N°3 
édition du 8 février 2000 
bi-mensuel de l'internet
culturel et politique
 
 
Sommaire 
   
 
EDITORIAL  
1. Leonardo di Proprio. 
 
 
 
ENJEUX  
2. Vivendi passe au  multi accès. 
3. Kleline sous la porte ? 
4. Le retard français sur l’internet: pas si simple. 
 
 
 
LES CONTENUS 
5. 50 millions au C.N.C., et moi et moi et moi...  
6. CanalWeb, gratuit pour qui ?  
7. Quid du Cnum du Cnam. 
8. Marey en ligne. 
 
 
 
TECHNOLOGIE  
9. Scol, on s'y colle. 
10. Le livre électronique français à la une. 
11. La vidéo en poche. 
12. La caisse à outils de la recherche sur internet. 
 
 
CULTURE WEB 
13. Ananova: Lara Croft du journalisme. 
14. Solidarité avec les victimes de la tempête. 
 
LE BILLET 
15. Le web fait la pub. 
 
LE PARCOURS 
16. e-santé, e-mortel ? 
 
 
EDITORIAL 

1. Leonardo di Proprio 
Ca devait finir par arriver en France. La Transacia Corporation (noms de marque: Leonardo, Leonardo Partners, etc) poursuit l’Observatoire Leonardo des Arts et des Techno-Sciences. La première est un groupement de capitaux risqueurs, créé en 95. La deuxième, une association culturelle connue depuis trente ans. La plainte de la Transacia ne porte pas sur le nom de domaine (l’association utilise pour son site le sigle olats). C’est une plainte pour contrefaçon qui s’appuie sur le fait qu’évidemment les pages du site associatif sont indexées «Leonardo». 
La tentative de la Transacia illustre bien l’irresponsabilité de certains milieux de la nouvelle économie. 
Que deviendra l’espace public du net, si les noms de marque doivent l’emporter systématiquement sur ceux des personnes physiques, des organismes sans but lucratifs, des créateurs, ou des lieux? 
Au fond, la Transacia ne demande pas moins à l’Olats que d’effacer de ses documents le nom qu’ils ont toujours utilisé. Comme on ne voit pas bien quelle contrefaçon il peut y avoir dans le monde réel, on assiste à l’invention d’un nouveau délit (la contrefaçon produite par le bruit des moteurs de recherche) au service d’une nouvelle censure. Et pour faire bon poids, il est difficile de ne pas remarquer l’inégalité des deux protagonistes et la menace qu’un tel comportement fait peser sur l’indépendance du web: Leonardo le financier se spécialise du côté des starts up de l’internet. 
Il n’est pas certain cependant que les initiateurs de cette démarche soient félicités par leur employeur. L’affaire etoy/eToys dont nous parlions dans le numéro 2 de 19clics s’achève par la débâcle judiciaire du vendeur de jouets. Un exemple qu’il n’est pas encore trop tard pour méditer! 
--Francis Linart-- 

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Sources: [http://www.transfert.net]
Clics officiels: [http://www.olats.org/index.shtml] 
[http://www.leonardofinance.fr/] 
[http://www.rockhousefarm.com/rockleon.htm]
Sur l’affaire etoy: [http://www.wired.com:news/politics/] 
[http://www.news.cent.com/news] 
[http://www.nytimes/com/library/tech] 
[http://www.altern.org/19clics/Numero02/2000-01-02.htm#2]
 

 
ENJEUX 

2. Vivendi passe au  multi accès  
Si le rapprochement de Lagardère et Canal+ avait été sensiblement éclipsé par l’annonce AOL-TimeWarner, les commentateurs s’interrogeant en particulier sur l’absence de perspective pour l’internet, les opérations récentes pilotées par Jean-Marie Messier ne manquent pas d’envergure. 

Premier temps: le 28/01/00, on annonce le regroupement des activités internet de Vivendi et de sa filiale Canal+, avec la création de Vnet. En soi, cette nouvelle était déjà significative, car malgré le positionnement «entreprise de la convergence», on attendait toujours de voir un produit «internet-Messier». Vnet devrait donc regrouper les sites de Canal Numédia, les portails d’Havas, et d’autres activités internet du groupe. Au passage, Vivendi annonçait le lancement d’un portail education.com, et de won, un portail pour les jeux en ligne. 

Deuxième temps: le 31/01/00, un accord entre Vivendi et l’anglais Vodafone, première compagnie européenne de téléphonie mobile était rendu public. Par cet accord, Vivendi qui avait paru hésiter entre Vodafone et Mannesmann, facilitait l’Offre Publique d’Echange de la première sur la seconde. 

