N°5 
édition du 15 mars 2000 
bi-mensuel de l'internet
culturel et politique
 
 
Sommaire 

 
EDITORIAL 
 1.La fête de l'internet, aux clics citoyens! 
 
ENJEUX  
2.Mouvements financiers. 
 
LES CONTENUS 
3.Gallica, le Baron d’Holbach en ligne. 
4.Getty gets up. 
5.Diora, faut pas prendre les internautes pour des prunes. 
 
TECHNOLOGIE  
6.Le Keebook : pour mieux lire ce qu’on veut vous vendre. 
7.WML pour WAP. 
 
CULTURE WEB 
8. Evenio, vidi non vici. 
9.McSpotlight, l’activisme U.S sur le net. 
 
 
LE DOSSIER 
10. L’internet citoyen. 
 
ON AURAIT PU... 
11. La fête de l’internet.
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
EDITORIAL 

1. La fête de l'internet, aux clics citoyens ! 
C’est la troisième fête de l’internet. Drôle d’idée que celle lancée en 1997 par Bruno Oudet et Jean-Michel Billaut, respectivement parrain citoyen et parrain marchand de la manifestation, eux qui voulaient rendre festif l’internet alors même qu’il était perçu comme compliqué et ennuyeux. Une fête de l’internet, comme il y a une fête de la musique, une fête du cinéma, des journées du patrimoine...  
Pas seulement. Cette idée de fête, c’était d’abord la réponse du Vieux continent et tout particulièrement de la France aux “ Net days ” américains, ces jours où une communauté se mobilise pour câbler une école, une bibliothèque, un équipement public. Vision américaine du cyberespace… Des pionniers se mettent ensemble pour poser des jalons, organiser, aménager… Au contraire, avec la fête de l’internet, le réseau et ses usages entrent dans la tradition des grandes célébrations nationales, celles qui ont pour objectif – certes pas toujours tenu – de rassembler le peuple, tout le peuple et pas un ensemble de communautés, autour d’une idée.  
D’ailleurs, dès la première année de la fête, c’est bien l’apparat républicain qui a été convoqué : salon doré du ministère de la culture et décorations des Arts et des Lettres, polytechniciens en uniforme à l’Assemblée nationale, réception à l’hôtel Matignon. Le message était clair : l’internet est une cause nationale : aux clics citoyens ! 
Aujourd’hui, les cyberfrontières semblent moins en danger. Les “ proconsuls ” mettent de l’ordre dans les ardeurs révolutionnaires des premiers temps et le commerce est florissant. C’est donc sans doute aujourd’hui qu’il faut donner tout son sens à cette fête singulière, celle d’une fête citoyenne, celle de l’internet citoyen, qui rassemble le plus grand nombre autour d’usages nouveaux et de libertés nouvelles. 
--Pierre Bastogne -- 

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ENJEUX 

2. Mouvements financiers 
Depuis le début de l’année, la nouvelle économie a connu une explosion des opérations financières. Pour nos lecteurs, qui ne sont pas tous abonnés au Wall Street Journal, voici un rappel des principales opérations. 
 

  •  AOL (American OnLine) absorbe Time Warner. La principale société de l’internet prend le contrôle d’une société de contenus.
  • Lagardère et CanalPlus concluent un accord autour du satellite confortant ainsi l’industrie audiovisuelle française
  • Vivendi crée une filiale : Vnet, elle regroupe les activités internet du groupe, (Canal Plus et Havas)
  • Vivendi et Vodafone annoncent la future création d’une filiale commune autour d’un « portail multi accès-MAP », rapprochement entre les contenus et les services sur les téléphones mobiles de la nouvelle génération
  • Vodafone réussit son offre publique d’échange sur Mannesmann et crée ainsi un géant des télécoms, numéro un en Allemagne, Grande Bretagne, Italie et par ses accords, numéro deux en France et en Espagne.
  • Le portail suédois Spray fusionne avec le prestataire français Caramail
  • Le groupe Lagardère échange 99% de Club Internet contre 6,5% de T-Online  fournisseur d’accès de Deutsche Telekom, nouvelle illustration du mariage entre « contenants » et « contenus »
  • Succès de l’entrée en bourse d’ArtPrice.com, première société                 « dot.com » française spécialisée dans l’information sur la côte des œuvres d’art.
  • Cap Gemini rachète  le pôle conseil de l’américain Ernst & Young et se hisse à la cinquième place mondiale du secteur.
  • Dans la seule journée du 2 mars 2000, l’action France Télécom a gagné plus de 25% à l’annonce de la cotation de ses activités Internet. L’augmentation de sa capitalisation boursière est de plus de 45 milliards d’euros.
  • Le fournisseur d’accès internet néerlandais World Online annonce son entrée en bourse.
  • Deutsche Telekom annonce l’introduction en bourse de sa filiale T-Online.
  • La communauté virtuelle Multimania  fait une entrée fracassante au Nouveau Marché : l'offre a été sur souscrite plus de 100 fois.

