Sommaire
EDITORIAL
1.Amendement
Bloche : qui représente l'internet?
ENJEUX
2.Beau
Geste ou pas?
3.Lucasfilm
: la force obscure du copyright.
LES CONTENUS
4.AOLBertelsmann?
Qui quitte qui?
5.Stephen
King, premier best seller sur le net.
6.Pianographie
: le clavier qui démnénage.
7.Qui peut
faire fi du FIFI.
TECHNOLOGIE
8.Shockwave,
ne pas se fier au site.
9.Une méthode
pour ressusciter les liens morts.
CULTURE WEB
10.Copyleft
: travaux pratiques.
11.Amis
américains pour Léonardo.
LE BILLET
12.
Universal France : l'internet, un peu!
ON AURAIT PU...
13.
Journalisme en ligne.
LES CLICS DE NOS
LECTEURS
14.
Libres enfants du savoir numérique.
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EDITORIAL
1.AMENDEMENT BLOCHE : QUI REPRÉSENTE
L’INTERNET ?
A première vue, les protestations
que les fournisseurs d’accès et d’hébergement élèvent
contre le nouvel amendement Bloche s’apparentent à une tempête
dans un verre d’eau, surtout comparées aux affaires autrement plus
lourdes qui agitent l’internet.
Pourtant ce micro débat soulève
une question de fond : qui peut parler pour l’internet en général,
qui représente l’internet ?
Le nouvel amendement Bloche, comme
le précédent, limite au minimum la responsabilité
des hébergeurs sur les contenus. La revendication des intermédiaires
techniques, parfaitement justifiée, qu’on se souvienne de l’affaire
altern.org à l’origine de l’amendement Bloche, est donc satisfaite.
En revanche, l’Association des Fournisseurs
d’accès (et hébergeurs) proteste contre les nouvelles mesures
d’identification mises en place par l’amendement. L’AFA regroupe les gros
intermédiaires techniques ( France Télécom, AOL, Vivendi,
Infonie) et est basée dans les locaux d’Infonie.
En résumé, ces mesures
obligent les producteurs de sites à indiquer le nom et l’adresse
de leur responsable. Dans le cas des pages personnelles, l’Assemblée
nationale a adopté un droit à l’anonymat : les auteurs de
pages personnelles n’auront à s’identifier qu’auprès de leur
hébergeur. Dans les deux cas, les hébergeurs seront responsables
du respect de « l’obligation d’identification ».
C’est ici qu’il y aurait problème
: selon l’AFA, la nouvelle loi obligerait les hébergeurs à
vérifier l’identité des auteurs de sites. Le gouvernement
lui oppose qu’« obligation d’identification » ne veut pas dire
« vérification d’identité », et que Catherine
Trautmann a explicitement écarté, lors du débat, la
vérification d’identité. La position du gouvernement est
enregistrée dans le journal de l’assemblée nationale. Il
n’y aurait donc pas de désaccord de fond mais un désaccord
sur l’écriture du texte qui peut être revue ultérieurement.
Donc, pas de quoi fouetter un chat,
si la campagne très politique menée par l’AFA ne soulevait
pas directement nombre de questions sur l’organisation de l’internet.
L’AFA soutient que les créateurs
de sites, refusant de s’identifier, vont se tourner vers les hébergeurs
étrangers. C’est le syndrome Laetitia Casta. L’AFA avait déjà
fait le coup lors du premier amendement Bloche ; mais, cette fois, c’était
les hébergeurs qui franchissaient le Channel virtuel ; maintenant,
l’ « internet français », comme dit l’AFA, est menacé
par une émigration massive.
Peut on poser une question ? Qui
autorise l’AFA à parler au nom de l’ « internet français
» ? Quand les internautes ont ils délégué à
AOL, France Télécom ou Infonie le soin de représenter
leurs intérêts ?
Sur les réseaux numériques,
il n’y a pas d’alternative entre s’identifier et ne pas s’identifier. Il
y a une alternative entre une identification purement et simplement imposée
par l’hébergeur ou le fournisseur d’accès (c’est la situation
actuelle), et une identification disposant d’une base légale. La
différence n’est pas mince.