Troisième temps: le 04/02/00, Mannesmann cédait à Vodafone, permettant à l’accord de devenir effectif. L’opération, plus importante en capital que la fusion AOL-TimeWarner, génère un mastodonte des télécoms, numéro un en Grande Bretagne, Allemagne, Italie, numéro deux en Espagne, et partenaire de SFR, le numéro deux français. La naissance de ce groupe est probablement le signe le plus tangible du déclin programmé des opérateurs nationaux, qui n’ont pas mieux réussi sur le téléphone mobile que sur l’internet. 
L’accord entre Vodafone et Vivendi comprend en réalité deux aspects assez différents. Le premier volet est un accord télécom qui permettra à Vivendi de reprendre 7,5% de sa filiale Cegetel. En revanche, le rôle de Vodafone dans SFR, où il est actuellement actionnaire minoritaire, n’a pas été précisé, ce qui pourrait constituer une menace pour Cegetel. 
Le deuxième volet, plus innovant, consiste à mettre en place un «portail multi accès» détenu à 50% par chaque société. La doctrine officielle, c’est le rassemblement des abonnés au mobile Vodafone, à Canal Plus, et à SFR, soit 70 millions d’européens, combiné à la plate-forme internet pour mobile de Vodaphone, et aux contenus de Cegetel. 
Le levier semble bien être les services associés à la nouvelle génération de téléphones mobiles.  
On comprend que cette stratégie puisse séduire les deux groupes: ils contrôleraient ainsi, à la fois, l’accès, la communication téléphonique, le contenu, et pourraient réaliser l’intégration des services en amont. Quels services? tous ceux qu’autorise la technologie WAP, en restant tout de même dans les limites physiques de l’objet téléphone: informations pratiques, réservations, horaires, cours de la bourse, commerce en ligne. 
Il y a tout de même quelques incertitudes, dont la première est l’ampleur de ce marché. Personne ne conteste la rapidité du développement du mobile, mais les utilisateurs sont ils prêts à payer pour tous ces services, en plus du prix de l’appel sur le portable, non négligeable? 
En tout cas, voilà un modèle économique bien différent de celui qui prévaut sur l’internet actuel, où on ne peut pas dire que ni Vodafone, ni Vivendi aient vraiment fait leurs preuves. Jean-Marie Messier veut contourner l’internet actuel, mais est ce vraiment le bon moyen d’en maîtriser le développement? 
Le téléphone ou l’ordinateur (ou la télé)? Voilà un débat qui a autant d’avenir que de passé, et qui rappelle furieusement la problématique du minitel, le minitel ouvert sur le monde si longtemps promis par France Télécom. Pour le moment, s’agissant de l’internet, Vivendi voudrait succéder à Bertelsmann au sein d’AOL Europe.   
--Francis Linart-- 

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3. Kleline sous la porte? 
Kleline est une petite entreprise spécialisée dans le paiement sur l’internet. Portée, poussée par la Compagnie bancaire, puis au fil des fusions, Paribas et maintenant BNP-Paribas, ce dernier préfère privilégier la solution de paiement en ligne adopté par le GIE Cartes bancaires: Cybercomm. Kleline va fermer.  
Ce qui est intéressant, dans l’histoire, c’est que Kleline, c’est aussi la startup modèle de l’Atelier de la Compagnie bancaire Paribas B.N.P. et de son animateur très médiatique Jean-Michel Billaut, gourou du commerce électronique à la française. Cela dit, peut-on lui reprocher de n’avoir pas prévu ou pas pu empêcher le renversement de stratégie du groupe qui l’emploie?  
On dit bien que les voyantes ne voient rien de ce qui les concerne.  
--Pierre Bastogne-- 
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Sources :  [http://www.france.internet.com/news.asp?news_ID=490&Chaine_Id= 
[http://www.liberation.fr/multi/actu/20000124/20000126b.html
Clic officiel : [http://www.kleline.fr/
 
