Sommaire
EDITORIAL
1.
Internet ou ATW?
ENJEUX
2. eToys
contre Etoy,
mauvais
joueurs en ligne.
3. Amazon,
one click de trop
4. Transe
à Autrans
5. Hébergeurs
: un peu, beaucoup ou pas du tout responsables.
LES CONTENUS
6. Britannica,
Atlas, Universalis : Quelle définition de
l'encyclopédie ?
7. MP3,
la compile
8. On
a toujours besoin d'un plus petit que soi.
TECHNOLOGIE
9. Napster
: le frisson du MP3.
10.Protéger
les droits musicaux avec une carte à puce.
CULTURE WEB
11. Intellectuels
en ligne.
12. Nettime for
frenchs.
13. A chacun
sa marée noire : penser politique ou faire un coup.
14. Fillesquiportentdeslunettes
:
typographie sur
le web.
LE BILLET
15. Gare à
Mahir !
LE PARCOURS
16. Allez au
cinéma avec l'internet
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EDITORIAL
1. Internet ou ATW ?
La fusion AOL-TimeWarner consacre la victoire de la nouvelle économie.
C’est la société de l’internet, forte de sa capitalisation
boursière, assise sur de rassurants bénéfices, qui
a pris le contrôle du groupe média traditionnel.
AOL réussit la première étape de son rebouclage
sur le réel. La suite va être intéressante. Il est
assez vraisemblable qu’ATW, la nouvelle société, réussisse
là où TimeWarner a plusieurs fois échoué :
porter ses contenus sur l’internet.
Mais ce n’est là qu’une partie de la question. Au fond, personne
n’a une idée exacte de cet internet, média de masse, qui,
selon Steve Case, devrait être partout (Aol Anywhere), comme la télé
ou le téléphone. Partout, mais quoi, partout ?
Qu’est ce qu’ATW, qu’est ce que le média selon Case ?
Une créature hybride, une tête de télé sur
un tronc internet ? Les expériences de télévision
interactive n’en font pourtant pas l’eldorado de l’internet.
On croit comprendre que ce sera plus simple, plus banalisé que
le net actuel, avec plus d’audiovisuel. On craint que ce soit surtout moins
communiquant, moins ouvert, et encore plus payant : au fond, le vieux rêve
d’AOL, la moins internet des sociétés internet, un réseau
privé qui atteigne la masse du public en parasitant la technologie
du net.
Les associations de journalistes, et les contempteurs habituels de
l’internet, ont mis en cause la menace que cette fusion faisait peser sur
l’indépendance des médias, en particulier de la presse.
On nous permettra d’être inquiétés par le contraire,
c’est à dire la menace pour l’internet des logiques de réseau
contrôlé, et des mauvaises habitudes des mass-médias.
Aujourd’hui, la plus grande partie de la presse américaine est liée
aux grands groupes économiques. L’indépendance du Wall Street
Journal, pour louable qu’elle soit, ne semble pas de nature à garantir
seule la liberté d’expression !
Il faut le dire simplement : c’est sur le net que souffle un vent d’esprit
critique, d’indépendance, et aussi d’ouverture, d’échange
en réseau. Nous ne sommes pas prêts à troquer l’internet
contre l’ATW.
--Francis
Linart--

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ENJEUX
2. etoys contre Etoy, mauvais joueurs en
ligne
La société eToys,
l’équivalent d’Amazon pour la vente de jouets en ligne, a cru avisé
de poursuivre un groupe d’artistes basés en Suisse qui avait développé
un site Etoy.com. Un juge californien a tranché en faveur de la
société au début décembre.
Cette décision a suscité
une vive réaction aux Etats-Unis. John Perry Barlow, le co-fondateur
de l’Electronic Frontier Foundation, semble, pour l’occasion, avoir troqué
son libertarisme pour une nouvelle version de la lutte des classes. Il
constate une « divergence entre l’industrie de l’internet et la communauté
de l’internet » et soutient que les noms de domaine ne doivent pas
être considérés comme des noms de marque. Il a été
rejoint par le plus connu des chroniqueurs radio du net, Douglas Ruschkoff
(National Public Radio). Les groupes d’activistes ont lancé plusieurs
campagnes : boycott des produits, de l’action eToys, spamming, démissions,
etc. Les principaux sites des activistes sont rtmark, eviltoy, toywar,
et nettime en Europe. Des journaux aussi différents que Wired, le
Washington Post, ou le Village Voice ont rendu compte de l’affaire.
Et on les comprend, car tout dans
cette décision est étonnant. Etoy.com avait été
ouvert en 1995, plus d’un an avant l’ouverture de la boutique en ligne.
L’argument utilisé par la société porte directement
sur le caractère choquant des contenus, certes peu compatibles avec
son business. C’est un cas très pur de censure du troisième
millénaire. Le juge a suivi une logique strictement commerciale.