Si la loi définit les
limites de l’identification, toutes les autres mentions apparaîtront
pour ce qu’elles sont réellement : une mesure de sécurité
au profit des hébergeurs, ou, pire, un moyen de se créer
une base de données personnelles très profitable.
Si la loi restreint au seul cas
de procédure judiciaire la possibilité, pour l’hébergeur,
de dévoiler l’identité du responsable du site, l’ «
internet français » sortira de cette situation équivoque
où chaque hébergeur suit ses propres règles. Car l’AFA
a beau trouver admirable l’autorégulation « à la française
», c’est l’opacité « à la française »
qui règne sur une question aussi simple que la suivante: que faites
vous, vous hébergeur, lorsque vous êtes saisi d’une demande
de renseignements de la police, ou d’un « tiers concerné »,
comme une entreprise qui enquête sur un employé ?
Il est naturel que les grandes sociétés
de l’internet défendent leurs intérêts.
Mais l’intérêt des
internautes est ailleurs.
--
Edgar Lulle --

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ENJEUX
2. BEAU GESTE
OU PAS ?
Le groupement
des éditeurs de services en ligne prépare une charte, soumise
à ses adhérents, qui permettrait de lutter contre l’usage
« abusif » du contenu des sites des entreprises de presse..
La démarche
vise avant tout les sites d’alertes personnalisées qui font florès,
les intranet d’entreprises et leurs revues de presse parfois « sauvages
», bref tous ceux qui réorganisent l’accès aux informations
produites et diffusées par les journaux électroniques.
L’initiative
suscite le débat.
Il y a quelque
chose de choquant dans certains services qui sont offerts aujourd’hui,
quelque chose qui tient du parasite. Certaines revues de presse automatiques
gomment presque, à l’usage, le médium qui a produit les informations.
Leurs opérateurs le font souvent sans rémunérer ni
le producteur, ni l’auteur. Il paraît normal que l’on s’en émeuve.
Cependant,
le Web, c’est l’hypertexte et la forme de citation particulière
qu’il autorise. Sans possibilité de faire des liens, plus de Web,
plus d’internet, on revient au Minitel en couleur, qui laisse chacun chaque
source d’information chez elle... C’est la pyramide contre le réseau.
Qui va gagner
? On sait que sur la Toile, la valeur ajoutée va vers celui qui
donne le meilleur accès... Si les entreprises de presse veulent
rester sur l’internet et déjouer les pillards... Une seule solution
: être plus performants dans l’accès qu’elles offrent aux
internautes.
Ce n’est sans
doute pas une charte d’auto régulation qui pourra régler
le problème posé. Le droit de citation est flou et mal adapté
aux nouvelles donnes du numérique. Il faudra bien un jour adapter
en profondeur le code de la propriété intellectuelle, notamment
sur ces questions.
--
Pierre Bastogne --

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3.LUCASFILM
: LA FORCE OBSCURE DU COPYRIGHT.
Lucasfilm
vient d’annoncer un accord avec Sony online et Verant interactive pour
développer et mettre en ligne, en 2001, un jeu reposant sur les
personnages et l’histoire de StarWars. Voilà pour le côté
« lumineux » de l’annonce. Car, en même temps, Lucasfilm
est violemment critiqué par ses propres fans pour une conception
passablement obscure du copyright.
La société
héberge sur son propre site StarWars.com les pages personnelles
créées par les amateurs de la série. Dans ses pages,
ils peuvent faire vivre leurs personnages favoris, les modifier, en créer
de nouveaux, bref, jouer. Certains de ces fans de la Guerre des Etoiles
se sont aperçus que le contrat d’hébergement prévoyait
que le copyright de Lucasfilm s’étendait à la totalité
de leurs propres créations. Selon la société, il s’agissait
seulement pour elle de se protéger contre d’éventuelles revendications
ultérieures, dans le cas où ses personnages s’avéreraient
trop proches de ceux créés par les fans. Mais ces derniers
font remarquer qu’avec une telle extension du copyright, Lucasfilm s’arroge
le droit d’autoriser, d’interdire ou de modifier leurs créations.
Cette affaire
est une des plus significatives des questions juridiques que l’essor du
virtuel va réellement poser.
