyer, le patron de Multimania, avait pris de nombreuses initiatives pour fermer le site révisionniste, Yahoo! non seulement participe au commerce néo-nazi, mais en bénéficie à travers son site d'enchères Yahoo.auctions. La vérité est cruelle, mais simple. Yahoo! gagne de l'argent avec le commerce d'objets nazis. Sa complicité est avérée.
Il est d'ailleurs de notoriété publique que Yahoo! refuse même de prendre les dispositions nécessaires pour faire respecter sa pseudo charte contre la haine raciale. Son attitude a suscité les critiques de l'association américaine " Anti Defamation League" et du site Hacktivists.
Les réactions à propos de l'affaire ont été assez significatives.
Il faut souligner que ZDNet, malgré ses liens avec Yahoo!, a rendu compte objectivement de cette affaire.
Yahoo.France a essayé d'obtenir de Yahoo! des garanties, et effectue un tri sur son propre site.
Malheureusement, Philippe Guillanton, son directeur général, a un peu gâché tout cela en s'interrogeant doctement: "devons-nous aller au delà du libre arbitre des utilisateurs en disant ce qui peut être accessible ou ce qui ne doit pas l'être?". Curieux, ce goût des managers pour la métaphysique: on discourt sur la liberté d'expression, puis, un cran plus haut, sur le libre arbitre; mais les faits parlent plus clairement: il s'agit banalement de commerce, par des néo-nazis pour des néo-nazis, c'est à dire des adeptes du "à mort le libre arbitre!".
La décision de justice, sauf erreur, n'est pas signalée aux lecteurs de Yahoo! ni de Yahoo.France.
Une nouvelle fois, l'Association des fournisseurs d'accès et de services internet (AFA) a fait preuve d'un corporatisme inquiétant en utilisant un de ses arguments favoris: tout cela va nuire aux sites français (comprenez: aux grands opérateurs). Suivez le raisonnement: les pays totalitaires, les dictatures tireront parti de cette décision de la justice française pour fermer, via les prestataires techniques, l'accès aux sites français qui ne seraient pas conformes à leurs consignes.
Ainsi, les libertés des pays démocratiques doivent être mises sur le même plan que les mesures de censure et de répression des pays "non démocratiques", pour ne pas limiter les profits des opérateurs techniques. La liberté d'expression est placée sous le signe du donnant-donnant, de la réciprocité commerciale. Vous êtes bien sûrs de ne pas confondre la liberté du cyberespace et le règlement du salon mondial de la machine-outil?
Il est assez intéressant de constater ici une dérive de l'argument mondialiste selon lequel aucune décision ne devrait être prise sur l'internet qui puisse nuire à la couverture internationale du réseau.
Certains groupes sont devenus experts dans ce double langage. Eux-mêmes tentent par tous les moyens de privatiser et de fermer l'internet. Mais en même temps, ils exigent que les "frontières" du monde entier soient ouvertes à leurs produits en ligne.
Nous sommes partisans à la fois d'un espace public mondial libre et largement ouvert ainsi que d'un marché des biens et prestations le plus ouvert possible. Mais on nous fera difficilement croire que le deuxième produit automatiquement le premier. C'est un peu dur à passer pour les opérateurs, mais c'est pourtant simple: dans le cas concret, la liberté de commerce dans sa version Yahoo! est l'ennemi le plus évident de notre propre liberté de communication, de la liberté tout court. Les menaces des mollahs iraniens ou des bureaucrates chinois ne justifient en rien la complicité commerciale avec les néo nazis.
-- Edgar Lulle -- 

Sources:
[http://www.zdnet.fr/actu/inte/a0013375.html] article du 11/03/00
[http://www.transfert.net] article de Julie Krassowsky du 24/05/00
[http://cyberie.webdo.ch/]

Clics officiels:
Anti Defamation League [http://www.adl.org]
[http://www.licra.com]

Clic interne:
"Affaires en cours, ne pas tout confondre. Soutien à Altern"
[http://altern.org/19clics/Numero07/2000-04-07.htm#15]

 
 