  •  
--Rose Hermitage-- 
 
Sources: [http://www.latribune.fr]
 
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LES  CONTENUS

3. Gallica, le Baron d’Holbach en ligne. 
Gallica, le site de la B.N.F numérique connaît déjà un réel succès. Certains jours, plus de 200000 pages sont téléchargées par les lecteurs en ligne. A ce rythme, dans quelques années, la communication des ouvrages numérisés devrait dépasser, par son ampleur, celle des ouvrages imprimés. La collection qui comporte 35000 titres devrait être portée à 50000 cette année. 
Avant d’arriver à ce résultat, le projet de la B.N.F a connu bien des tribulations qui résument parfaitement le climat très particulier dans lequel s’est développé l’internet en France. 
D’un côté, une anticipation judicieuse de l’évolution des bibliothèques et du texte : numérisation des ouvrages, bibliothèque en réseau, navigateur hypertexte (le « Poste de lecture assistée par ordinateur »). C’est cette anticipation qui a conduit certains promoteurs de l’Internet américain, comme John Gage, Ted Nelson, Clifford Lynch, à s’intéresser de près, voire à participer au projet. 
De l’autre côté, un état d’esprit passéiste et routinier considérait le numérique comme un gadget anti-culturel, caractéristique de la société du spectacle. Au début des années 90, il s’appuyait sur l’orientation de France Télécom, soucieuse de conserver l’hégémonie de son minitel, et sur la myopie des principaux constructeurs et prestataires français : il ne s’est trouvé, à l’époque de Mosaic, aucune société pour tenter d’industrialiser le navigateur de la B.N.F. 
Le résultat actuel est un compromis de ces deux tendances : abandon du navigateur, programme de numérisation en mode texte plus ou moins en panne ; mais une belle collection numérique qui fait de la B.N.F la plus grande bibliothèque en ligne. 
Découvrir dans une bonne édition des textes de référence souvent introuvables, écouter la voix d'Apollinaire, avoir toutes ces richesses à portée de soi, sans être contraint par la distance, ou les horaires: Gallica vaut la peine. 
Vous rencontrerez quelques déboires. Le serveur est souvent surchargé. Le site lui même est un peu alambiqué. Le plus simple est de passer par le catalogue numérique. Les « parcours » sont moins fiables, même si l’idée de présenter des ensembles de textes est intéressante ; parfois certains textes mentionnés ne sont pas encore numérisés. 
Faute d’obtenir un titre du Baron d’Holbach « l’Art de ramper à l’usage des courtisans », j’ai du me rabattre sur sa « Cruauté religieuse ». 
Il ne reste plus qu’à imaginer la bibliothèque du futur, une bibliothèque virtuelle, adaptée aux nouvelles formes d’écriture et de publication sur le net. 
--Edgar Lulle-- 

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Clics Officiels : [http://gallica.bnf.fr]
 
4. Getty gets up. 
Getty Images se présente comme le principal fournisseur mondial (ces superlatifs sont de mise sur le net) d’images et ce  n’est pas complètement faux. 

En novembre 98, sa filiale, PhotoDisc, révolutionne le mode de commercialisation: elle vend des photos libres de droits. Les photographes sont rémunérés sous forme de royalties en fonction des ventes, les clients se voient proposer trois types de tarifs selon les critères habituels de destination de la photo, du tirage et du support mais ils sont propriétaires de cette photo à vie et  peuvent la modifier ou la retoucher à leur guise. 
Un an plus tard exactement, en novembre 99, autre transaction stratégique, Getty Images s’offre, pour 183 millions de dollars, la banque d’images de la célèbre Eastman Kodack Company : Image Bank.. 
Le stock d’images de Getty passe ainsi de 30 à 60 millions d’unités, et le nombre d’heures de films à 30 000.  
Quelques temps auparavant, en mai 99, c’était au tour de l’américain Art.com, spécialiste de l’art grand public en ligne, de tomber dans l’escarcelle de Getty. 
Les images intéressent d’autres grands noms puisque quelques trois mois plus tôt Corbis  - agence de photos dans laquelle Bill Gates a investi personnellement –a acheté l’agence française Sigma. 