On peut considérer
comme acquis, d’une part, que les jeux en ligne vont connaître un
succès énorme, et d’autre part, qu’ils vont autoriser un
niveau d’interactivité beaucoup plus grand, permettant aux joueurs
d’intervenir aussi bien pour créer des personnages que pour définir
les règles du jeu. En ce sens les jeux en ligne deviendront beaucoup
plus proches des jeux traditionnels et feront appel, de manière
plus puissante, à l’imagination des joueurs.
L’idée
de contrôler par l’extension du copyright l’imagination des enfants
a quelque chose de monstrueux. Si la volonté de maîtriser
la communauté des joueurs, cette sorte de grande ludothèque
en ligne, se combine avec la revendication des ayant droit européens
de revenir sur la copie privée numérique, il faut bien admettre
que ce sera la victoire de Dark Copyright.
Un conseil
de notre psychologue : laissez vos enfants mélanger tous leurs oursons
et mettre le bœuf de la crèche au beau milieu de la ferme.
--
Edgar Lulle --

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LES CONTENUS
4.AOL BERTELSMANN
? QUI QUITTE QUI ?
Quand, il
y a deux ans, en mars 1998, Bertelsmann cédait 25% des actions d’AOL
en sa possession, profitant d’une embellie du cours d’une valeur souvent
contestée, les choses étaient claires : le géant Bertelsmann
décidait seul de la forme du partenariat qu’il entendait avoir avec
AOL.
Depuis, il
y a eu le 10 janvier et la fusion AOL - Time Warner et quand on apprend
que Bertelsmann va céder les actions d’AOL qu’il possède,
on ne sait plus qui quitte qui.
L’affaire
est présentée par les deux entreprises comme une nouvelle
alliance stratégique sur les contenus, Bertelsmann devenant un «
fournisseur privilégié » de programmes pour AOL pour
les quatre années à venir.
Il y a cependant
fort à parier que la sortie de Bertelsmann de l’actionnariat d’AOL
ne se solde par la sortie des contenus de Bertelsmann de l’offre de AOL
Time Warner, au moins sur le plan international.
Dès
le 13 janvier, les commentateurs soulignaient que Bertelsmann apparaissait
comme le grand perdant de la nouvelle alliance, Time - Warner étant
un des ses concurrents directs. Malgré les allégations des
protagonistes, il s’agit donc bien d’un « divorce à l’amiable
» de sociétés qui ne peuvent plus avoir de stratégies
entièrement convergentes.
Quel scénario
? On peut penser que Bertelsmann restera le fournisseur de contenus d’AOL...
pour le marché allemand, laissant les choses sérieuses, à
savoir l’international, à son concurrent Time Warner.
C’est sans
doute aussi cela la fusion AOL Time Warner, la fourniture dans le monde
entier de contenus standardisés, tout en laissant à quelques
entreprises le soin de fournir la couleur locale.
--
Pierre Bastogne --

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5. STEPHEN KING, PREMIER
BEST SELLER SUR LE NET
Pendant que le Salon du livre de
Paris découvrait les vertus supposées du e-book, un éditeur
américain tout à fait traditionnel, Simon&Schuster, réussissait
le premier best seller 100% internet, avec un titre de Stephen King, «
Riding the bullet ». Plus de 500 000 lecteurs de King se sont précipités
pour acheter l’ouvrage en le téléchargeant.
« Riding the Bullet »
est un récit de 66 pages, diffusé exclusivement en ligne,
pour PCs, assistants personnels, et divers e-books (rocket e-book, et soft
book reader).
Le succès du titre numérique
est un événement pour deux raisons. Il démontre d’abord
que, loin d’être cantonnés aux petits tirages, les textes
édités en ligne peuvent connaître le même succès
que les livres imprimés. L’éditeur y a mis du sien, en choisissant
l’un des auteurs américains les plus populaires, et en créant
une sorte d’exclusivité au profit des lecteurs en ligne. En même
temps, avec le succès de « Riding the bullet », les
frontières du texte électronique sont une nouvelle fois déplacées.
On considérait couramment le récit littéraire, écrit
de manière linéaire, comme le plus mal adapté au numérique
: il est démontré que les courts récits peuvent être
édités en ligne et lus sur l’écran.
Au delà de son succès,
l’édition numérique de King a déclenché une
polémique interne au monde de l’édition à laquelle
le magazine Salon a consacré un dossier.