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ENJEUX

2.Slashdot contre Microsoft.
Le conflit qui oppose Slashdot et Microsoft est un cas d'école.
L'affaire est assez compliquée, et mérite d'être présentée. Slashdot est le plus important des forums américains indépendants, proche dans son orientation des mouvements pour le logiciel libre et la source ouverte. Il coopère en particulier avec Andover, un site militant pour Linux et les logiciels libres. Une discussion s'est ouverte sur Slashdot à propos des qualités de Kerberos, un logiciel à standard ouvert, adapté par Microsoft. Comme on s'en doute, les commentaires étaient assez peu favorables à la firme de Bill Gates.
Microsoft a donc imaginé d'envoyer aux modérateurs de Slashdot un courrier leur enjoignant de supprimer les contributions concernant "son" Kerberos. L'argumentation utilisée est remarquable. Ces intervenants auraient violé le nouveau "Digital Millenium Copyright Act", soit en recopiant les notices techniques de Microsoft, soit en mettant des liens entre leurs commentaires et le texte des notices techniques.
Slashdot a fait appel à un avocat, et publie sur son site le courrier de ce dernier à Microsoft.

Le conflit présente plusieurs aspects: l'appropriation par une société d'un standard ouvert, le droit de citation de telles spécifications, le droit d'établir un lien, la volonté d'imposer aux gestionnaires des forums une responsabilité sur les messages, et, derrière tout ça, l'opposition entre les logiciels libres et Microsoft, aussi bien que l'opposition entre l'internet ouvert et l'internet fermé auquel Microsoft aspire depuis le début.
On notera que si Microsoft devait obtenir gain de cause sur les liens, c'est tout le fondement hypertextuel du web qui serait remis en cause, comme nous l'avons indiqué à propos de la Charte du Geste.
Il est peu probable que Slashdot, qui bénéficie, aux États-Unis d'une excellente notoriété, se plie aux exigences de la bureaucratie Microsoft. Robin Miller d'Andover et Michael Chaney (qui avait "sauvé" la messagerie Hotmail de Microsoft à Noël 99) soutiennent Slashdot. Wired, Salon, et plusieurs titres de la presse nationale américaine ont la même position, et leur réaction rappelle l'affaire eToys en décembre dernier. Pour l'instant, le conflit n'a pas encore été porté devant les tribunaux.
--Francis Linart--

Clics officiels
[http://slashdot.org/search.pl] entrer: microsoft slashdot
[http://Andover.Net]

Clic interne:
[http://altern.org/19clics/Numero03/2000-03-03.htm#2]

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3.Qui veut du minitel mobile?
Le Wap, semblait-il à lire les gazettes, allait révolutionner l'internet. Cela montre bien le peu de compréhension que la plupart des commentateurs ont de ce qui se passe. Cela montre aussi le caractère "polysémique" du mot internet, à qui l'on peut faire ainsi dire tout et n'importe quoi. Techniquement, c'est de l'internet. Le WAP utilise la capacité du protocole IP à passer "au dessus de tout" (en anglais "IP over all") et donc à s'accommoder techniquement de la norme GSM. Mais on peut très bien imaginer un Minitel multimédia sous IP. Les intranet d'entreprises ne sont pas autre chose. Mais l'internet désigne aussi un espace de routage ouvert, avec des adresses universelles. Et, là, cela n'a rien à voir avec ce que le Wap nous prépare.

C'est d'abord France Télécom qui essaye de vendre aujourd'hui comme de l'internet mobile du Minitel mobile. Qu'on en juge: les terminaux vendus sous les marques Itinéris et Ola seraient verrouillés "en dur" et ne donneraient accès qu'aux services proposés par France Télécom. SFR-Cegetel-Vivendi s'apprêterait à faire la même chose.

Voilà qui mériterait une bonne petite régulation... Il y a bien en effet risque de distorsion de concurrence et menaces sur le pluralisme et la diversité. Car si je veux, moi, aller sur le site d'Havas, qui appartient à Vivendi, avec un mobile de France Télécom? Pourrai-je? Et pourquoi ne pourrai-je pas?

Il y a là, sans doute, abus de position dominante. Enfin, on a les Microsoft que l'on peut.
-- Marc Saltivert --
 

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4.Qu'est ce que l'affiliation?

Comme pour la syndication, le concept n'est pas nouveau. Il s'agit de faire du consommateur un vendeur. Vous proposez d'abonner vos amis à votre magazine préféré et vous recevez un cadeau. Vous devenez représentant(e) de produits en plastique célèbres que vous décrivez à vos ami(e)s au cours de longs goûters savoureux et vous touchez un pourcentage sur les ventes. Etc.