4. Le retard français sur l'internet: pas si simple 
Le feuilleton du retard français sur l’internet est une véritable corvée pour les chroniqueurs. 
La référence la plus souvent utilisée est le nombre absolu de foyers connectés, et le ratio par rapport à la population globale. La dernière enquête de GfK pour Sciences et Vie Micro ne plaira pas aux partisans de la thèse du rattrapage. Le retard français se serait en effet creusé en 1999. 10,7 % des foyers français sont connectés; britanniques: 18%, allemands: 22%, néerlandais: 32%. De ce point de vue, la France aurait un an de retard sur la Grande Bretagne, et au moins trois ans par rapport aux Etats-Unis. 
Une première remarque: le nombre absolu et la part de foyers connectés n’ont pas la même signification. La part de foyers connectés est une sorte d’indice de niveau de vie. Il y a d’ailleurs dans cette notion de retard une sorte de moralisme, ou d’impératif de développement assez détestable. En tout cas, c’est le nombre absolu de personnes connectées qui est la base du développement technologique, et de l’offre de services et de contenus. Il faut donc d’abord comparer les pays qui ont une population voisine. 
Deuxième remarque: il n’est pas sûr que le retard français visible n’en cache pas un autre, moins visible, et qui pourrait être à l’origine de certaines stratégies industrielles. Un scénario assez vraisemblable serait que la France ne rattrape pas son retard sur l’internet classique avant que se soient développés les accès par téléphone mobile, consoles de jeux et télévision. C’est d’ailleurs ce qu’évoque l’étude de GfK. Auquel cas, les industriels français pourraient être tentés de court-circuiter l’internet actuel. Stratégie risquée, avec de nombreuses conséquences «culturelles», qui ne manque pas de rappeler l’épisode du minitel (à propos, quand vont ils basculer définitivement nos minitelistes?), mais qui pourrait bien expliquer le pas de sénateur de certains investisseurs français. Bref, le retard alimente le retard. 
--Francis Linart-- 
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Sources : [http://www.internetactu.com/archives/versiontexte/ia19.html#tend3
Clic officiel : [http://www.vnunet.fr/VNU2/svm/index.htm
 

 
LES  CONTENUS

5.     50 millions au C.N.C., et moi et moi et moi...  
Catherine Trautmann l’a dit à Autrans à l’occasion des rencontres françaises de la société en réseau: « il y aura cette année une enveloppe de 50MF pour l'aide aux contenus sur l'internet.» 50 Millions, même si c’est moins que le tour de table de CanalWeb, c’est toujours bon à prendre.   
Pour qui, pour quoi, comment, c’est plus difficile à dire et il  faudra attendre la mi-février et le salon cannois du Milia pour en savoir davantage. Rien sur le site du C.N.C., rien sur le site du ministère de la culture et de la communication. Le suspense est bien entretenu.  
Affaire à suivre, donc. Il reste espérer que ces 50 millions auront plus d’impact que n’a eu l’ouverture du fonds d’aide au multimédia sur les contenus en ligne, en 1996. Cette fois-ci, on nous l’a promis.  
--Pierre Bastogne-- 

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Sources :  [http://www.france.internet.com/news.asp?news_ID=249&Chaine_Id=]
Clics Officiels : [http://www.cnc.fr]
 
6. CanalWeb, gratuit pour qui? 
CanalWeb, l’opérateur de télévision sur le Web, est devenu la coqueluche de l’internet français. La société fondée par Jacques Rosselin, créateur de Courrier international, après un peu plus d’un an d’existence, a réuni 72 millions de francs en fonds propres auprès de différents investisseurs. Objectif déclaré: se développer à l’international.  
Ce succès fait rêver tous les jeunes «net-entrepreneurs» de la place. Qu’ils restent prudents... Les dirigeants de CanalWeb ne sont pas de parfaits inconnus. Jacques Rosselin a pour lui d’avoir créé une entreprise de presse rentable, ce qui est suffisamment rare pour être remarqué des investisseurs. De plus, il s’est entouré d’un groupe de professionnels expérimentés qui connaissent beaucoup de monde. Jean-Francis Bretelle, le nouveau président du conseil de surveillance de la société était le directeur financier d’Yves Saint-Laurent... et Pierre Bergé est parmi les bonnes fées du projet. Denis Fortier, chargé du développement international, était auparavant à l’INA, avant encore chez Bruno Bonnel, le patron d’Infogrammes Entertainment. Il connaît bien les deux mondes de l’audiovisuel et du numérique. Bref, CanalWeb n’est pas une startup qui sort d’un garage de banlieue, ou alors le garage est très luxueux.  
Aujourd’hui, CanalWeb revendique 200.000 spectateurs par mois pour un «bouquet» de 60 programmes thématiques... Qui produit ces programmes? Pas CanalWeb, qui se contente des les diffuser sur l’internet. Ces 60 programmes thématiques sont réalisés par des bénévoles.  
Pourrait-on imaginer une chaîne de télévision avouer ne prévoir aucun investissement dans la production? Sur le Web, c’est possible et ça marche, apparemment. Utiliser, pour payer des contenus et des créateurs, une partie de ce bel argent de la nouvelle économie de «l’internet-age», comme dit Jean-Marie Messier, aurait sans doute entaché le business-plan.  
Dès lors on se prend à penser que notre bonne vieille réglementation, qui oblige les chaînes de télévision (les vraies) à investir dans la production «fraîche», n’avait pas que des inconvénients...  
--Pierre Bastogne-- 
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Source : [http://www.france.internet.com/actualite/news6_17012000.html
Clics officiel : [http://www.canalweb.net/]
 