L’affaire oppose Simon&Schuster
(filiale de Viacom), et Fatbrain.com, une société d’édition
en ligne qui revendique le deuxième taux de croissance de la Silicon
Valley, derrière eBay.
Fatbrain est un spécialiste
de l’édition « corporate », c’est à dire la publication
de documents par et pour les entreprises. Elle pratique aussi bien le tout
numérique, que le tirage papier à la demande. Surtout, avec
son site Mightywords.com, elle propose aux auteurs un dispositif d’auto-édition
en ligne. Les auteurs doivent payer un dollar par mois pour se faire héberger
par Mighty.com. Par contre, en cas de vente de leur ouvrage, les royalties
sur le copyright s’élèvent à 50% du prix payé
par l’acheteur (à la place des 5 à 15% habituels de l’édition
papier).
Fatbrain avait souhaité pouvoir
distribuer le livre de King. Simon&Schuster a refusé, soutenant
que, si Amazon et BarnesandNobles, auxquels il avait confié la distribution,
ne sortaient pas de leur rôle d’intermédiaires, il considérait
Fatbrain purement et simplement comme un concurrent.
On semble bien loin ici des débats
sur l’hypertexte et la littérature.
Pourquoi Stephen King ne rêverait
il pas d’avoir, à la fois, les 500 000 exemplaires vendus par Simon&Schuster,
et les 50% de Fatbrain ?
En attendant, un pirate, zurichois
paraît il, a réussi à cracker le cryptage PDF du livre
de King, qui circule maintenant gratuitement sur des newsgroups. Voilà
qui va poser quelques problèmes à Adobe qui jouissait d’un
confortable monopole sur le format PDF. CNet titre avec modération
«horrors for publishing industry : King e-book cracked », ce
qui ne nécessite pas de traduction.
--Francis
Linart--
6. PIANOGRAPHIQUE : LE
CLAVIER QUI DEMENAGE.
C’est un site qui aurait plu à
Raymond Roussel ou Boris Vian. Les touches de votre clavier commandent
à la fois un sample audio et un graphisme. Avec un peu d’exercice
vous deviendrez un DJ multimédia. Pour débuter vous avez
droit à trois pianos (trois collections de sons et d’images). Fini
le tintement des pourboires économiques, faites vous livrer d’autres
pianos virtuels en vous inscrivant sur la liste de diffusion.
Le créateur de ce site, Jean
Claude Lemarque avait reçu le Milia d’or en 97 pour le cédérom
correspondant. Il propose aux sites commerciaux une adaptation de son dispositif
qui a été repris par Grolier pour Webbyz…
--
Francis Linart --
7. QUI PEUT FAIRE FI DU
FIFI ?
À Lille, du 14 au 19 mars
2000, s’est déroulée la deuxième édition du
Festival international du film de l’internet, le FIFI, au logo colibri.
Le FIFI souhaite mettre en valeur et récompenser les nouveaux acteurs
du « digima », créateurs d’œuvres scénarisées
uniquement conçues pour le réseau.
Parmi les manifestations consacrées
à ce que le numérique permet de nouveau et d’innovant, le
FIFI est sans doute l’événement le plus original : c’est
un festival, un vrai festival. Voitures en gare de Lille faisant pendant
aux limousines cannoises de l’aéroport de Nice, costumes noirs et
talkies-walkies, attachées de presse graciles et toujours un peu
énervées... On s’y croirait. Vanité ? Non. Symbolique!
Aujourd’hui, l’internet intéresse,
fascine, excite mais demeure un média dévalorisé,
un média « pas pour de vrai ». Voir sur l’internet,
lire sur l’internet, ne peut constituer qu’une activité secondaire,
vaguement futile et qui ne peut pas être culturelle, la culture,
la vraie, restant celle des imprimés et des radios autorisées,
du cinéma au cinéma.
Faire le festival du film de l’internet,
récompenser les créateurs d’oeuvres originales, les célébrer
avant que la mode vienne totalement, et ce, dans la bonne humeur, c’est
se faire plaisir et faire œuvre utile.