Ajoutons, pour finir, qu’il est particulièrement inquiétant
pour des européens, que la NSI, société privée
chargée par le gouvernement américain de gérer les
noms de domaine, ait prêté main forte à la justice
U.S en coupant le nom de domaine et les e-mails.
L’affaire est à suivre, car
la réaction d’eToys, à la suite de ce jugement qui leur est
favorable, reste incertaine. Exceptionnellement (...), 19clics ne mentionnera
pas ce clic officiel.
--Francis
Linart--
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3. Amazon, one-click de trop
Après eToys, autre affaire du même type, et autres boycotts.
Elle oppose d’abord les deux grands rivaux de la librairie et du commerce
en ligne, Amazon et Barnes and Nobles, c’est à dire Bertelsmann.
Amazon a obtenu un brevet américain pour la technologie du «
one-click buying », et gagné en justice contre Barnes and
Nobles. Richard Stallmann, un des co-développeurs de Linux, et président
de la Free Software Foundation, soutient qu’Amazon a fait breveter une
idée parfaitement évidente du commerce en ligne et appelle
au boycott. La véhémence perpétuelle de Stallmann
joue contre lui, mais le problème est réel.
--Francis
Linart--
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4. Transe à Autrans
Certains prononcent le « s » du nom de cette petite station
de ski de fond de l’Isère, sur le plateau du Vercors. Elle a abrité
début janvier, pour la quatrième fois, les rencontres de
l’internet français organisées par l’Internet Society. On
ne prononce pas le « s » ! pas de transe à Autrans.
Rencontres de l’internet français ? Quel internet ? On n’y a
pas vu ceux qui ont levé cette année les millions des investisseurs
et des « anges d’affaires » (c’est nunuche « anges d’affaires
»). On n’y a pas vu non plus ceux qui se pressent aux sauteries organisées
chaque premier mardi du mois et appelées « First tuesdays
! » et qui brassent les porteurs de projets et les investisseurs
potentiels. On y voit beaucoup plus de monde que dans le Vercors. Ces «
premiers mardis » devront bientôt être organisés
dans un stade tant le nombre des impétrants de la Nouvelle économie
ne cesse de croître.
Autrans, c’est plutôt l’internet pionnier, l’internet qui réfléchit,
l’internet savant. Les débats y sont de bonne qualité. Souvent,
les gens savent de quoi ils parlent. La moyenne d’âge y est plus
élevée que dans les autres événements cyber.
On se connaît...
Cette année, l’internet citoyen était plus présent
que les années précédentes. Accès publics,
actions d’ATD Quart Monde en direction des personnes en très grande
pauvreté, solidarité envers ceux qui ont été
touchés par la tempête... Tout a été abordé.
Cela explique en partie les réactions négatives de la salle
aux bonnes paroles de corégulation du député P.S.
Christian Paul, parlementaire en mission, et d’Isabelle Falque Pierrotin,
égérie inlassable d’un organisme spécialisé
de l’internet. Les duettistes ont peu convaincu. À l’issue de leurs
présentations, on voyait mal ce qu’allait faire un organisme qui
n’en serait pas vraiment un, qui assurerait des fonctions de régulation
qui n’en seraient pas totalement... Répondre à des questions
légitimes par la création d’un organisme est une idée
technocratique qui manque de chair. Un congressiste prospectiviste a même
lancé au député : « Vous n’y arriverez pas,
Monsieur le Député. »
Même rejet pour le rapporteur propret du Commissariat général
du plan sur les données publiques qui s’est vu reprocher avec véhémence
l’eau tiède des écrits qu’il présentait. « Les
données publiques doivent être gratuites et libres de droit
», lui a-t-on lancé...
Tout cela était plutôt revigorant, même et surtout
lorsque c’était sans nuance.
Autrans, c’est bien ! Allez voir, tout est en ligne. Venez y l’année
prochaine... Il faut renouveler les troupes si l’on ne veut pas passer
d’une rencontre de pionniers à une rencontre de papis.
--Pierre
Bastogne--
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5.Hébergeurs : un peu, beaucoup
ou pas du tout responsables
La responsabilité des intermédiaires de l’internet est
un beau sujet de discorde.
Côté cours, deux décisions récentes qui
ne vont pas dans le même sens. Le tribunal de grande instance de
Paris a rendu un non lieu en faveur de Sébastien Socchard, gérant
du fournisseur d’accès World-Net, dans une affaire de pédophilie
sur le net. En revanche, le tribunal de grande instance de Nanterre a condamné,
dans une affaire très comparable à celle d’Altern, trois
hébergeurs d’un éditeur de sites érotiques qui avait
reproduit sans autorisation des images du mannequin Lynda Lacoste. Bien
que le tribunal reconnaisse que Multimania, un des trois hébergeurs,
s’est bien acquitté de son devoir d’information, il lui reproche
de ne pas avoir repéré préventivement et supprimé
les contenus en cause.