Là encore, l'internet change la donne. Vous pouvez agrémenter votre site de différents programmes d'affiliation en intégrant des liens adéquats dans vos pages. L'exemple le plus souvent donné et le plus évident est celui des livres. Vous renvoyez vers le site de vente en ligne d'un libraire et vous touchez une commission à chaque vente, voire à chaque clic. Vous aviez un site de partage de conseils ou de connaissances, un site d'information ou d'opinion, un simple site de souvenirs de vacances, vous entrez directement dans la grande famille des prescripteurs commerciaux.

La différence est de taille. Elle pose de nombreuses questions, auxquelles, une fois de plus, on se gardera bien de répondre:
- Des questions de déontologie. Quand un ami me conseille un livre, il a rarement une commission sur le livre en question. Ou alors je demande à mon libraire.
- Des questions juridiques. La loi audiovisuelle en discussion au parlement prévoyait en deuxième lecture à l'Assemblée nationale des mesures d'identification différentes selon que le site était à des fins professionnelles ou non. Un site avec des liens d'affiliation est-il toujours, jamais, ou parfois à des fins professionnelles? En cas de conflit entre l'acheteur du produit et le fournisseur, quelle est la responsabilité de l'intermédiaire affilié qui s'est changé en représentant de commerce?
- Des questions financières et fiscales. BOL a décidé de ne rémunérer que les affiliés constitués en société. Et les associations?

Les portails proposant différents programmes d'affiliation sont nés. On en trouve pour n'importe quoi. Est-ce la naissance d'un nouveau mode de distribution réticulaire ou une mode qui passera? À suivre dans 19clics.
-- Pierre Bastogne --

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5.Le journalisme indépendant sur le net: polémique sur Brill Content.
Une polémique intéressante se déroule en ce moment aux États Unis, à l'initiative de Matt Welch, un des principaux rédacteurs de OJR, Online Journalism Review. Welch reproche à Brill's Content, un magazine papier et un site de critique des médias et de leurs "contenus" (livres, articles, émissions) d'avoir fait entrer au capital de "ContentVille" des groupes comme NBC ou CBS.
L'objet de la critique est assez simple: quelle confiance le lecteur peut il avoir dans les critiques de Brill's Content, si certains des ouvrages examinés sont édités par des sociétés qui, directement ou indirectement, sont propriétaires du site? L'affaire a pris du relief, Brill ayant embauché comme médiateur une des consciences du journalisme américain, Bill Kovach, que Matt Welch met sérieusement en boîte.
Cette polémique pose toute une série de questions sur le web-journalisme, et le journalisme spécialisé sur la société de l'information. A tel point qu'une question finit par se poser: y a-t-il un journalisme indépendant sur le net?
Le point clé est évidemment le financement des publications.

En France, les journaux imprimés sont grosso modo financés par quatre sources à peu près égales: la vente, les aides de l'état, les annonces, la publicité. Sur le net, la quasi totalité des publications sont gratuites, et les aides de l'Etat réservées pour le moment aux adaptations de la presse papier. Le "business model" de la presse en ligne doit donc être trouvé ailleurs: publicité, affiliation, commerce électronique, vente de contenus aux autres sites…
La presse papier est difficilement rentable; mais, aujourd'hui, la presse électronique ne l'est jamais.
Les règles de la publicité prennent donc une très grande importance. La situation se complique encore du fait de la concentration qui règne dans la nouvelle économie, et dont la fusion d'AOL et de Time Warner reste le meilleur exemple. En France, dans le cadre de la "convergence", des sociétés comme Vivendi, France Télécom, Lagardère regroupent contenus, technologies et tuyaux. Toutes les formes de traitement des contenus - des annuaires et moteurs jusqu'aux sites éditoriaux des portails - peuvent donc être suspectés d'orienter prioritairement le lecteur vers la consommation des services maison.
En particulier, la presse, en ligne ou non, qui traite de l'internet et de la société de l'information rencontre de sérieuses difficultés pour asseoir son indépendance: comment avouer que tel cédérom ne vaut pas un clou alors qu'on propose un moyen pour l'acheter en ligne? Comment reconnaître que tel gros investisseur s'est royalement planté, alors qu'il vous offre régulièrement 20% de votre budget de publicité? Comment critiquer les services catastrophiques de tel prestataire technique alors qu'il appartient au même groupe que vous?