--Pierre
Bastogne--
Parmi les œuvres primées,
19clics a choisi pour vous :
La bande dessinée interactive
“ John Le Crocheur ” de IO-interactifs
(prix du public, meilleur scénario,
meilleure direction artistique)
[http://fifi.nirvanet.net/proj2k/selection_officielle/john_lecrocheur/jlc_master1.swf]
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TECHNOLOGIE
8. SHOCKWAVE, NE PAS SE FIER AU SITE
Shockwave est un plug-in (module
externe) de l’éditeur américain Macromedia. Il permet de
consulter les sites faits avec la technologie Flash nettement plus interactive
que le Html. C’est également un site de divertissement (entertainment)
cher aux internautes américains.
Admirative des animations Flash
qui permettent des sites très esthétiques et minimalistes,
je me connecte sur shockwave.com en me léchant les babines à
l’idée de découvrir le site et surtout sa nouvelle version
annoncée un peu partout.
La première connexion m’apprend
que la version de mon plug-in est trop ancienne pour consulter le site.
Qu’à cela ne tienne, je télécharge la nouvelle. Le
téléchargement se passe en deux temps et comprend un enregistrement
où l’on me conseille vivement d’accepter la transmission de données
en ligne pour que ma version soit toujours up to date. Jalouse de mon libre
arbitre et aussi par esprit de contradiction, je décline cette proposition
et achève le chargement. Enfin, les premières animations
se font jour sur mon écran. Première rubriques proposées:
jeux, bandes dessinées, musique, carte postale et créativité,
recherche.
-Je choisis d’aller voir le site
Shockwave du jour qui met en scène Crikey, un sale môme à
la mâchoire déformée et sa pulpeuse babysitter. Les
épisodes proposés tels que « cotillon macabre »
ou « destination l’enfer » sont interactifs et fascinent par
leurs couleurs acides et leurs traits anguleux.
-Je zappe sur la carte postale du
jour: un aspirateur qui se met en marche, un rat qui traverse, la tête
d’un camionneur américain à casquette. Je ne comprends pas
très bien, d’autant que pour aller plus loin, Macromedia m’annonce
que «certains nouveaux composants de l’application Shockwave ne peuvent
être installés sans votre autorisation» et «nous
vous conseillons donc de n’accepter ce logiciel que si vous faites confiance
à cet éditeur (qui est... Macromedia!!)».
-la rubrique «search»
permet, en partenariat avec le moteur Looksmart, d’effectuer des recherches
sur les seuls sites shockwave du web. Cette rubrique paraît la plus
intéressante.
-dans la rubrique «cartoons»,
je visionne une séquence interactive du personnage de Dilbert. Le
téléchargement du module Shockmachine permet d’enregistrer
la séquence afin de la visualiser hors ligne et de constituer une
véritable bibliothèque d’animations Flash.
-Dernier espoir: le New Shockwave.com
qui titre ni plus ni moins «be the first to see the future».
Un espace en trois dimensions donne accès aux rubriques search,
music, games, shows, greetings, toon maker. D’emblée, on me propose
à moi Maya de jouer au golf en me rappelant que «shockwave.com
is cheaper than therapy». En attendant de voir apparaître mon
gazon, je vais sur toon maker qui me promet de pouvoir créer mes
«cool toons» et de les envoyer à tous mes copains qui
devront ainsi télécharger le plug-in. Pendant le chargement
du logiciel (là on ne m’a même pas avertie que j’allais encore
encombrer mon disque dur, mais il fait beau et j’ai décidé
d’être cool), on me propose de faire un puzzle qui me motive moyennement.
Je préfère en profiter pour consulter la rubrique musicale.
Mon pauvre butineur connecté à 40 000 bauds mouline, et moi
je compatis, lorsque j’entends un «son of a bitch», probablement
en provenance du puzzle mécontent de cet abandon. Suffoqué,
mon navigateur déclare forfait et plante en beauté.
Pour conclure, Shockwave est une
application intéressante qui permet de consulter des sites et des
animations plus créatives et interactives. Après avoir attendu
les 26 séquences de Tim Burton (cf. un article du 3 mars de 19clics),
voilà qu’on attend les animations de David Lynch et de James Brooks
le père des Simpsons. En proposant à des créateurs
connus de faire des séquences shockwave pour le web, Macromedia
espère ainsi imposer son logiciel. D’ici là, le site proprement
dit ne semble pas abriter de chef d’oeuvre, à part ceux du mauvais
goût. Mais la fonction de recherche permet elle de découvrir
des sites shockwave du web très différents, dont un certain
nombre relevant de l’art interactif. Avoir ce module externe est aujourd’hui
quasi indispensable et permet de découvrir une nouvelle dimension
de l’internet, à condition de s’armer de patience car le chargement
des animations est très long. 19clics vous conseille un certain
nombre de sites utilisant cette technologie.