Côté législateurs : l’amendement de Patrick Bloche
(loi audiovisuelle) a considérablement réduit la responsabilité
des hébergeurs et fournisseurs d’accès. Après le passage
au Sénat, qui durcit dans l’autre sens, notamment pour les droits
d’auteur, l’affaire se conclura en deuxième lecture à l’Assemblée
Nationale, en février.
Le débat porte surtout sur l’exigence d’une vigilance a priori
des hébergeurs, et leur réaction en cas de plaintes. On peut
admettre que les hébergeurs soient « un peu » responsables.
Mais certains juges, probablement influencés par les campagnes dénonçant
les activités illicites sur le net, ont poussé trop loin
le bouchon sans se soucier des conséquences de leurs décisions
sur la liberté d’expression.
Deux questions s’enchevêtrent : quelle est la responsabilité
des hébergeurs et fournisseurs d’accès au titre des contenus,
et où la définir (dans la loi, devant le juge, par l’auto
ou co-régulation ?). L’intervention du législateur se justifie
par le côté à la fois cahotique et exagérément
répressif des jugements. Mais il serait plutôt paradoxal que
le gouvernement et le parlement s’efforcent d’organiser dans le détail
le fonctionnement juridique de ces nouvelles professions ou activités.
Il suffit que la responsabilité de droit commun, celle qui s’impose
à tout professionnel, ou à tout « bon père de
famille », soit précisée dans la loi de manière
à éviter les débordements et les à-peu-près
judiciaires.
L’internet a besoin de liberté et de responsabilité,
pas de corporatisme. En tout cas, ce n’est pas aux prestataires techniques
de faire la police des contenus.
--Francis
Linart--
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LES CONTENUS
6. Britannica, Atlas, Universalis : quelle
définition de l’encyclopédie?
Britannica contre Atlas : deux encyclopédies en ligne gratuites.
Quelles différences entre la Britannica, encyclopédie
anglaise en ligne depuis octobre 1999, et la Webencyclo, première
encyclopédie française en ligne depuis décembre 1999
?
1)Le site de la Britannica est très encombré de bandeaux
publicitaires, tandis que Webencyclo n’en fait figurer que dans la page
d’accueil.
2)Dans le cas de Webencyclo, il « suffit » de donner son
e-mail APRES avoir saisi sa recherche pour accéder aux réponses.
Alors réfléchissez bien à ce qui vous intéresse
!, même si les éditions Atlas annoncent que « dans un
premier temps » la base d’e-mail ainsi constituée ne sera
pas vendue.
3)Sur Webencyclo, 4 modes de recherche sont proposés : mots-clés,
thèmes, médias, idées. Sont également disponibles
des dossiers, et si vous voulez en savoir plus en cliquant sur un lien,
on vous demandera encore de vous enregistrer pour accéder à
la page voulue.
Sur la Britannica, la recherche se fait par mots-clés et par
thèmes. 4 types de réponses sont possibles : des sites web
(c’est vrai que l’on manque de moteurs de recherche sur internet), des
articles de magazine (munissez-vous d’une loupe), des livres (que l’on
vous propose d’acheter chez Barnes&Noble, même si l’ouvrage en
question n’existe pas dans leur base) et … des articles de la Britannica
avec un bandeau publicitaire ventant une base de médicaments. Les
amateurs d’encyclopédie pourront y trouver des antidépresseurs.
4)Avec un accès à la météo et un service
d’information, le site de la Britannica se comporte comme un portail, tandis
que la Webencyclo respecte mieux sa vocation encyclopédique.
D’un point de vue économique, le pari est le même : partenariat
et vente d’espaces publicitaires au vu de la forte affluence sur les sites
encyclopédiques. Rappelons la bousculade des internautes à
l’ouverture du site de la Britannica. Les éditions Atlas évaluent,
quant à elles, à un million le nombre de pages consultées
par mois sur leur site. Mais c’est sans certitude que les éditeurs
testent cette Net économie dont Bernard Canetti, le PDG des Editions
Atlas, estime qu’ « il est délicat de déterminer avec
exactitude la rentabilité ».
Encyclopédie en ligne contre encyclopédie sur CD-Rom.
Si plusieurs éditeurs encyclopédiques investissent des
millions pour mettre en ligne gratuitement leur base de connaissances (50
millions pour les éditions Atlas), il en est un qui doute de ce
modèle de gratuité: l’Universalis. Elle est disponible sous
forme de CD-Rom (la version 4 vient de paraître) et en ligne mais
seulement en direction des institutions, donc payante.