Fin d’année mouvementée, en décembre 99, la société annonce une alliance avec le site iSyndicate.com consacré à la vente de contenus variés (audio, jeux interactifs, informations…). L’accord qui porte sur une période de deux ans fait de Getty Images le fournisseur exclusif de iSyndicate sur les domaines de la photographie, de l’illustration et de la vidéo. Cette opération  implique toutes les divisions spécialisées de Getty Images : AllSport (photos sportives), Online USA (les célébrités) Hulton Getty (photos d’archives), PhotoDisc, Tony Stone Images. 

En 1999, Getty Images a réalisé 247,8 millions de dollars de chiffre d’affaires, le commerce électronique représentant 67,9 millions de dollars. 

Le groupe avait promis un portail, il arrive en janvier 2000 : Gettyone. Ce Portail « vertical » permet aux créateurs professionnels d’accéder à de multiples bases de données intégrées (celles déjà mentionnées augmentée des collections de la Bridgeman Art Library spécialisée dans les beaux arts). Le progrès est sensible pour les professionnels de l’image habitués à mener leurs recherches dans des bases qui sont toutes organisées de manière différente, n’utilisent pas le même thésaurus ni les mêmes méthodes de classement. Les bases de Getty Images sont harmonisées et la recherche, la comparaison, l’accès, la fourniture et même la facturation des documents sont conçus suivant des modalités  simples et rapides. 

Les transactions continuent à un rythme soutenu en ce début d’année : en février l’agence photographique Visual Communication Group (VCG), le principal rival est racheté au groupe britannique United News and Media pour 220 millions de dollars. VCG intègre le portail gettyone.come en l’augmentant des importantes collections de quatre marques: Pix en France, Bavaria Bildtagentur en Allemagne Telegraph Colour Library au Royaume-Uni et FPG aux États-Unis Toujours en février, une alliance se concrétise avec Alta Vista ; intégration de plusieurs centaines de milliers d’image de Getty Images dans les index d’Alta Vista. 
Enfin, en mars, EyeWire, marque sous laquelle Getty vend les photos libres de droits, signe un accord avec ZDNet. EyeWire sera le fournisseur d’images du nouveau site de ZDNet. 

Voilà ce qui s’appelle une politique de croissance externe. 
--Catherine Ficat -- 
 

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Sources : [http://www.latribune.fr] du 21/09/1999 et 29/02/2000 
[http://www.neteconomie.fr]du 07/12/1999
Clics officiels : [http://www.getty-images.com 
[http://www.gettyone.com/en-us/home/home.asp
5.Diora, faut pas prendre les internautes pour des prunes. 
Diora.com est une start-up française qui à première vue se démarque des radios traditionnelles. En effet, des radios dites généralistes à celles thématiques, voici venu le jour de la 3°génération, celle de la radio personnalisée accessible par internet et les téléphones mobiles. 
Il s’agit ni plus ni moins d’une radio à la carte dont le radionaute est le cuisinier en chef. A ce titre, il sélectionne les infos qui l’intéressent et «seulement celles-ci» en composant son programme en toute liberté. Le grand mot est lâché: Liberté. 

Avouons le, qui n’a jamais rêvé d’être enfin un véritable acteur. Notre libre arbitre est chaque jour mis à l’épreuve, notamment dans les média – fussent-ils sur le net – et même lorsque nous pensons choisir. 

Prenons, afin d’être didactique, l’analogie avec les nourritures terrestres. Notre goût et accessoirement notre portefeuille sont subrepticement flattés lorsque, dans un restaurant nous lisons: cuisine à la carte. Nous focalisons notre regard sur un des contenus alléchant proposésEt l’on oublie bien vite que le dessert ou l’entrée sont inexistants. C’est la technique marketing, vieille comme le monde, de l’arbre, qui, lorsque l’on a le nez dessus, cache le reste de la forêt. 

Assez de digressions, soyons anglo-saxons jusqu’au bout des ongles, start-up oblige, capital qui plus est de 6 millions de francs – objectif 60 millions en juin. Démonstration down to earth; à partir d’un PC muni de Real Player – version 2 suffit, contrairement à ce qui est annoncé. 