--Maya
Kalsé--

9. UNE MÉTHODE POUR
RESSUCITER LES LIENS MORTS.
Un lien sur cinq âgé
de plus d’un an mène à la page «Error 404. Page not
found». Ces «hyperliens morts» (broken links) sont si
fréquents qu’il a même été envisagé à
un moment d’insérer des publicités sur ces agaçantes
pages impasses. En réalité, très souvent les pages
qui sont pointées n’ont pas été supprimées
du web, mais ont simplement changé d’adresse. Elles existent, mais
sous une autre URL.
Thomas A. Phelps et Robert Wilensky,
deux chercheurs de l’université de Berkeley de Californie, ont publié
en janvier une méthode simple permettant de retrouver d’après
son contenu une page déplacée. Ce procédé repose
sur les «hyperliens robustes» (robust hyperlinks): une traditionnelle
URL à laquelle est ajoutée une «signature lexicale»
qui définit de façon unique la page d’après son contenu.
Cette signature lexicale est composée des 5 mots les plus utilisés
dans la page et les moins utilisés dans les autres pages du Web.
Ce calcul de fréquence (TF-IDF, term frequency and inverse document
frequency) présente l’avantage d’être facilement automatisable:
il suffit de compter le nombre d’occurrence de chaque mot dans la page,
de classer les résultats par ordre décroissant et d’interroger
un moteur de recherche pour chacun d’eux pour en connaître la fréquence
d’utilisation sur le web. Ces cinq mots qui caractérisent de façon
unique la page doivent alors être adjoints à l’URL qui devient:
http://www.quelquechose.dom/a/b/c?lexical-signature=«w1+w2+w3+w4+w5».
Le moteur de recherche cherche alors la page ayant la signature lexicale
donnée.
Andrei Border, vice président
de la recherche chez Alta Vista, juge ce système fiable, mais penche
pour une signature lexicale de 8 mots: «le truc est de trouver la
bonne formule de mots rares et qui rendent bien compte du contenu du document».
La grande majorité des serveurs de butineurs accepteraient déjà
ce type de requête, ce qui rend ce système trés vite
opérationnel et à moindre coût.
Après avoir, dans un article
de dix pages, détaillé leur méthode en la comparant
aux précédentes tentatives pour régler ce problème
d’Erreur 404, les deux chercheurs en évoquent aussi les principales
limites:
-le système ne concerne que
les pages déjà indexées par les moteurs. Les documents
cryptés, les documents image ou vidéo en sont donc exclus
pour le moment
-le système dépend
de la performance des moteurs de recherche
-les documents évolutifs
exigent de constamment modifier la signature lexicale. Ces pages ont heureusement
en général une adresse fixe (comme les pages d’accueil par
exemple).
-des fautes de frappe ou autre peuvent
générer une signature lexicale erronée, chaque correction
sur la page entraînant une modification de la signature.
Le système des hyperliens
robustes est séduisant, d’autant plus qu’il repose sur le contenu
des pages web, mais on a du mal à croire que seuls 5 mots suffiraient
à caractériser de façon unique une page web. En tout
cas il semble, à en croire les déclarations d’Andrei Broder,
que les moteurs de recherche soient favorables à l’intégration
de ce système qui devra également être intégré
par les créateurs de pages web. Espérons que cette méthode
soit adoptée et contribue à atténuer les déceptions
et grognements des internautes.
--Elsa
Zakhia--
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CULTURE WEB
10. COPYLEFT : TRAVAUX PRATIQUES.
Devenir une agence de presse
directe où les informations sont placées sous licence copyleft
telle est l’ambition de Hactivist News Service. Ce nom adopté «
par fun » comme disent les créateurs fait bien sûr
penser à la liste de difusion américaine « hacktivism
» qui a réagi dernièrement contre « échelon
» et organise le boycott des sites Yahoo pour dénoncer le
commerce d'objets du culte nazi sur le cyberespace.