7. Quid du CNUM du CNAM 
Le Cnam annonce la naissance du Conservatoire Numérique des Arts et Métiers : une bibliothèque numérique sur l’histoire des sciences. Débuté il y a deux ans, ce projet a mobilisé trois acteurs du Cnam: la bibliothèque, les chercheurs en histoire des techniques et surtout le centre informatique du Cnam, le Cedric. Celui-ci avait déjà gagné l’estime des internautes en initiant l’ABU (Association des Bibliophiles Universels). Grâce au travail de centaines d’anonymes qui maniaient le scanner ou effectuaient de la saisie, une véritable bibliothèque de textes de la littérature francophone avait ainsi été mise en place, bien avant Gallica. Avec le Cnum, le Cedric s’attaque à la numérisation en mode image: 42 ouvrages ont été numérisés, soit 21.298 pages de monographies sur l’électricité et le magnétisme du 19ème siècle. Les prochaines pistes de développement du Cedric porte sur l’interaction 3D avec les documents. 
--Maya Kalsé-- 
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Sources : présentation du CNUM au CNAM le 28/01/00
Clics officiels : [http://cnum.cnam.fr] 
[http://jasmin.cnam.fr:8081] pour les expériences du Cnam 
[http://cedric.cnam.fr/ABU/] pour la Bibliothèque universelle de textes 
 
8. Marey en ligne 
Remarquable exposition en ligne: celle du double électronique de l’exposition «Etienne-Jules Marey, le mouvement en lumière». 
La conception éditoriale, intelligemment mise en œuvre, alliée au choix de Laurent Mannoni, spécialiste reconnu et auteur de plusieurs ouvrages sur Marey, nous permet une visite passionnante. 
Trois entrées: 
  • l’exposition, notons que le déroulement horizontal est particulièrement bien adapté aux travaux de Marey 
  • la visite thématique, beau design et solide documentation 
  • la médiathèque, la plus attirante, avec 8 rubriques présentant des documents rarement montrés comme la magnifique série des «courants de fumées» (1.2.3.4) ou, pour les films «danse du ventre par Sheldon (athlète américain)», ou encore «la double ellipse de l’insecte» pour les textes. Un index des mots clés permet bien d’autres parcours à volonté. 
L’exposition, conçue par la Maison du Cinéma et la Cinémathèque française est également présentée à la Fondation Électricité de France du 13 janvier au 19 mars 2000. 
--Rose Hermitage-- 
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Source : [http://www.internetactu.com] du 20/01/2000
Clic officiel : [http://www.expo-marey.com]

 
TECHNOLOGIE

9. Scol, on s'y colle 
Cryo-Networks, filiale pour les produits en ligne de Cryo, développe et met à disposition gratuitement sur le Web un standard 3D pour l’internet : SCOL. 
On se souviendra des déboires de Cryo avec le Deuxième monde promu par Canal Plus et de la séparation tendue des deux partenaires. Cryo a continué de travailler sur la navigation 3D en ligne et le résultat est assez convaincant. 
Le téléchargement du module de navigation se fait rapidement et son installation sur l’ordinateur est sans encombre. La navigation est très intuitive et l’on est ravi de toutes les possibilités qui sont offertes: mettre sa photo d’identité sur son avatar, dialoguer en direct avec les avatars que l’on rencontre, écouter de la musique en MP3, visionner un film... Tout ça dans 600 Ko, on peut saluer la performance informatique. 
Le secret ? Scol n’est pas seulement un logiciel, c’est aussi un langage informatique spécialement inventé pour l’internet et pouvant intégrer tous les standards du réseau, le HTML mais aussi Real audio et Real Vidéo, par exemple. Très vite, on a envie de créer son propre univers. Cryo-Networks propose des formations à ses outils de création. 
L’expérience est encore confidentielle mais ne demande qu’à s’étendre. La technologie a déjà été adoptée par la site de communautés «le Village». Le plus simple, c’est d’essayer. C’est à la portée de tous les ordinateurs et de leurs utilisateurs. 
--Pierre Bastogne-- 