Pour obtenir un avant goût de ce que peut vous proposer Diora.com, pas moins de trois «pack découverte» vous sont actuellement proposés gratuitement: économie, loisirs et culture. En européen convaincu, pétri de complexes envers les anglo-saxons, je me réfugie dans le seul domaine que j’imagine pouvoir suivre. Je clique donc sur le «pack culture», et passé l’inévitable attente «connexion tampon» soudain : Caramba, yé soui connecté! 

Surgit alors une voix aussi douce qu’un gant de crin qui disserte sur une certaine «Prune, princesse de Monaco de Créteil». 

Dix bonnes minutes d’écoute me sont nécessaires pour réaliser que la journaliste en question effectuait, culturellement parlant, une critique dithyrambique sur un livre qu’elle avait sélectionné. La Prune en question étant une créature de Créteil qui se rêvait princesse du rocher. A ce stade, il paraît nécessaire de préciser que la journaliste en question, comme l’annonce la plaquette de présentation de la dite radio de 3° génération, telle une charte de déontologie, est une spécialiste dans son domaine: «Un même journaliste ne traitera pas un sujet sur le sport puis un autre sur les voyages…». Comme le ridicule ne tue plus, on ose ajouter: «A chacun son métier! ». 

En résumé, le principe du choix à la carte des thèmes personnalisés sur Diora est respecté, on élimine les éléments radiophoniques non séduisants. Cependant, rien ni personne ne garantit qu’à l’intérieur du thème sélectionné vous ne serez pas obligé de faire le même tri habituel que pour une station classique. 
-- David Gabbani -- 

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Sources : [http://www.tregouet.org ] ART Flash n°87
Clics Officiels : [http://www.diora.com ]
 

 
TECHNOLOGIE

6. Le Keebook : pour mieux lire ce qu’on veut vous vendre. 
Contrairement au e-book, le KeeBook n’est pas un support physique mais un logiciel qui permet de mettre en forme des contenus très différents dans des livres virtuels personnels consultables avec un navigateur web.  
Il est édité par KeeBoo Corporation, entreprise privée créée en 1997 par des Français et financée par des capitaux-risqueurs essentiellement américains. 

Très simple d’utilisation, le KeeBook se présente sur votre écran d’ordinateur comme un livre ouvert avec deux pages se faisant face. Pour monter votre livre, il suffit de cliquer sur une page issue du web qui vous intéresse, sur un fichier de bureautique, ou sur une image stockée sur votre disque et de les glisser sur la fenêtre représentant votre livre KeeBook. La mise en page se fait automatiquement selon vos différents goûts: HiTech, Fun, Gutenberg, Classic. Vous êtes aussi en mesure d’organiser le livre en chapitres et sous-chapitres et d’y mettre des annotations. Une fois terminé, vous pouvez ranger le livre, toujours par cliquer-glisser, dans votre bibliothèque thématique. Il est possible d’envoyer un livre par courrier électronique au format web ou au format KeeBook ou encore de publier son livre sur son propre site. Une zone personnelle sur le site de KeeBoo permet de connaître le taux de consultation de vos livres.  

Un partenariat a été lancé avec la Fnac en février : les visiteurs de la fnac.com sont classiquement invités à enregistrer leur profil culturel, et la Fnac leur envoie par mail, grâce à la technologie KeeBoo, tout ce qui peut les intéresser. Bientôt, le KeeBook devrait permettre à l’internaute de se constituer des dossiers virtuels à partir des pages web du site de la Fnac. On entrevoit là l’intérêt économique pour KeeBoo d’offrir gratuitement ce logicel. En effet, d’une part il permet d’augmenter la diffusion des contenus multimédias issus d’un site web, d’autre part l’internaute peut facilement conserver hors-ligne des contenus en-ligne. C’est donc un outil qui augmente la durée de vie des contenus internet et les met en valeur, ce qui intéresse beaucoup les sites commerciaux. Techniquement, KeeBoo ne fonctionne que pour Windows, nécessite 200Mhz, 32Mo de Ram et 30Mo de disque, et surtout ... qu’Internet Explorer 4.01 soit installé sur votre ordinateur, même si vous pouvez consulter votre livre avec un autre navigateur!! La tribu Macintosh et le front anti-Microsoft seront ravis ! 
--Elsa Zakhia-- 