Le projet d’HNS est de mettre en
circulation les informations sans les filtrer ni les traiter afin
d’en établir une circulation transversale –toutes reproduction et
modification étant autorisées comme il est précisé
en guise de copyright.
Les informations qui ne passent
pas dans les journaux, les radios ou les télés sont ici accessibles
: appels, manifestations, pétitions que chacun peut trouver dans
les domaines de son choix : droits sociaux, solidarité, logiciel
libre,cyberespace …. Les dépêches sont rédigées
directement par les acteurs des événements. Elles ne sont
pas modérées , mais l’agence veille à ce que les inscriptions
ne présentent pas de dérives racistes, sexistes, homophobes
ou négationnistes « pas de querelles entre groupuscules non
plus » (des avertis du militantisme !).
Le site, nourri par les dépêches
de correspondants, sélectionnés jusqu’à présent
parmi les activistes radicaux (Act-Up, Ac…), se met en place progressivement
et compte bien s’élargir. Il annonce pour bientôt la mise
en ligne d’un manuel pour les futurs correspondants : aide au formatage
des dépêches, mailing list, insertion des titres des dépêches
d’HNS sur d’autres sites.
Le portail est hébergé
sur le serveur samizdat créé lors des grèves de décembre
95 et connu pour accueillir des sites engagés dans des projets de
contre-réseaux de communication alternative tel la revue Multitudes
qui suivant la formule de Michel Foucault veut « prendre la politique
de revers » ou s-l-u-t- : « Samizdat Linux User
Team » groupe qui veut favoriser l’utilisation et la maîtrise
de Linux dans une perspective politique.
--
Rose Hermitage --

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11.
AMIS AMÉRICAINS POUR LÉONARDO.
Léonardo,
celui de l’Observatoire des Arts et TechnoSciences, a trouvé de
nouveaux appuis dans le conflit qui l’oppose à Léonardo,
celui de la Transacia Corporation (voir 19clics n°3) avec l’entrée
en scène de RTMark.
L’association
américaine qui se présente comme le spécialiste du
“sabotage” médiatique et de la contre-propagande humoristique mène
en effet une campagne de soutien très active depuis les Etats-Unis.
Léonardo
Finances peut se faire quelques soucis puisque c’est RTMark qui a lancé,
depuis le musée d’art moderne de New York, sa « déclaration
de guerre » contre eToys et qui a remporté la victoire (voir
19clics n° 2).
Dans le cas
présent, RTMark renvoie à un site Leonardo qui relate l’historique
des faits, incite à l’ envoi des mails de soutien à l’un
et de protestation aux autres, présente des bannières
(celles-ci changent toutes les 30 secondes) composées par des artistes
connus, vend des tee shirts au nom de la campagne « my name
is leonardo sue me » ou « Son nom était léonardo
» en français côté face (du tee-shirt). A ce
propos, on ne peut que regretter l’absence de version française
sur ces sites, y compris sur celui d’Olats. L’observatoire est pourtant
une association franco-américaine.
Pendant ce
temps, Léonardo Finances, et peut-être est-ce pour se dédouaner,
apporte 2 millions de francs au site styledefrance, start up au service
de l’artisanat d’art français. C’est en tout cas ce qu’annonce,
sans faire référence au procès, le journal du
net décidément très e-commercely correct.
--
Catherine Ficat --

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LE BILLET
12. UNIVERSAL FRANCE : L’INTERNET, UN
PEU !
Lorsqu’il était, il y a encore
peu de temps, le farouche président du SNEP (Syndicat national des
éditeurs phonographiques) Pascal Nègre, P.D.G. d’Universal
France, pourfendait le MP3, les pirates et la musique sur l’internet, souvent
dans de joyeux amalgames.
Le 15 mars dernier, Universal a
ouvert un site où l’on peut télécharger gratuitement
des extraits de musique. Tout animé, très sophistiqué,
le site s’adresse avant tout à ceux qui ont une connexion rapide.
Reprenant le concept de magazine magasin cher au patron de la FNAC, le
catalogue d’Universal est mis en musique...