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Clic officiel : [http://www.cryo-networks.com/vf/cryo-networks.htm]
 
10. Le livre électronique français à la une 
Alors qu’aux Etats-Unis, la société Gemstar rachète deux concurrents majeurs de l’e-book : NuvoMedia et SoftBook Press, la société Cytale annonce la sortie du premier livre électronique français du même nom. Née en 1998, cette société a, entre autres initiateurs, un certain Jacques Attali. 
Du point de vue technique, Cytale semble tenir la comparaison avec les e-book d’outre-atlantique et se distinguer par une plus grande simplicité. Bientôt présenté au Salon du Livre de Paris (17-22 mars), il devrait être commercialisé vers avril, pour un prix qui varie entre 3000 et 4000F. 
Cytale est un support qui permettra de lire sur un écran de haute définition des livres. Ces livres seront téléchargeables sur le site de Cytale qui devient par là diffuseur. Pour gagner la confiance des éditeurs, celui-ci a mis au point un système de cryptage qui empêche les copies numériques sauvages. Un compteur permettra de connaître le nombre de téléchargement et de reverser un pourcentage aux éditeurs des livres achetés. Quelques mille titres seront disponibles au lancement de Cytale. 
Ne nous méprenons pas, Cytale est un outil bien particulier qui ne permet pas par exemple de télécharger n’importe quel texte issu de l’internet. Ce n’est pas un ordinateur portable amélioré. Il s’en distingue par une qualité d’écran exceptionnelle et par des fonctions primaires (4 boutons). Néanmoins, l’ambition est de développer des fonctionnalités nouvelles. Ainsi un partenariat avec les éditions Bibliopolis vise à proposer un véritable cartable électronique qui intègre un manuel scolaire électronique et permette également la prise de notes. 
Cette émergence du livre électronique suscite plusieurs interrogations: 
-quelle est la pertinence de cet outil ? 
-faut-il aligner la TVA du livre électronique (20,6%) sur celle du livre papier (5,5%) ? 
-que devient le métier d’éditeur ? Leur savoir-faire est paradoxalement encore plus indispensable, car sans eux livres deviendraient des « brouillons publics » pour reprendre un propos d’Alain Cordier. L’édition hypertextuelle se cherche encore, et si les éditeurs classiques ne s’y penchent pas, d’autres le feront à leur place. 
--Maya Kalsé-- 
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Sources : A propos du rachat par Gemstar : 
[http://www.salon.com/tech/log/2000/01/19/ebooks/print.html] 
[http://home.cnet.com/category/0-1007-200-1527240.html] 

A propos de Cytale : 
Livres Hebdo du 21 janvier 2000. 
[http://www.internetactu.com]du 20 janvier 2000 
[http://www.liberation.fr/multi/actu/20000124/20000128g2.html] 

A propos du livre électronique en général : 
Un dossier archi complet [http://www.liberation.fr/ebook/index.html] 
Dossier Le Monde Interactif du 12 janvier   [http://www.lemonde.fr/aietek] 
 

Clics officiels : [http://www.cytale.com] 
[http://www.nuvomedia.com] 
[http://www.softbook.com]
 
11. La vidéo en poche 
La société PacketVidéo a remporté le prix Innovation 2000, à Las Vegas, le 6 janvier dernier grâce à son logiciel de diffusion de vidéo numérique sur téléphone mobile et assistant personnel (du type palm pilot). Ce logiciel (format de compression MPEG4) permet en effet de recevoir des avant-premières de films, des actualités, d’organiser, à des fins professionnelles par exemple, des visioconférences ou de visualiser les vidéos des caméras de surveillance, tout ceci en haute qualité—dixit PacketVidéo—dont le slogan est «n’importe quand, n’importe où».  
Associée à Intervu Inc, principal fournisseur de solutions techniques de diffusion audio et vidéo, PacketVidéo espère gagner les marchés grand public, européens et asiatiques, soutenue en cela par Qualcomm. 
--Rose Hermitage-- 
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Source : [http://www.internactu.com] 13 janvier 2000
Clic officiel : [http://www.packetvideo.com]
 
12. La caisse à outils de la recherche sur l'internet 
Les moteurs de recherche ne cessent de se multiplier, et avec eux les statistiques de couverture du web, les fonctionnalités toujours renouvelées, les découragements des internautes. Les moteurs attirent non seulement les internautes en recherche, mais aussi les sites qui se créent et souhaitent se faire connaître. En celà, ils sont à la convergence d’enjeux importants. Alta Vista a d’ailleurs bien essayé d’en profiter en tentant de vendre l’emplacement dans la liste des réponses.  
19clics a testé quelques uns de ces outils. 
  • WebHelp, «de vraies réponses par de vraies personnes en temps réel»