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Clic officiel : [http://www.keeboo.com ] 
Démonstration Flash de 5mn du KeeBook et téléchargement de la version 2.1.
7. WML pour WAP 
19 clics a précédemment exposé les enjeux soulevés par le WAP. Les enchères ne sont évidemment pas terminées. Pour faciliter l’accès au net à partir de téléphones ou agendas portables, il faut adapter le langage HTML (HyperText Markup Langage), utilisé dans la majorité des pages web actuellement. Le WML est ce langage. Partant du constat que la plupart des appareils portables ont des écrans petit format, noir et blanc, des mémoires relativement peu puissantes et un temps de connexion au net assez long, le WML permet de regrouper plusieurs  « cartes » (ou pages  HTML)  dans un même fichier. Certaines balises HTML sont reprises dans le WML, par exemple, les balises <IMG> image ou <P> paragraphes... Un fichier WML contient donc plusieurs cartes, lorsque ce fichier est appelé, toutes ses cartes sont automatiquement téléchargées, les instructions et le texte contenus s’affichent à l’écran de l’appareil. Concernant l’image, le seul format reconnu est le WBMP (Wireless BitMap) qui ne produit que des images en noir et blanc.  
L’hébergeur de web gratuit iFrance a choisi de faire du  WML sa spécialité et d’en offrir le service aux  entreprises comme aux  particuliers qui peuvent créer sans frais un site WAP, en cinq étapes simplement exposées sur le site. 
-- Rose Hermitage -- 
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Sources: [http://www.mmedium.com] du 23/02/2000
Clic officiel: [http://www.ifrance.com]
Clic interne: [http://www.altern.org/19clics/Numero01/1999-12-01.htm#13 ]
 

 
CULTURE WEB

8.Evenio, vidi non vici. 
Une jeune société lyonnaise, arakiri technologies, a annoncé récemment le lancement sur l’internet d’un annuaire des «événements» français: expositions, spectacles, manifestations sportives, mais aussi introductions en bourse des entreprises!!! (il est vrai que cela génère de nombreuses fêtes privées)… Pour un annuaire, c’est un annuaire! aucun contenu éditorial, une base de données relationnelles plutôt bien faite qui agrège les prochaines régates de la Rochelle à Pélléas et Mélisandre (sic).  
On a des doutes sur les usages qu’un tel annuaire peut susciter… C’est aride et cela ressemble beaucoup à du Minitel en couleur. Ca marche, mais pas d’enthousiasme.  
Plus étonnant est l’âge des deux frères qui ont créé l’entreprise… 23 et 25 ans et qui ont réussi à rassembler sur la base d’une idée somme toute banale, quelques millions de francs. 
Il n’y a pas à dire, soit les choses changent, soit il y a un truc… 
--Pierre Bastogne-- 

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Clic officiel : [http://www.evenio.com]
 
9.McSpotlight, l’activisme U.S sur le net 
C’est le site que Dan Gillmor, un des éditorialistes américains les plus célèbres, donne comme exemple de l’activisme sur l’internet. 
McSpotlight est entièrement consacré à l’analyse critique (dans le genre fulminant) de MacDonald. La société est disséquée sous toutes ses coutures: hygiène, nutrition, publicité, politique du personnel, traitement des animaux, etc. Créé en 1996, à l’époque d’un procès célèbre qui opposait MacDonald à deux de ses anciens employés, McSpotlight affiche un million de hits par mois. Si cela vous tente, sachez qu’ils recherchent des contacts français. Pas de mention des activités de José Bové. Réservé aux esprits systématiques, mais une visite du site est intéressante pour découvrir ce qu’est une campagne américaine sur le net. 
--Francis Linart-- 
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Clic officiel : [http://www.mcspotlight.org]

 
LE DOSSIER
10. L'internet citoyen 
A l’occasion de la fête de l’Internet, 19clics ouvre le dossier de l’internet citoyen. Nous avons relevé sept thèmes significatifs de cette approche du net. Chaque thème est éclairé par un exemple, positif ou négatif.  
 