Encyclopédie de référence sur le marché
français, l’Universalis tient à conserver son image et à
poursuivre son rôle d’éditeur. Imputant à l’effondrement
du prix des encyclopédies aux Etats-Unis leur mise en ligne gratuite,
Pierre Le Manh, PDG d’Encyclopaedia Universalis table quant à lui
sur l’exigence de qualité des publics européens.
--Maya
Kalsé--
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7. MP3, la compile
On assiste à une explosion de l’actualité du MP3 et de
la distribution de la musique en ligne, dans tous les domaines : juridique,
éditorial, technologique. Voici donc MP3, la compile de janvier
2000.
1) Dans le domaine judiciaire et juridique.
Le piratage devient de plus en plus risqué. Plusieurs condamnations
viennent d’être prononcées : en juillet 99, à Montpellier,
confiscation du matériel, 20 000F. de dommages et intérêts
et 200 heures d’intérêt général pour un particulier
qui exploitait des enregistrements MP3 ; à Saint-Etienne, le 10
décembre, 140 000 F d’amendes et deux et trois mois de prison avec
sursis contre deux pirates qui proposaient en téléchargements
gratuits les albums du top 5….L’International Federation of the Phonographic
Industry (IFPI) a déposé plainte contre deux sites pirates
chinois qui proposaient plus d’un millier de fichiers illégaux (la
Chine comptera bientôt 3,79 millions d’internautes).
Un accord qualifié d « historique » a été
signé le 14/12/99 entre le SESAM (organisme regroupant la Sacem
et le SDRM) et le site France MP3.com ( géré par la société
Eurékan multimédia). Pour la première fois en France,
les sociétés d’auteurs vendent les droits des œuvres qu’elles
protègent pour diffusion en ligne. L’accord comporte deux volets
: rémunération des créateurs pour chaque téléchargement,
12% du prix HT payé par l’utilisateur (avec un minimal de 1,31F)
et rémunération , sur la base d’un forfait mensuel pour la
diffusion en realaudio (en basse qualité), avec possibilité
de compilations à la carte. La société Eurékan
vise dans un premier temps la production des indépendants et des
accords avec des labels.
2) Du côté de l’édition et de la distribution musicale:
Public Ennemy a mis son dernier album en vente sur internet au format
MP3 deux mois avant sa vente en magasin.
De son côté, David Bowie a mis « Hours » sur
les sites de différents distributeurs quinze jours avant sa sortie
traditionnelle.
Un peu partout, les maisons de disque investissent massivement sur internet
: BMG, Sony, Universal, Warner Bros, Yahoo et Cisneros Television Group
investissent 582 millions de francs dans le portail musical Artistdirect.com
qui propose ventes de disque, places de concert, articles sur l’actualité
musicale et…téléchargement de MP3.
Platinium , l’une des plus importantes maisons de disques indépendantes
au Etats-Unis , propose aux internautes le téléchargement
de son catalogue, soit 15 000 morceaux (tous styles confondus).
Le 4/01/00, Thomson multimédia, MP3.de , et Virgin Music signent
un accord pour lancer l’un des plus grands sites européens de musique
MP3 sur Internet (MP3.de est un site allemand indépendant de mp3.com
dans lequel Europ@web le. fonds d’investissement de Bernard Arnault a 18
% de participation) « Thomson-music.com » offre la possibilité
d’écouter et de télécharger gratuitement en MP3. Le
site est créé en cinq langues, allemand, anglais espagnol,
français et italien, et propose 29 catégories de musique
et en prime une petite « réclame » pour le baladeur
audio numérique de Thomson : le Lyra
Autre accord européen, celui du réseau Lycos Europe
avec Vitaminic, société italienne créée en
mai 99 qui recense plus de mille groupes et est considérée
comme la première communauté européenne web de téléchargement
de fichiers musicaux MP3. Cet accord exclusif de distribution de contenu
concerne 6 pays européens pour une durée de 18 mois. Les
utilisateurs du réseau Lycos auront donc un accès direct
aux fichiers MP3 des artistes du catalogue Vitaminic
Un accord signé début janvier ente UMG (Universal Music
Group) et RealNetworks permet à la major du disque de faire son
entrée dans la vente de musique en téléchargement.
UMG s'est engagé à ce que les créations de ses artistes
référencés puissent être lues en exclusivité
sur le lecteur RealJukebox, l'un des lecteurs de fichiers sonores les plus
populaires aux Etats Unis.
Le site français Mptrois.com, créé en août
99, à l’origine destiné aux professionnels de la musique,
propose une nouvelle version , destinée au grand public.
3) Dans le domaine technologique :
RealNetworks signe un partenariat avec Sony en vue d’importer, de manière
sécurisée, des morceaux du lecteur RealJukebox vers les baladeurs
Sony.