  • A la différence des moteurs de recherche ou annuaires, nul besoin de mot-clé sur Webhelp. Sur la page d’accueil, vous voyez défiler presqu’en temps réel les dernières questions posées par les internautes. A mon tour. Je cherche des informations sur les jardins méditeranéens, il suffit de saisir «how can I find pictures about mediteranean gardens?». On me demande alors mon e-mail, et on me fait patienter quelques instants avant que l’interlocuteur qui cherche pour moi se manifeste: «Kalse, welcome and thank you for using WebHelp.com. Hello, I am Lenny.» Pendant qu’elle cherche, je butine ailleurs. Ah !, Lenny revient: «Sorry, I am not authorized to perform a search on the topic you requested.». Désemparée, je réponds «why?» et attends une explication qui ne tarde pas: «Thank you, Kalse, for using WebHelp.com. Our engagement will now be closed.». Comme pour remuer le couteau dans la plaie, je reçois quelques minutes plus tard dans ma boîte aux lettres une copie de notre conversation. Et je m’aperçois alors que ma question comportait une faute d’orthographe. Probablement est-ce là l’explication de mon échec. Je suis rassurée, mais un peu vexée que Lenny ne l’ait pas relevée.
  • Karnak, «la bibliothèque infinie du savoir»

  • Pour suivre l’évolution constante du web et fournir aux internautes des informations récentes, Karnak permet à chacun de se constituer une bibliothèque thématique régulièrement mise à jour. 
    Le principe est simple. Vous créez un compte (e-mail, login, mot de passe) qui vous permettra de choisir un thème (au-delà d’un thème, le service devient payant). Grâce à votre compte, vous définissez votre profil. Karnak remplit votre bibliothèque (un thème=une étagère) que vous pourrez consulter à partir de n’importe quel ordinateur (les résultats sont stockés sur leur serveur). Pendant que vous dormez, Karnak s’occupe pour vous de mettre à jour votre bibliothèque, de vérifier les liens et de vous envoyer par mail, en continu, toutes les nouveautés parues sur votre thème. 
  • Copernic, le moteur qui fait le ménage dans le résultat des autres moteurs

  • Copernic 2000 (version gratuite) est un logiciel que l’on télécharge et qui fonctionne avec n’importe quel navigateur. Toute requête faite à Copernic est passée à la moulinette de quelques 75 sources d’informations constituées par d’abondants moteurs de recherche. Copernic se charge de classer les réponses, de les recouper, d’éliminer les liens périmés. Les résultats sont consultables hors ligne, ce qui est un grand avantage pour la majorité des internautes connectés par modem. Chaque requête peut être enregistrée, et la même interrogation quelque temps plus tard ne fera apparaître que les nouveaux sites pertinents apparus depuis. Des fonctions d’exportation vers d’autres logiciels permettent de constituer utilement des listes thématiques de sites web, c’est-à-dire des «servographies» (en référence aux bibliographies).
  • Enfin, l’annuaire des moteurs et répertoires de recherche francophones

  • Avec "Enfin" si vous tapez «jeu», vous obtiendrez les annuaires et moteurs spécialisés sur les jeux. Outre la fonction d’interrogation, le site est un carrefour sur tout ce qui concerne les fonctions de recherche sur l’internet: lettre d’information «chasseurs de moteurs», liste des meilleures listes de diffusion et groupe de discussion sur le sujet, interviews de spécialistes sur le domaine, le top 5 des mots les plus recherchés... A signaler, un entretien avec Olivier Andrieu, spécialiste dans les outils de recherche et de référencement sur internet et reponsable du site Abondance qui édite également une lettre d’information intitulée «Actu Moteurs».
-Maya Kalsé-- 
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Source : Dossier le Monde Interactif 26 janvier 2000 [http://www.lemonde.fr/aietek]
Clics officiels : [http://www.webhelp.com] 
[http://www.karnak.com] 
[http://www.copernic.com/fr] 
[http://www.enfin.com] 
[http://www.abondance.com]