Cela dit, on se demande bien à
qui se site va servir ? Ce n’est pas encore une radio, ce n’est pas un
site de vente de disques, ce n’est plus seulement un catalogue. Qu’est-ce
que c’est ? Qui achète de la musique en se demandant : « Tiens,
quel est le dernier disque d’Universal ? ».
On a l’impression qu’Universal va
sur l’internet parce qu’il faut bien, parce qu’il faut préparer
le moment où l’on pourra télécharger de la musique
« inpiratable », parce que... Pascal Nègre déclare
que le site n’est pas prioritaire dans la stratégie de l’entreprise,
il aura quand même couté environ 10 millions de francs.
Mais l’internet n’est pas un média
de diffusion supplémentaire qu’il faudrait aborder... Il ne suffit
pas d’être sur l’internet, encore faut-il être dans le mouvement
du réseau et le site d’Universal France est perpendiculaire au réseau.
Il est en quelque sorte à l’internet musical ce que la Trabant est
aux voitures du XXème siècle, au mieux un objet de collection.
Maintenant, si le site préfigure
ce que pourrait être un bouquet de radios sur le Web, Pascal Nègre
fait ce qu’il avait dit qu’il ne ferait jamais : confondre les genres de
la production, de la distribution et de la radio.
--
Pierre Bastogne --

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ON AURAIT PU...
13.JOURNALISME EN LIGNE.
On aurait pu vous parler… de la
commission de la carte d’identité des journalistes professionnels,
la CCIJP, qui vient d’ouvrir son site.
Dans un « FAQ », la
commission précise les conditions d’obtention de la fameuse carte,
signe de reconnaissance, coupe fil, carton d’invitation et autorisant les
déductions d’impôts, notamment pour les journalistes en ligne.
« Qu’en est-il du journalisme
en ligne ?
Pour obtenir la carte de presse,
le demandeur doit naturellement remplir les mêmes conditions que
ses confrères de la presse « classique », mais il doit
- en plus - être obligatoirement rattaché à la Convention
Collective Nationale de Travail des Journalistes et à l’une de ses
qualifications ; son employeur devra soit correspondre à la définition
d’une entreprise de presse, soit avoir à titre principal une mission
d’information à l’égard du public (les statuts de l’entreprise
doivent être fournis lors du dépôt de dossier de candidature)
; l’information diffusée doit être réactualisée
périodiquement en fonction de la nature de l’information ; des copies
d’écran en nombre significatif ainsi que l’adresse électronique
de la publication en ligne devront être fournies et enfin les tâches
exercées doivent être exclusivement journalistiques et s’exercer
dans une structure journalistique (rédaction, direction de l’information…).
S’il s’agit d’un support matériel
(cd-rom, dvd…) sa périodicité doit être au minimum
trimestrielle et sa régularité comparable à celle
requise pour une publication imprimée. »
C’est drôle, quand c’est en
ligne, c’est toujours plus compliqué. Enfin, les choses bougent
un peu.
--
Pierre Bastogne --

LES CLICS DE NOS
LECTEURS
14. LIBRES ENFANTS DU SAVOIR NUMÉRIQUE.
Les éditions de l’Eclat viennent
de publier une anthologie du «libre» intitulée «libres
enfants du savoir numérique» (le titre est un clin d’oeil
à «libres enfants de Summerhill», livre paru en 1974
et qui décrivait une expérience d’éducation permissive).
Rassemblée par Florent Latrive
et Olivier Blondeau, la vingtaine de textes fondateurs de la pensée
du libre porte sur la nouvelle économie du savoir, le protectionnisme
intellectuel, les logiciels libres, l’open art... Dans un prochain numéro,
19clics en fera un compte-rendu.
Persuadé de l’interaction
positive entre le libre et l’économique, Michel Valensi diffuse
simultanément l’intégralité de cet ouvrage gratuitement
sur le web et en librairie pour un prix de 179F.
Le texte en ligne est disponible
sur Freescape, le portail du libre qui se met en place et qui nous promet
d’être un «espace transversal de réflexion et d’information
sur les pratiques du libre dans l’ensemble des domaines du savoir et de
la création artistique». A suivre...
--Elsa
Zakhia--

Livre papier: ISBN 2-84162-043-3,
503 pages, prix 179F. |
Et sur le même sujet,
lire dans ce numéro de 19clics l’article « Copyleft
: travaux pratiques ». |
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