Et Sony s’associe avec Liquid Audio : grâce à la technologie
Open MG de Sony et au système de Liquid Audio, les intéressés
pourront télécharger des fichiers musicaux en sécurité.
L'éditeur américain Sonic Foundry vient de sortir, en
français, la version 2.0 de son logiciel de création musicale
Acid Music. Ce logiciel peut gérer un nombre illimité de
pistes et contient une bibliothèque de 600 échantillons de
sons provenant de différents instruments. L'originalité d'Acid
Music 2.0 réside dans la possibilité d'encoder ou de décoder
des fichiers au format MP3.
Gadget ? : Casio a annoncé, au Consumer Electronics Show de
Las Vegas, des produits au format d’une montre parmi lesquels un lecteur
qui permet de télécharger des fichiers musicaux MP3 à
partir d’un ordinateur. La mémoire stocke environ 33 mm de musique
en qualité CD (44 mm en qualité moyenne et 66 en basse qualité).
La batterie est suffisante pour écouter 4 heures d’enregistrement.
--Rose
Hermitage--

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8. On a toujours besoin d’un plus petit
que soi
Deux sites d’actualité culturelle, Chronic’Art et Zazieweb,
offrent depuis peu à leur public la possibilité d’acheter
leurs livres en ligne dans différentes libraires virtuelles. Dans
les deux cas, une commission (5 à 7% pour Zazieweb) est touchée
pour chaque achat passé par leur site. Lancé par Isabelle
Aveline, Zazieweb est progressivement devenu un site de référence
dans le microcosme culturel francophone. L’audience dont elle peut se prévaloir
lui permet d’introduire des offres d’emploi et aujourd’hui de signer des
accords commerciaux avec Alapage, Bol, Decitre et la Fnac. Le site fait
ainsi son petit bonhomme de chemin et espère bientôt faire
vivre son auteur. Serait-ce un début pour la Net économie
des sites culturels indépendants ?
--Maya
Kalsé--
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TECHNOLOGIE
9. Napster : le frisson du MP3
Si j’étais producteur de disques et si je découvrais
Napster, je pleurerais.
Napster est un logiciel gratuit que l’on télécharge facilement
(environ 600Ko) sur le site de l’entreprise qui l’a conçu. Il s’installe
en deux minutes sans encombre. Et que la fête commence.
Napster se propose d’organiser et de faciliter la recherche et le téléchargement
de fichiers son au format MP3 grâce au partage. Vous avez des fichiers
MP3 ? Napster les trouve sur votre disque dur, les intègre dans
sa base de données et si un utilisateur cherche un des fichiers
dont vous disposez, il automatise le téléchargement de ce
fichier directement à partir de votre disque dur. Napster vous permet
également de dialoguer en direct avec des amateurs de la musique
que vous préférez et d’échanger des fichiers.
Si vous n’avez pas de fichier à partager, vous pouvez quand
même télécharger ceux des autres. Après une
recherche simple, j’ai pu choisir et télécharger une chanson
des Beatles sans aucune difficulté et l’écouter sur le lecteur
incorporé au logiciel.
Tout cela laisse perplexe, même si l’on n’est pas un défenseur
acharné des droits d’auteur et si l’on n’est pas paranoïaque
de la sécurité informatique.
D’abord, Napster fait partie de ces logiciels dont on ne sait pas très
bien ce qu’ils font. Transmet-il des informations sur votre disque dur
à la base de données centrale ? S’il reconnaît les
fichiers MP3, peut-il reconnaître d’autres types de fichiers ? À
titre d’exemple, alors que j’avais fermé le logiciel depuis quelques
minutes, quand j’ai voulu fermé mon ordinateur, une boite de dialogue
m’a demandé si je voulais interrompre le téléchargement
en cours. Quel téléchargement ? Celui de la deuxième
chanson que j’avais commandée, puis oubliée !
Ensuite, la licence du logiciel, que vous devez déclarer avoir
lue avant d’utiliser le logiciel, donne à Napster tous les droits,
à vous quasiment aucun. Vous devrez comprendre l’anglais, bien entendu.
Enfin, Napster refuse toute responsabilité dans le trafic de
fichiers son copiés et échangés illégalement.
Ainsi, faciliter un trafic ne serait pas répréhensible ?
Il serait étonnant que les juristes soient d’accord. Le Copyright
Digital Millenium Act, s’il autorise les moteurs de recherche à
mettre en place des liens vers des fichiers MP3, oblige ceux-ci à
les enlever dès qu’il est prouvé que la musique signalée
est protégée par le copyright.
Pour sa défense, Napster allègue qu’il ne fait qu’organiser
des communautés et qu’aucun fichier son ne transite techniquement
par son serveur.