 
CULTURE WEB

13. Ananova: Lara Croft du journalisme 
La société PA New Media, assistée par des internautes zélés, est en train de fabriquer la première présentatrice virtuelle qui prendra ses fonctions en mars. Ananova sera égale à la moyenne pondérée de toutes les suggestions d’internautes qui inondent le site de leurs photos, conseils et désirs de tout poil. Dans un premier portrait dévoilé au monde, Ananova ressemble à Lara Croft et «son unité centrale se déchaîne particulièrement quand elle écoute Oasis, les Simpsons ou Mozart». Dans un renversement de situation réel/virtuel puis virtuel/réél, les femmes ressemblant à Ananova sont priées d’envoyer leurs photos sur le site.  
Bientôt, le public pourra choisir l’accent d’Ananova (évidemment, elle ne parle qu’anglais) et chaque internaute recevra les nouvelles de son choix. Quant à ceux qui concocteront les informations qu’Ananova ânonnera 24h/24 et 7j/7, il sont priés d’être «capables de donner à Ananova sa personnalité unique». Ca promet! 
--Maya Kalsé-- 

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Source : [http://www.zdnet.fr]  du 18/01/00
Clic officiel :  [http://www.ananova.com]
 
14. Solidarité avec les victimes de la tempête: Bruno Oudet veut mobiliser l'internet français 
Aux rencontres d’Autrans, Bruno Oudet, président du Chapitre français de l’Internet Society, s’était appuyé sur l’exemple de la marée noire pour lancer un appel à la solidarité en faveur des victimes de la tempête. Dans le numéro 19 d’Internet Actu, il donnait l’exemple de l’initiative du Château de Versailles. Il vient de créer le site solidarite.com.fr qui donne de nombreuses informations sur les dégâts de la tempête, les mesures, les actions de solidarité, le problème du reboisement. Solidarite.com.fr insiste également sur  la situation des mal logés. 
--Francis Linart-- 
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Sources : [http://www.internetactu.com] n°18 et 19 
[http://www.internetactu.com/archives/dossiers/solidarité/solidarité20.html]
Clics officiels : [http://www.isoc.asso.fr] 
[http://www.solidarite.com.fr/] 
[http://www.fdf.org/fr/actualités/indexurg.htm] (Fondation de France) 
[http://admi.net/bois/tempete.html] (Ressources) 
[http://www.mulot.net/rapidforum] (Forum reboisons la France) 
[http://www.chateauversailles.fr/tempete]

 
LE BILLET
15. Le web fait la pub 
La publicité envahit l’internet français, certes. Mais la publicité pour l’internet déborde maintenant vers les autres supports: affiches et écrans publicitaires sur les chaînes de télévision, magazines, etc. Cependant, les stratégies des publicitaires peuvent parfois paraître paradoxales. Ainsi, trois campagnes récentes tendent à prouver que l’internaute est un paresseux pervers et sans morale. 
Paresseux et pervers, c’est BOL qui a commencé avec ce slogan raffiné: «vous avez le droit d’être une grosse feignasse!», le tout agrémenté d’un poing inquiétant, habillé d’un slip kangourou pour exhibitionnistes. C’est maintenant le tour de Houra, l’hypermarché en ligne de la chaîne Cora, qui montre sur ses affiches une ménagère paresseuse, dotée d’un énorme aimant entre les cuisses, attirant à elle des objets phalliques et contondants: tire-bouchon métallique, râpe à fromage et autres accessoires qui y prennent une allure sado maso. 
Dans les années 69, une marque de margarine avait fait un flop avec le slogan: «Un préjugé qui vous coûtait cher». Les Français n’aimaient pas l’idée qu’ils aient des préjugés. Renault a coulé une bonne voiture, la Renault 14, avec son slogan «la poire»! Imaginez le profil de l’internaute qui mange de la margarine, roule en R14 et fait ses courses chez BOL et Houra. Quelle image de soi! 
Cela dit, c’est souvent de la publicité mensongère. La seule excitation que peut provoquer le shopping sur Houra, c’est celle que provoque la lenteur de l’affichage des pages et des 25 clics qu’il faut pour sélectionner son paquet de café. Quant à la paresse... 
Voilà pour les pervers, mais pourquoi sans morale? 
Là, c’est une campagne télévisée pour un site de ventes aux enchères. (Pas celui de Simone, l’autre).  La scène montre un immeuble en flammes et des pompiers qui déplacent leur bâche salvatrice au gré des enchères lancées par les habitants en passe d’être rôtis. Le slogan: «Si vous voulez connaître la suite, allez sur www. etc.». 
D’une part, c’est très bête. D’autre part, c’est odieux! Cela a au moins une vertu: celle de montrer et de dire exactement ce que l’on ne veut pas devenir.  