Toutes ces questions devraient être débattues plutôt que de pratiquer la politique de l'autruche, et de sous estimer à ce point l'esprit critique des internautes, comme c'est le cas aujourd'hui.
En guise de conclusion, très provisoire, une suggestion au Geste, l'organisme qui regroupe les principaux éditeurs de presse en ligne: puisque vous proposez une charte qui veut prendre en compte les besoins des utilisateurs, pourquoi ne pas y intégrer une information rigoureuse sur l'indépendance (ou la dépendance) des sites d'information?
- -Francis Linart - -

Clics officiels:
[http://ojr.usc.edu/content/story-cfm?request=342]
[http://www.brillscontent.com]

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6.Va te faire napstériser.
Ce que nous appellerons désormais l'affaire Napster, du nom du logiciel et de l'entreprise qui l'a développé et distribué (cf. 19clics n°2), est passionnante et son issue aura des conséquences importantes sur l'évolution de la conception de la propriété intellectuelle dans l'univers numérique.

La société Napster est sous le coup de plusieurs attaques en justice, d'une part de la puissante RIAA (Record Industry American Association), les producteurs de disque; d'autre part d'artistes comme le groupe de rock Metallica ou le rappeur Dr. Dre.

L'affaire a ses rebondissements et ses mises en scène. La plus spectaculaire est pour l'instant la remise, au siège de la société Napster, par un des rockers de Metallica, Lars Ulrich, le batteur, d'un dossier de 60.000 pages contenant les coordonnées électroniques de plus de 300.000 internautes suspectés par le groupe d'avoir échangé illégalement des copies numériques de leurs morceaux. Il est curieux et choquant que personne n'ait pensé à demander à Metallica comment ils s'étaient procurés les listes en question... Les comptes "Napster" des suspects ont été bloqués par la société, ce qui a entraîné de nombreux grincements de dents.

Moins spectaculaire mais plus redoutable est sans aucun doute l'attaque en règle de la RIAA contre Napster, inaugurant ainsi le dernier texte réglementaire en date sur la propriété littéraire et artistique, le fameux Digital Millenium Copyright Act, voté en 1998 aux USA et déjà connu sous les initiales de DMCA. Ce texte, que certaines sociétés d'auteur françaises citent parfois en exemple, a déjà été utilisé par l'église de scientologie pour tenter d'interdire des sites la critiquant. La clause invoquée dans le cas de Napster est celle qui consiste à punir lourdement celui qui fournit aux utilisateurs les moyens de contourner les dispositifs techniques mis en place par les titulaires de droit pour protéger leurs œuvres. De plus, la RIAA tente d'étouffer la start-up (pas vraiment sans le sou, cependant), sous un déluge de procédures l'obligeant, comme au poker, à "suivre" ou à se retirer. 19clics lance à cette occasion un néologisme: se faire napsteriser! La défense de Napster va dans deux directions, qui semblent, malheureusement pour cette société, contradictoires. Elle revendique d'une part les exceptions prévues par le DMCA pour les simples transporteurs de contenus, en gros les fournisseurs d'accès et les compagnies téléphoniques. Elle plaide d'autre part qu'aucun fichier de musique ne passe par ses serveurs et qu'elle n'est donc pas responsable de ce que font les utilisateurs de son logiciel. La réplique est imparable, comment peut-elle être à la fois transporteur et non transporteur...

En fait, peu importe. Dans le magazine Salon, le juriste Eric Boehlert rappelle qu'en 1984 la justice avait débouté les studios d'Hollywood contre Sony et son Betamax. Ceux-ci voulaient faire interdire les magnétoscopes au prétexte qu'ils pouvaient servir à faire des copies illégales de films. Plus récemment, la même RIAA avait attaqué la société Diamond, qui fabrique et commercialise le baladeur numérique MP3 Rio, au même prétexte. Elle avait perdu. Tout espoir n'est pas perdu pour Napster... D'ailleurs, ce n'est pas tant qu'on aime Napster. Son procédé est intelligent mais il confine au parasitisme sans grande création de valeur ajoutée.

Si l'on pousse le raisonnement plus loin, on peut se demander si, aujourd'hui, les détenteurs de droits laisseraient Vint Cerf et quelques autres inventer les protocoles techniques de l'internet. On peut même imaginer une nouvelle de science fiction où ceux-ci paieraient un cybertueur à remonter le temps pour empêcher George Boole de poser les bases du codage numérique. Car, le plus formidable outil de contournement des dispositifs techniques de protection des œuvres, c'est l'internet lui-même. Un outil qui a été conçu par des savants pour faciliter l'échange, l'expression et la communication ne pourra jamais être entièrement adapté au commerce. Comme le montre très bien le magazine C'NET, ce qui est possible pour la musique le sera ensuite pour les films, pour les jeux vidéo et pour les logiciels... C'est bien ça, interdisons l'internet! Tiens, voilà une bonne idée
- -Pierre Bastogne - -