Dans le monde réel, Napster serait sans doute déclaré
complice de recel... Mais nous ne sommes pas dans le monde réel
;-)
--Pierre
Bastogne--

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10. Protéger les droits musicaux
avec une carte à puce
Pour l’instant, seuls des logiciels permettent de contrer le piratage
des fichiers MP3. Leur gros inconvénient est qu’ils sont assez facilement
craquables. La protection des droits musicaux reste donc en recherche de
nouvelles solutions.
Roland Moréno, l’inventeur de la carte à puce, propose
la sienne. Une carte de crédit, insérée dans un lecteur
de carte à puce relié à un ordinateur, vous permet
d’acheter jusqu’à 5000 titres musicaux qui sont stockés sur
un site Web. Pour écouter une musique, il suffit de se connecter
au site à partir de n’importe quel ordinateur et d’insérer
sa carte qui est en quelque sorte votre discothèque virtuelle puisqu’elle
a la mémoire de vos titres. L’écoute se fait en ligne.
Avantages : sécurité et mobilité.
Inconvénients : peu d’ordinateurs sont munis de lecteur de carte
à puce et le système nécessite une connexion à
haut débit.
--Maya
Kalsé--
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CULTURE WEB
11. Intellectuels en ligne
chairetmetal est une revue intéressante et distinguée,
peut être un peu trop distinguée.
Créée par Ollivier Dyens et Alexandre Leupin, elle accueille
notamment des textes de Philippe Quéau (« la présence
de l’esprit », sur le virtuel), Pierre Levy (« l’économie
virtuelle »)…et reproduit des interventions de Noam Chomsky ou Bruce
Sterling. Nous vous recommandons la galerie d’art. 19clics adresse ses
vœux de succès à chairetmetal.
--Francis
Linart--
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12. Nettime for frenchs
Saluons l’ouverture, depuis trois mois, d’un espace en français,
sur la liste de discussion Nettime.
Créée en Octobre 1995, et animée en particulier
par Geert Lovink, elle est devenue un des espaces les plus importants pour
le débat critique sur la société de l’information
et la cyberculture, loin de la pensée unique de l’internet. Nettime
s’intéresse aux usages et politiques de l’internet, mais aussi à
la culture du media-internet, comme dans cet échange entre Lovink
et Lev Manovich : « what is european software ? »
On relève en Janvier 2000 : une intervention de Ronda Hauben
sur l’internet citoyen, un débat sur l’esthétique du nouveau
média autour des travaux de Wolfgang Schirmacher, un message coléreux
de Ted Nelson.
Nettime a produit une anthologie imprimée de 556 pages : «
Readme ! Ascii Culture and the revenge of Knowledge ». Autonomédia.
New York. ISBN : 1570270899.
--Francis
Linart--
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13. A chacun sa marée noire
: penser politique ou faire un coup
L’Initiative Coopérative d’Information (ICI) RadioPhare Direct
est une association créée le 8 juillet 1999 qui s’est fait
connaître par l’efficacité de ses interventions face à
la marée noire.
Beau nom, ce RadioPhare et qui n’a pas été choisi au
hasard par ces initiateurs, Olivier Zablocki et Henri Gueguen, l’un sur
l’Île de Ré, l’autre dans le Finistère, puisque le
site a pour objectif « de créer et de gérer un outillage
indépendant adapté à l’échange d’informations
et accessible à tous » comme l’explique O. Zablocki dans sa
roborative liste de diffusion.
Bref, RadioPhare aide chacun à déterminer sa position.
Et chacun peut intervenir, soit sur la liste généraliste
Erika, soit en participant à l’un des 13 ateliers plus ciblés
(atelier Vigie, atelier JurisLine, atelier GeoRezo…) dans lesquels tout
est abordé : du bénévolat au boycott, de la protection
des oiseaux à l’établissement de cartes géographiques,
des questions juridiques et budgétaires aux relations avec l’administration,
avec, de temps en temps, une mise en garde : si la liste existe c’est pour
favoriser l’échange d’information et pas pour la diffuser – nous
ne sommes pas ici à la télé.
Pas grand chose à voir avec le site mareenoire.org édité
par la société Cyberouest, autrement dit par le quotidien
régional Le Télégramme de Brest, sorti le 6 janvier
2000 alors que le sénateur du Finistère, A. Gérard
souhaite monter un site consacré à la mobilisation nationale
et internationale.
Pas les mêmes moyens, pas les mêmes objectifs.
Sur RadioPhare « on pense local et on agit global. Cheminement
exactement inverse du vieux slogan usé, penser global, agir local
»
--Rose
Hermitage--
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14. Fillesquiportentdeslunettes : typographie
sur le web
La typographe Diane DiPiazza présente sur le site girlswhowearglasses
les caractères pour l’ordinateur et le web de sa société
Dinctype.