--Pierre Bastogne-- 

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LE PARCOURS

16. e-santé, e-mortel? 
Il paraît que 2000 sera l’année de l’e-santé en France. En attendant, faisons un tour d’horizon aux États-Unis. 
D’après l’Institut of Nutrition, 72% des internautes utilisent la toile pour se faire une idée de leur état de santé. Non contents de trouver les symptômes, leurs origines et les conséquences, les patients veulent aussi des remèdes et là, cela peut devenir mortel. Certains sites, après un questionnaire succinct (poids, âge, problèmes), vendent des médicaments sans prendre en considération la prise d’autres remèdes parfois incompatibles. La prise de médicaments aux effets adverses est la 4ème cause de décès d’après JAMA (Journal of American Medical Association). Les abus des pharmacies en ligne sont tels que les américains réagissent et proposent un projet de loi permettant à la Food & Drug administration de vérifier les statuts des sociétés qui vendent des médicaments en ligne. Actuellement les pharmacies réelles obtiennent leur licence dans chaque État mais sans en référer à la FDA. Les sites web, eux, devront présenter l’autorisation pour vendre des médicaments en ligne. Depuis février 99, le célèbre Amazon a investi dans la pharmacie en ligne à hauteur de 46% dans le site Drugstore.com. 
Toujours en ligne, mais réservés aux professionnels, médicaments et fournitures médicales sont vendus aux enchères. Une idée de Bergen Brunswig Corp.: son site Pharmabid (sic) met aux enchères des produits médicaux et pharmaceutiques (plasma, vaccins contre la grippe, seringues…) à destination des médecins et des hôpitaux à des prix fixés par le marché. Les produits les mieux vendus sont ceux qui se périment rapidement et les prix décollent, pour le plasma par exemple, dès qu’il y a des besoins urgents. D’autres site proposent des équipements médicaux mais, seul Pharmabid, met aux enchères des produits . 
A propos d’enchères, eBay a eu quelques frayeurs en laissant passer l’annonce d’un sinistre personnage qui a proposé un de ses reins aux enchères (un seul car il voulait garder le deuxième bien sûr). Les enchères ont démarré à 25.000 dollars pour atteindre 5,75 millions de dollars avant qu’eBay ne retire l’annonce. Le commerce d’organes est un crime fédéral  aux États-Unis, puni par une peine de prison pouvant atteindre 5 ans ou une amende de 50 000 dollars. Seul le don est légal.  

En France, les obstacles au développement des pharmacies électroniques sont nombreux: 
en particulier, le Code de la Santé Publique définit précisément les conditions d’exercice de la pharmacie (art. L511 à L519) et seul un pharmacien peut vendre des médicaments. En outre, la législation française interdit la publicité sur les médicaments remboursés auprès du grand public (Directive européenne du 31 mars 92, Décret 96.351 du 14 juin 1996). Il semble difficile de vendre des produits en ligne sans tomber sous le coup de cette réglementation.  
Partout les risques d'auto-médication—ajouté aux  risques d'auto-diagnostic—suscitent de nombreuses inquiétudes. Ces obstacles pourraient néanmoins être levés assez rapidement puisqu’une pharmacie virtuelle peut être créée par un pharmacien, comme  les sites français ParaformPlus destiné au grand public et Pharnet pour les pharmaciens. Leurs partisans ajoutent que la fonction de conseil, à laquelle les pharmaciens sont attachés, est tout à fait possible sur l'internet, outil très adapté pour la personnalisation, par exemple par le biais d'e-mails sécurisés. Par ailleurs, la délivrance de produits de parapharmacie est déjà possible via l'Internet. Jean Parrot, président de l’ Ordre National des Pharmaciens, farouchement opposé au développement incontrôlé des pharmacies en ligne, reconnaît sur le site médical français Medcost qu’internet pourrait «permettre de réaliser des prescriptions à distance dans le cadre de la prise en charge d'un patient déjà connu par un médecin donné». La première conférence européenne de la santé, organisée par l’Atelier de BNP Paribas, se tiendra le 27 mars prochain à la Cité des Sciences et de l’Industrie, dans le cadre d’Intranet 2000. 
--Rose Hermitage-- 

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Sources : [http://www.zdnet.fr]du 29/12/1999 
[http://www.atelier.fr] du 24/01/2000 
[http://www.lesnews.net]
Clics officiels : [http://www.ionnet.com] 
[http://drugstore.com] 
[http://pharmabid.com] 
[http://www.pharnet.com] 
[http://www.medcost.fr]
 
 

© 19clics - décembre 1999 
Les pictos sont d'Agnès Lanchon