1.internet: espace public ou espaces privés
C’est la question qui détermine toutes les autres. L’Internet est il un espace public qui abriterait des sous espaces privés, à l’image des villes? ou bien un ensemble d’espaces privés utilisant le même modèle de communication interne, comme les hôtels ou les parcs à thèmes? 
Athènes, Disneyland, Las Vegas? 
L’internet des pionniers relève du premier modèle, celui du commerce électronique du deuxième. Aujourd’hui, les deux modèles coexistent tant bien que mal sur le réseau. 
AOL, la moins internet des sociétés internet, a popularisé la notion de portail: accédez à «tout l’internet» en passant d’abord par «mon internet», entrez dans la ville en passant par l’hôtel. D’autres rêvent de privatiser le net à partir des mobiles et ne conçoivent les internautes que comme des abonnés. 
L’espace public de l’internet est une réalité concrète. Ce sont les moyens d’accès, de recherche, les forums, les données publiques. Il est essentiel que ces activités ne puissent pas faire l’objet d’une appropriation privée totale. Les pages personnelles doivent rester un moyen d’expression publique, et non pas une base clientèle qui permet de connaître l’identité et le profil de consommation de chacun. 
Certains aimeraient bien remplacer le réseau des réseaux par un ensemble de réseaux privatisés. Pourtant le commerce électronique lui même a besoin d’espaces neutres, parfaitement fiables, acceptés par tous les internautes, parce que gérés collectivement. Il n’y a pas d’internet marchand sans internet citoyen. Comme il y a une mal-bouffe, il y a une mal-navigation. Elle provoquera les mêmes réactions. 
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Powow: forum et vrai malaise 
Powow, le forum de Vivendi modéré par Ariel Kyrou est consacré aux questions politiques (pardon, aux questions d’éthique et de déontologie) de l’internet. Il accueille les contributions de personnalités connues et représentatives, et fourmille de sondages et de votes électroniques. D’où vient alors qu’on ne peut se retenir d’un certain malaise? Le débat public pris en main par un grand groupe, c’est ça l’avenir? 

Clic officiel: [http://www.powow.net/fr/projet/] 
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2. Vies privées: stop, trop c'est trop
De ce côté là, 1999 a été l’annus horribilis. On n’aura jamais parlé autant de déontologie que dans cette période où toute déontologie semblait avoir été oubliée, et la netiquette paraissait devenir du snobisme. La liste est assez décourageante: spammings systématisés, cookies enregistrant les parcours des internautes, fichiers informatiques effectués à partir des commandes en lignes, revente des bases de pages personnelles, pressions auprès des hébergeurs pour obtenir des renseignements sur les responsables de sites, espionnage des communications par Echelon, elle est loin la douceur du premier internet.  
Parmi les sociétés dénoncées, on trouve Microsoft, AOL, Real Networks, Intel… 
Aux Etats Unis, la défense de la privacy est devenue le thème prépondérant des campagnes sur le net. La France adapte sa loi «Informatique et libertés».  
Mais la riposte la plus efficace est venue des internautes eux mêmes qui ont fait reculer plusieurs sociétés peu regardantes sur leurs méthodes. 
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DoubleClick, multiple mouchard 
Kevin O’Connor, le président de DoubleClick, a trouvé la réponse aux procès que lui font plusieurs organisations de consommateurs: de la déontologie, of course, et un site qui permet de se défaire du cookie DC: Privacychoices.org. Les affaires de DoubleClick reposent bien sur la gestion d’une pseudo base de clientèle, obtenue par le croisement des informations sur la navigation des internautes (grâce aux cookies), celles détenues par Abacus, une base de données comportementales rachetée par DC, et des informations nominatives. Le capital de DoubleClick: un stock de données personnelles de 100 000 noms. 
Question: est ce qu’on est enregistré quand on consulte privacychoices? 
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3. Liberté d'expression sur le web
En tant que média, le web a été chargé de tous les défauts du monde: «contenus et comportements illicites», colportage de rumeurs, absence de professionnalisme, comme s’il fallait à tout prix faire oublier qu’il s’agissait d’abord de la plus grande avancée pour la liberté d’expression, depuis l’invention de la presse. 
En France, une tradition fort peu libérale poussait, derrière les slogans de l’autorégulation et de la corégulation, à confier la juridiction de l’expression sur le web aux professionnels responsables en concertation avec l’Etat. Un rapport du Conseil d’État envisageait même sans rire de mettre sur pied une hot line qui aurait permis aux victimes de saisir cet organisme d’autorégulation. Heureusement, il semble bien, qu’à la suite de l’affaire Altern.org (notre bienveillant hébergeur), et dans la lignée de l’amendement Bloche, le gouvernement ait mesuré les risques d’une telle orientation pour la liberté d’expression. 
En revanche, un vent mauvais a soufflé des Etats Unis où la première décision judiciaire dans l’affaire Etoys revenait à nier purement et simplement le droit d’expression d’une association artistique. On revenait à l’époque où le ministre de l’intérieur français interdisait la Religieuse de Rivette . 
Là aussi, la mobilisation des internautes a permis un retournement de ce jugement de censure. 
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Leonardo, les pavés sous la plage 
L’affaire Leonardo semble prendre le même tournant que celle d’Etoys. La mobilisation, menée en France par Iris, et aux Etats Unis par RTMark, semble préoccuper le PDG de Transacia, Yves Delecour. D’après Zdnet du 11/03/00, il désavoue ses avocats qui ont fait fort en réclamant 6MF de dommages et intérêts à l’Olats. Pour autant, il n’a pas encore clairement opté pour une solution à l’amiable. 19clics a présenté cette affaire dans le n°3 du 08/02/00,   («Leonardo di proprio»). Nous exprimons notre solidarité à Roger Malina et Annick Bureaud et nous associons à la campagne en cours. 