L’internet bouleverse les bases de la typographie en déstabilisant
totalement les relations entre le fond et la forme du message, entre son
contenu logique et son image. Cette mutation est encore plus importante
que celles de la photocomposition, et de la publication assistée
par ordinateur. Pour le moment, les typographes n’ont pas retrouvé
leurs esprits. Même le groupe Emigre, avant garde de la typographie
pour MacIntosh, éprouve quelques difficultés à élaborer
une proposition globale pour le web.
L’approche de Diane DiPiazza est modeste et pragmatique. Elle tient
compte des contraintes de base de la typographie sur le web : le temps
de chargement, le rôle différent des caractères pour
le style du message. Son univers graphique est celui de la culture pop
des années cinquante : publicités sans prétention,
bandes dessinées, graphisme des objets de grande consommation (avant
l’invention du packaging). Le résultat est celui qu’on attend des
typographes : économie des moyens et grande lisibilité.
--Francis
Linart--
Clic
officiel : |
[http://www.girlswhowearglasses.com]
Le site est malheureusement
moins riche que les illustrations de l’ouvrage de référence
: « WebWorks Typography » de Jason Mills et Daniel Donnelly,
1998, Rockport Publishers (avec un cédérom).
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LE BILLET
15. Gare à Mahir !
C’était début novembre 1999, la cyber côte ouest
et la cyber côte est des États-Unis bruissaient d’une même
rumeur : Mahir allait venir. Mahir, le Turc.
Mahir Cagri est un habitant de la ville d’Izmir, joueur d’accordéon
détenteur de pages personnelles auto promotionnelles, naïves
et d’une grande fraîcheur. Quelques photos numérisées,
quelques déclarations d’intention : notamment celle qui deviendra
célèbre : « Welcome to my home page!!!!!!!!! I kiss
you!!!!! » (sic).
Cette page, anonyme parmi les milliers ou les millions d’autres pages
personnelles, est subitement devenue la coqueluche de la branchouille américaine.
Janelle Brown, chroniqueuse du magazine « Salon », raconte
ainsi que, lorsque le site lui a été signalé par un
de ses collègues, il comptabilisait 11.000 visites. Lorsque le même
soir, elle a reçu l’adresse dans un courrier envoyé par deux
de ses amis, le site en était à 500.000 visites et que quelques
jours plus tard, il en était déjà à 700.000.
Depuis, le phénomène ne s’est pas démenti. Le Club
spécialisé sur Yahoo comprend 740 membres ayant déjà
échangé 1.146 messages. Un organisateur d’événements
branchés a réuni plus de 2.000 personnes à la soirée
organisée en faveur de Mahir, la nouvelle star numérique.
On peut écouter ses morceaux d’accordéon en MP3 et les remix
sont pour bientôt. CNN a demandé une interview.
On pourrait gloser longtemps sur les motivations douteuses de cet engouement
subit. Une vague excitation sexuelle ? Gare à Mahir chanterait-on
comme Brassens chantait « Gare au gorille » ? Certes, mais
pas seulement.
On peut y voir aussi le cynisme tranquille de cette nouvelle classe
d’entrepreneurs de la « nouvelle » économie qui déterminent
pour nous ce qui est intéressant et ce qui ne l’est pas. S’ils décrètent
que le site indigent de Mahir le Turc est le « top du top »,
alors, le monde entier en parle et doit en parler.
Et si l’histoire de Mahir le Turc était l’allégorie de
la Nouvelle économie ? Ce sont les mêmes personnes qui ont
décidé qu’Amazon valait des milliards et que E-bay devrait
bientôt pouvoir racheter Ford et Boeing réunis. Et si c’était
le même cynisme ? Et si c’était la même bêtise
aveugle, vaguement raciste, très immature et sans lendemain ?
Qui veut passer sa vie avec, sinon Mahir, mais le site de Mahir ?
--Pierre
Bastogne--
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LE PARCOURS
16. Allez au cinéma avec
l'internet
Pas de scoop, nous n’allons pas
vous expliquer comment regarder le dernier James Bond sur l’écran
de votre ordinateur. Si vous avez une connexion ADSL, World on line vous
a peut-être proposé de regarder le film « le fils du
Français » en avant première. Sinon, il vous faudra
attendre encore un peu. Mais beaucoup se préparent. Un site, Primefilm,
vient d’ouvrir, qui propose de télécharger des longs métrages
en avant première et des courts métrages en accès
libre Cependant, quand on souhaite aller au cinéma, on trouve déjà
sur l’internet de quoi préparer sa séance, voire la prolonger
quand on est de retour chez soi. 19 clics a sélectionné pour
vous quelques sites car ils montrent qu’ici aussi, l’internet modifie profondément
le rôle et la forme des médias, qu’ils soient médias
d’information pratiques : qu’aller voir au cinéma ?, médias
d’informations et de documentation comme la base de données de l’ineffable
Monsieur Cinéma ou des supports de communication et de convivialité.