Source:
[http://www.salon.com/tech/feature/2000/05/09/napster_lawsuit/index.html]

Clic interne:
"Napster : le frisson du MP3": [http://altern.org/19clics/Numero02/2000-01-02.htm#9]

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CONTENUS

7. Diderot. Internet au Sud.
Conception éditoriale claire, volonté évidente de faire dans le concret, le site Diderot a été réalisé par l'UNITAR dans le but de "renforcer les capacités des pays du Sud et d'utiliser les nouveaux médias pour favoriser la diffusion des savoirs".
L'Institut des Nations Unies pour la Formation et la Recherche (UNITAR), créé en 1965, est une institution autonome au sein de l'Organisation des Nations Unies.
Le site, présenté comme une bibliothèque multi-disciplinaire, propose 7 chapitres, eux-mêmes divisés en nombreuses rubriques. Les premières permettent aux utilisateurs débutants de s'initier aux usages courants du réseau via des articles détaillés, des supports de cours ou des études de cas. Plusieurs guides, dont certains adaptés à l'auto-formation, sont proposés en introduction
Des cours théoriques et pratiques, comme "Les techniques de cryptographies" ou "PGP (Pretty Good Privacy)", le logiciel de chiffrement à double clé, abordent des problèmes plus complexes.
Suivent des sujets destinés aux ingénieurs tels que: choix des techniques de télécommunication, connectivité des zones rurales, gestion des réseaux, choix des logiciels et des procédures…
Droits et Démocratie, Logiciels libres, Enjeux au Sud, ces thèmes sont chacun abordés de la façon la plus complète possible et renvoient à d'innombrables sites de références.
Une logithèque, véritable bibliothèque de logiciels classés en trois catégories, libres gratuits et partages, rassemble les outils indispensables aux internautes, utilisateurs comme fournisseurs de service.
Enfin une remarquable rubrique intitulée "adresses utiles", et centrée pour l'instant sur l'Afrique uniquement, offre un guide substantiel des fournisseurs d'accès jusqu'aux gestionnaires des domaines nationaux classés par pays évidemment.
Diderot, produit d'une collaboration entre l'UNESCO, l'UNITAR et l'IRD (Institut de Recherche pour le Développement) est aussi un bel exemple de partage des compétences au sein d'une équipe constituée d'ingénieurs, chercheurs, universitaires et professionnel du multimédia; une centaine d'experts proposent des réponses aux questions posées par le développement de la société de l'information.
Un cédérom contient l'ensemble des documents présents sur le site (à l'exclusion des dernières mises à jour). La liste des organismes diffusant ce cédérom est bien sûr mentionnée.
- -Catherine Ficat - -

Source:
[http://www.francophonie.org/liaison/]

Clic officiel:
[http://diderot.rio.net/]

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8. Whatis, dictionnaire de l'internet.
Whatis est l'exemple même d'un site utile construit sur une idée apparemment simple.
C'est un dictionnaire des notions spécifiques de l'internet, comprenant plusieurs centaines d'articles.
La recherche alphabétique, directement ou par feuilletage du dictionnaire, fonctionne bien. Mais le site propose aussi plusieurs parcours thématiques.
Par exemple, le parcours "Cyberculture" regroupe les chapitres suivants: cyberculture, organismes, idées et sujets, tous les "cyber-quelque choses", tous les "virtual-quelque choses", et technologies du futur.
Les articles sont le plus souvent rédigés de manière consistante et bien documentée.
L'article "société de l'information", par exemple, comprend une définition encyclopédique, une référence à la déclaration du G7 de 1995 qui popularisa la notion, une allusion à Mac Luhan, et une définition interne à IBM. L'article renvoie ensuite aux textes du G7, et au site de la Commission Européenne.
Whatis comprend aussi une initiation générale à l'Internet.
Le site peut être utilisé par des débutants mais aussi bien par des enseignants, des journalistes, et quiconque souhaite approfondir, dans une perspective américaine, mais pas américano-centrée, sa culture de l'internet.
Whatis figure régulièrement dans le groupe de tête des classements américains des sites.
Exclusivement en anglais.
-- Edgar Lulle -- 

Clic officiel:
[http://whatis.com/]