Clics officiels: 
[http://www.olats.org] 
[http://www.leonardofinance.fr] 
Clic interne:[http://www.altern.org/19clics/Numero03/2000-02-03.htm#1 ] 
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4. L’internet civique
L’internet citoyen, ce n’est pas seulement la mobilisation contre les empiétements de certaines sociétés et des comportements répressifs, c’est aussi l’affirmation d’une autre conception de la vie sociale. Même si le réseau reste encore largement introverti, et parfois narcissique, l’idée d’utiliser l’internet pour améliorer aussi la vie dans le monde «réel» fait son chemin. 
La campagne de l’ISOC contre les conséquences de la tempête en est un exemple. Le succès considérable de Radio.phare a transformé ce site en principale source de références pour tous ceux qui voulaient s’engager sur la marée noire.  
Il y a en tout cas un secteur où l’internet a pris une place considérable, c’est celui du débat public. La multiplication des forums et des listes de discussion pourrait assez rapidement faire du net un des pôles les plus importants d’exercice de la démocratie. Les médias classiques, avec leurs débats sans surprise, leur mépris fréquent du citoyen de base, feraient bien de se renouveler. Quel souvenir nous laisseront dans quelques années le «standard qui explose», le «micro promené dans le public», la «tribune des lecteurs», le «radio trottoir»? Probablement un mélange de condescendance, de bricolage, de censure et de muflerie.  
A nous d’imaginer autre chose.  
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Biblio.fr, bonne maison 
Il existe peu de listes de discussion en France comparables à l’américain Slashdot, ou à l’européen Nettime. Nous avouons un faible pour Biblio.fr, la liste des bibliothécaires, animée par Hervé Le Crosnier. 

Clic officiel: [http://www.cru.fr/LISTES/biblio-fr@cru.fr/] 
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5. La question du fossé
Très peu de pays ont déjà réussi à étendre l’usage de l’internet à la majorité de leur population. Sans surprise, ce sont les pays les plus homogènes culturellement et les plus égalitaires socialement qui y réussissent: la Finlande, les pays scandinaves, les Pays bas. 
Tous les autres sont confrontés à la même difficulté: l’inégalité d’accès à l’internet, inégalité clairement sociale, même si les raisons culturelles jouent plus que les raisons strictement financières. 
Le Président américain fait campagne contre le «gap» (fossé) de l’internet. On parle en France de société de l’information à deux vitesses, d’»illectronisme». 
Les groupes dominants de la net-économie se préoccupent d’élargir leur marché. «AOL anywhere», c’est l’internet américain qui s’étendrait de 40 à 80% de la population: la solution de Steve Case passe par le couplage télévision-réseau. Les opérateurs européens parient sur le mobile. 
La démocratie et le marché devraient s’accorder sur l’objectif d’une généralisation, d’une banalisation de l’internet. Mais, à la différence de l’automobile, de la télévision ou du téléphone, elle passe nécessairement par une formation minimale: apprendre à s’exprimer, à communiquer. En France, plusieurs initiatives ont été prises: connexion des établissements scolaires, création des espaces culture multimédia, opérations comme la fête de l’internet. Mais aucun pas décisif n’aura été accompli tant que tous les lycéens n’auront pas reçu systématiquement une formation de base leur permettant non seulement de naviguer, mais aussi de s’exprimer sur le net. 
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Internet dans les cités 
Le Centre culturel Le Chaplin, situé à Mantes, dans le quartier du Val fourré est l’exemple d’une utilisation démocratique de l’internet et du multimédia. A travers l’expérience de la communication, et de l’écriture, les jeunes découvrent une socialité différente de celle qu’ils subissent habituellement. 