Avec l’internet, aller au cinéma, ce n’est plus vraiment comme avant.
Les guides et prescripteurs papier
se sont mis à l’internet. La réussite la plus flagrante est
sans aucun doute « Télérama » qui allie à
ses critiques réputées une base de données par film
et par salle. Le plus du site ? La personnalisation. Mémorisez vos
salles préférées, constituez-vous un agenda personnel,
recevez des messages d’alerte par courrier électronique dès
qu’un de vos sujets favoris est abordé dans une émission
de télévision.
Mais Télérama, c’est
du service en ligne qui ne tire pas vraiment partie de l’internet. Peu
de liens vers l’extérieur. Vous êtes avec Télérama,
vous y restez. Rien à voir avec la stratégie du nouveau venu
: Allô Ciné. Même service de base que Télérama
mais Allô Ciné entoure la base de données des films
et des salles de briques différentes issues de l’internet. Il place
sur le même plan critiques professionnels et critiques de spectateurs,
il cite des revues de cinéma du Web comme Écran noir. Il
renvoie sur les sites des films, des réalisateurs lorsqu’ils en
ont un, les fiches des acteurs et de nombreux autres documents disponibles
trouvés par les rédacteurs du site. Allô Ciné
s’est enrichi récemment d’émissions de télévision
sur le Web en association avec Canal Web. Le média devient une vraie
banque de données, qui permet de nouveaux types d’échanges.
L’astuce n’a pas échappée
aux détenteurs de données sur le cinéma. « Monsieur
Cinéma » et ses fiches est désormais sur le Web. Deviennent
également média : films en salle, avant premières,
box-office. C’est Monsieur Cinéma en temps réel.
Est-ce que l’internet, cependant,
permet de mieux aller au cinéma, de devenir cinéphile quand
on ne l’est pas, d’apprendre à analyser, à décrypter,
à connaître ? Pas si sûr.
On attend d’abord sur ce terrain
les institutions publiques. La Bibliothèque du film, la BIFI promet
en page d’accueil de vous apprendre le cinéma. Le pari sera peut-être
tenu quand tout ce qui est expérimental, notamment la banque de
données « Cinésource », sera enfin terminée.
Ne cherchez pas de liens vers l’extérieur, la BIFI est sur l’internet,
mais demeure une forteresse.
Pourtant, la facilité de création
de sites alliée aux multiples échanges possibles fait fleurir
sur la Toile des milliers de sites personnels qui célèbrent
le cinéma. Du plus anecdotique tel ce « Parlez-vous Deneuve
? » néerlandais au plus complet comme le site « le Monde
de Méliès », d’une jeune canadienne, devenu le site
de référence sur Luc Besson, les internautes cinéphiles
trouvent dans l’internet un support de diffusion et de partage que les
institutions auraient tort de mépriser et même d’ignorer.
Dès lors on se prête
à rêver à un serveur en français différent,
qui accompagne les spectateurs, notamment les nouveaux spectateurs, vers
un regard affûté, ni érudit ni pompeux, un site de
plaisir accueillant et passionné. À cet égard, le
site du British Film Institute pourrait servir de premier modèle.
Outre des informations sur l’actualité, sur les sorties et le film
anglais, on trouve des informations classées de façon simple
et évidente : informations pour les enfants des écoles, informations
pour les étudiants en média, informations pour les entreprises...
Le site est passionnant, on en oublierait presque d’aller au cinéma.
Mais l’internet et le cinéma,
ce n’est pas seulement l’accès à un catalogue de films, à
des fins plus ou moins proches de consommation. C’est également
la possibilité de présenter de nouvelles œuvres, de nouveaux
créateurs et des formes innovantes de création.
Il est certain que plus les formats
sont courts, plus le film lui-même se rapproche de l’internet. Ainsi
le site Ciné courts, uniquement consacré aux courts métrages,
fait la promotion des réalisations, indique où on peut les
voir sur grand écran mais permet également de les visionner
dans différents formats couramment utilisés sur le Web.
Même court, un film reste
un film. L’initiative du Festival international du film de l’internet,
le FIFI, dont la deuxième édition se tiendra en mars à
Lille, est originale à maints égards mais surtout parce qu’elle
considère comme film des œuvres interactives qui n’entretiennent
que de façon très lointaine des rapports avec une pellicule,
une salle, voire une caméra. Le FIFI 2000 a déjà reçu
140 inscriptions et la sélection d’Imagina peut être visionnée
en ligne 19clics vous conseille 12 notes d’Agnès de Cayeux et le
Piano graphique de Jean-Luc Lamarque. (Il est nécessaire de disposer
du logiciel additionnel « Shockwave », que l’on peut télécharger
gratuitement sur le réseau.)
Bonnes toiles !
--Pierre
Bastogne--

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