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9.TheHungersite.com: les clics qui coupent la faim.
Une planisphère sur laquelle des pays clignotent, une phrase choc: "Toutes les 3,6 secondes, quelqu'un meurt de faim; 75% sont des enfants de moins de cinq ans" et un seul bouton central: "Donate free food. click here". Telle est la page d'accueil de theHungersite.com, site récemment primé dans la rubrique "activiste" par deux prix américains.
Quoique rendue méfiante par le "free" et les doubles flèches pour "click here", je prends ma souris à deux mains et je clique...: "merci d'avoir donné un bol et demi de nourriture de base à une personne qui a faim, payée par... les logos de quatre sponsors." Et si je recommence, est-ce ça fera trois bols? Non, à moins de recommencer le lendemain. Bon, plus bas on m'invite à faire quelques achats en ligne pour aider à combattre la faim dans le monde: une cinquantaine de sites de commerce électronique s'engage à reverser jusqu'à 15% des sommes achetées au Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies. Zut! là il va falloir acheter par carte, alors je rebrousse chemin et me rabat sur une opération promotionnelle pour le mois de juin. Objectif: aider à rassembler un demi-million de "cups of food" pour le même programme des nations-unies. Pour cela il suffit de s'abonner à une lettre d'information. Chaque abonné rapporte 5 bols de nourriture. Et si on s'abonne deux fois, est-ce qu'on fait 10 bols?

Ce site qui fonctionne sur le mode de l'affiliation est développé par la société américaine Greatergood dont le slogan est "achetez et aidez à changer le monde". En l'espace de deux semaines, les doses offertes sont tombées d'un bol trois-quart à un bol et demi, et pour la lettre de 10 bols à 5 bols, ce qui laisserait à penser que les concepteurs ont eu les yeux plus gros que le ventre ou que de petits malins se sont mis à cliquer systématiquement une fois par jour pour faire craquer les sponsors. En tout cas, ce principe s'étend, avec l'ouverture début mai de therainforestsite.com. Même graphisme et fonctionnement avec peu ou prou les mêmes sponsors. Au lieu de donner des bols de nourriture, on offre quelques mètres carrés de forêt au Nature Conservancy's Adopt An Acre Programme pour la sauvegarde de la forêt tropicale.

Dans thehungersite.com, la faim dans le monde devient une notion abstraite assortie de quelques statistiques. On vous garde dans l'univers-lien des sites de commerce électronique occidentaux (il serait sûrement très mal vu d'acheter en ligne des fèves de cacao à un producteur ivoirien), mais on absout votre culpabilité à coup de bols envoyés grâce à vos clics.
Si l'activisme consiste à cliquer courageusement sur les mots "free" et "click here" alors tous les internautes sont des militants et bientôt tous les problèmes de la planète seront résolus. Chic!
-- Maya Kalsé -- 

Clics officiels:
[http://www.thehungersite.com]
[http://www.greatergood.com]

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10.Verizon les saoule.
Une fois encore, les hackers américains - en l'occurrence 2600 - appellent à la mobilisation des internautes soucieux de liberté d'expression, et encore une fois à travers le dépôt de nom de domaine.
Les fils de l'affaire sont plutôt comiques. Verizon est le nom du nouvel opérateur de téléphonie américain issu de la fusion entre Bell Atlantic et GTE. D'énormes budgets publicitaires ont été investis et d'ici quelques temps, des millions de personnes risquent d'avoir ce nom en tête.
Forts, disent-ils, de leur expérience avec les compagnies de téléphone, les activistes du site 2006 veulent déposer le nom "verizonsucks.com" que l'on peut se permettre de traduire par "verizon nous saoule".
Un salarié (schizo, sincère ou doté d'un réel sens de l'opportunité) les double et fait déposer par sa société le nom en question. 2006 dépose alors "verizonREALLYsucks.com".
Réaction immédiate de la compagnie, procédure judiciaire, la lettre de l'avocat de Verizon est consultable sur le site de 2006. Il est reproché à ces derniers une concurrence déloyale et la violation de l'"anticybersquatting act". Cette nouvelle législation rend explicite ce qui était implicite dans la loi sur la propriété intellectuelle, elle interdit l'enregistrement d'un nom de domaine qui pourrait prêter à confusion avec une marque. Si 2006 ne fait pas marche arrière, des poursuites seront entamées devant la cour fédérale.
Conclusion provisoire: une nouvelle opportunité de relance s'offre à 2006 car les Américains peuvent, depuis peu, déposer des noms de domaines de 63 caractères. Qu'a choisi 2006?
"VerizonShouldSpendMoreTimeFixingItsNetworkAndLessMoneyOnLawyers.com",
en bon français:
"VerizonDevraitPasserPlusdeTempsASOccuperDeSonReseauEtMoinsDArgent
AvecSesAvocats.com"
.
-- Rose Hermitage --