Clic officiel: [http://www.mantes-la-jolie.com/chapnew/index1.htm] 
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6. Nouvelles moeurs, nouvelles pratiques
Le développement de Linux et des logiciels libres a une portée considérable. 
Nous avons montré, dans le numéro 4 de 19clics, comment le courant pour la «source libre» (open source), qui s’inspire des logiciels libres, permettait de combiner l’accès à des ressources textuelles gratuites, et l’écriture collective, transformant ainsi de manière radicale le processus de publication. 
Les logiciels libres traduisent surtout une nouvelle logique économique qui va bien au delà du travail coopératif pour produire des logiciels de qualité, et modifie les rapports entre consommateur et producteur. Il est très peu probable que la société de l’information conserve à l’identique le modèle actuel de consommation, fait de passivité et de subordination du client. L’utilisateur de logiciels veut avoir accès au code source. Le lecteur de journaux électroniques veut pouvoir vérifier les informations en remontant aux sources. C’est le même mouvement que l’on retrouve dans d’autres secteurs, comme les produits alimentaires, la qualité de l’environnement, les services financiers, les décisions administratives. En demandant à contrôler l’information sur le produit, le consommateur s’invente un pouvoir de participation au contrôle de l’économie. Au moins l’internet contribue t il à rééquilibrer le rapport de force entre le consommateur et le commerçant. 
Ceux qui rêvent de clients captifs feraient bien de se réveiller. 
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Slashdot, american graffiti 
Slashdot.org est l’adresse pour découvrir le débat sur la «copyleft attitude» et le mouvement de l’»open source», c’est à dire l’extension à l’écriture collective des principes du logiciel libre. 
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7. Les internautes doivent participer à la gestion de l'internet
La question de la «régulation» ou de la «gouvernance» de l’internet a jusqu’à présent été posée en fonction des intérêts ou points de vue des entreprises et des états. On cherche à protéger les intérêts des prestataires techniques, hébergeurs ou fournisseurs d’accès. On veut garantir les droits des producteurs de contenu, comme dans le domaine de la musique, ou favoriser le développement du commerce électronique. Les états cherchent à faire appliquer leur droit interne, et à éviter les aspects de la mondialisation trop favorables aux Etats Unis. 
Il est plus que temps de prendre en compte, à tous les niveaux de décision, le point de vue des internautes eux même, comme citoyens et comme consommateurs, qu’ils se contentent de naviguer sur la toile, ou qu’ils s’expriment à travers les pages personnelles, les listes de discussions. Les internautes doivent être partie prenante, non seulement des décisions qui les concernent directement, mais aussi des règles générales de fonctionnement du net, qu’elles soient élaborées par les organisations qui pilotent le réseau, ou par les états. De ce point de vue, le citron d’or du mépris de l’internet citoyen doit sans hésitation être décerné à la Commission Européenne qui élabore sa directive sur la société de l’information sans organiser le moindre débat public pour entendre les internautes. 
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Christian Paul, faites-lui votre rapport 
Lionel Jospin a confié au député de la Nièvre le soin de mener une mission sur le futur organisme de «co-régulation». Il faut éviter la constitution d’un C.S.A de l’internet. Tout n’est pas joué. Faites lui connaître votre point de vue. 

Clic officiel: [http:www.internet.gouv.fr] 
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--Edgar Lulle--  

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ON AURAIT PU...

11. La fête de l'internet 
La fête de l’internet se déroulera partout en France le week-end du 17 au 19 mars 2000. Comme l’année dernière, le samedi et le dimanche, la Cité des sciences et de l’industrie sera ouverte gratuitement au public. On pourra s’y initier au net, dans un village organisé en quartiers, chacun présentant une catégorie d’usages: la formation, la santé, la culture… 
Catherine Trautmann, marraine de la fête de l’internet, remettra comme chaque année des décorations des Arts et Lettres. Après les pionniers du net français, Louis Pouzin, Bruno Mannoni, Jacques Guidon, cette année, des artistes et des créateurs sont à l’honneur: Anne-Marie Duguet, Maurice Benayoun, Jean-Pierre Balpe, mais aussi Isabelle Aveline de ZazieWeb et Hervé Le Crosnier créateur de la liste de diffusion Bibliofr. Il y a des décorations qui font plaisir… Félicitations de 19clics à tous. 
--Pierre.Bastogne-- 

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Clic officiel : [http://www.fete-internet.fr]: le site de la fête: 
[http://www.fetedelinternet.com]: le site de la cité des sciences 
 
 

 

 

© 19clics - décembre 1999 
Les pictos sont d'Agnès Lanchon