Source:
[http://www.lesnews.net] du 11/05/2000

Clic officiel:
[http://www.2600.com/]

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VU D AILLEURS

11.Le financement des portails.
Dans un précédent article, nous avons essayé de montrer en quoi les récentes difficultés financières des sociétés de la net-économie pouvaient s'expliquer en partie par les critères incertains et les erreurs d'évaluation des investisseurs.
Dans CNet News, Sandeep Junnarkar met l'accent sur un autre risque, une sorte d'effet domino qui pourrait affecter l'économie des portails eux-mêmes.
En réalité, la notion de portail recouvre deux types bien différents de services: celui de fournisseur d'accès, qui se rétribue grâce à ses abonnés, et celui de fournisseur de contenus, qui se rétribue par la publicité, ou la commission sur les ventes. La notion même de portail consiste à croiser les deux activités: plus grand est le nombre d'abonnés, plus importante est la rémunération sur les contenus ou autres services. En corollaire, les sites de services, de commerce électronique ou de contenus ont intérêt, pour toucher une clientèle importante, à figurer sur les portails les plus importants.
Les difficultés rencontrées par certaines sociétés "point com", soit à la bourse, soit directement sur le marché, les ont amenées à revoir à la baisse le budget de marketing qu'elles consentaient aux portails. Drkoop, un site médical très populaire, s'est trouvé incapable de payer à AOL les 89 Millions$ qu'il lui devait sur quatre ans. AOL a dû, pour se rembourser, entrer dans le capital de Drkoop. Les alliances de marketing entre portails et sociétés de commerce électronique sont nombreuses: Lycos avec Cdnow et AutoConnect, Yahoo avec Cdnow et Autoweb, AOL avec Musicmaker, 1-800-Flowers et Homestore.
La vulnérabilité des portails aux difficultés du commerce électronique est très variable. AOL est de loin le plus solide. 70% de ses revenus proviennent de ses abonnés, et il multiplie les accords avec les sociétés de l'économie classique, comme Coca Cola. A l'inverse, certains portails sont fondamentalement dépendants des revenus marketing des sociétés de commerce électronique; pour eux, l'effet domino est un risque réel.
On considère généralement que cette situation devrait entraîner une concentration encore plus grande en faveur des trois premiers portails (AOL, Yahoo et Lycos), au détriment des trois suivants (Alta Vista, Go.com, le portail du groupe Disney, et NBCi).
- -Francis Linart - -

Source:
[http://news.cnet.com] article de Sandeep Junnarkar. 3 Mai 2000.

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BILLETS


12.Tout le monde noos aime.
Les publicitaires et autres stratèges en communication nous font, ce printemps, une poussée totalitaire et sectaire qui serait inquiétante si elle n'était tout simplement idiote.

C'est d'abord "le Monde" vénérable qui lance un portail sur le thème "tout le monde" avec des slogans en jeux de mot du type: à qui faites vous confiance, à tout le monde... On ne saurait trop inciter notre quotidien du soir, le vrai, à aller voir de plus près ce que les gourous électroniques du Canal Saint Martin font de sa ligne éditoriale.

C'est ensuite la bonne vieille Lyonnaise câble qui se donne des airs à deux "o" dénoncés très justement par kasskooye. Des adultes urbains, qui se donnent l'air intelligent dans des fauteuils confortables, voient passer des slogans lénifiants.

Que ne faut-il pas faire pour paraître branché!

Que les lecteurs de 19clics se rassurent, Nous, c'est pas noos et on n'est pas non plus tout le monde...
--Pierre Bastogne--

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13.C'est logique, c'est absurde.
La net-économie révèle, comme ces sophismes que l'on s'échange en classe, des absurdités logiques de premier ordre. La dernière en date semble bien être le loto gratuit.

Tout le monde connaît le principe de la loterie. Beaucoup d'appelés payants, peu d'élus gagnants. Les statistiques de gain permettent à l'organisateur du jeu de constituer un bénéfice.

Dans la net-économie, l'internaute fidélisé est évalué, selon les chiffres, et selon la façon dont il est "qualifié" (ciblé), entre 50 et 300 Francs.

Vous croisez les deux propositions et vous parvenez à la loterie gratuite. L'internaute va sur le site de loto, remplit sa grille. Pour la valider, et pour tout paiement, il doit cliquer sur un bandeau publicitaire. Au passage, on peut bien évidemment lui extorquer quelques données personnelles bien juteuses.

C'est un des avatars des programmes d'affiliation décrits plus haut.

On ne vous donnera pas l'adresse du site en question. Ça non!
--Pierre.Bastogne--

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ON A LU

14.Emmanuel Kant et le numérique.
La volonté d'étendre le pouvoir des éditeurs sur les œuvres au détriment à la fois des auteurs et du public s'appuie aujourd'hui sur une mise en scène du numérique comme barbarie: d'un côté, pillage des œuvres, et de l'autre, saccage de l'ordre juridique établi à la fin du XVIIIème siècle qui a permis d'organiser des relations civilisées entre l'auteur, l'éditeur et les lecteurs. Difficile pour les partisans de la liberté sur l'internet d'avoir à se mesurer encore à Beaumarchais, Victor Hugo, Vigny et … Emmanuel Kant.

En 1995, les Presses Universitaires de France firent paraître un livre qui, au premier regard, celui du lecteur qui se promène dans une librairie, se présentait comme un ouvrage d'Emmanuel Kant, intitulé "Qu'est ce qu'un livre", et fort de 170 pages. Même un lecteur aussi ignorant de philosophie que je le suis ne pouvait manquer de s'étonner que le public français ait été si longtemps tenu dans l'ignorance d'un tel texte. En vérité, l'ouvrage comprenait surtout une très longue introduction de Jocelyn Benoist (117 pages), suivi d'un texte assez long de Fichte, et de trois courts textes de Kant dont un extrait de la Doctrine du droit, intitulé "Qu'est ce qu'un livre?". Ce texte, qui donne pourtant son titre au livre, est long de deux pages.

L'ensemble de la publication cherche à enrôler la doctrine de Kant au service de la lutte des éditeurs contre le "photocopillage", et de la promotion de la "supériorité" du droit d'auteur français.
L'introduction, débute sans plus de précautions par une tentative d'établir comment la philosophie des Lumières pouvait s'appliquer au "problème des photocopies". J'étais donc assez anxieux de savoir ce qu'Emmanuel Kant pouvait nous dire sur le numérique.
Pourtant la lecture des textes de Kant, en particulier "De l'illégitimité de la reproduction des livres", réserve des surprises assez réjouissantes.
Pour justifier l'obligation faite à l'éditeur de publier le livre, en cas de décès de l'auteur, Kant écrit ceci:
"Car il y a eu une affaire que l'auteur voulait faire avec le public par son intermédiaire..."
"...l'éditeur ne possède le manuscrit que sous la condition de l'utiliser pour une affaire de l'auteur avec le public;..."
"On ne pose pas ici au fondement un droit du public sur le manuscrit, mais sur l'affaire faite avec l'auteur."

Pour le philosophe, le public des lecteurs avait des droits et ces droits relevaient de "l'affaire faite avec l'auteur". L'éditeur ne devait pas remettre en cause ce contrat de l'auteur avec son public.
Est ce que cette "affaire de l'auteur avec son public" ne vous rappelle pas la problématique du libre dans la publication?
Pour se placer aujourd'hui dans la problématique de Kant, il suffit de considérer que l'auteur partisan du libre a une affaire avec le public, qui suppose des droits spécifiques des lecteurs, et qui contraint les éditeurs individuellement ou collectivement. En tout cas, l'éditeur n'est pas fondé à restreindre le droit des lecteurs pour son seul profit puisqu'il n'agit que par délégation de l'auteur.
Plus généralement, l'éditeur n'a pas à s'interposer pour diminuer les droits du public, comme ceux de copie privée, que le public tient de son propre contrat avec l'auteur.
Alors, s'il faut philosopher à partir de Kant, ce dont je suis bien incapable, il faut se demander si l'auteur, l'œuvre, le public, tels qu'il les comprenait, n'ont pas été véritablement transformés par le réseau, l'hypertexte et les nouvelles formes de publication.
Mais s'il faut seulement citer un texte à l'appui de l'un ou l'autre camp, désolé: Emmanuel Kant joue avec nous
--Edgar Lulle--

Emmanuel Kant, "Qu'est ce qu'un livre?" mars 1995, PUF, 55 FF.

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© 19clics - mai 2000
Les pictos sont d'Agnès Lanchon