Sommaire
EDITORIAL
1.Seattle,
la nouvelle économie,
les
gens
ENJEUX
2.Sale
temps pour la corégulation
3.Vie
privée
4.RealNetworks,
l'espion
qui venait du son
5.Les
consommateurs
portent
plainte : Cybercâble vs Microsoft
INDUSTRIES DE CONTENU
6.Fnac
en ligne :
le média
dans le magasin
7.BFM
à la demande
8.TF
1, 2, 3 Partez!
9.Lagardère
met de l'ordre
dans
ses contenus
10.Softissimo
VU D'AILLEURS
11.Des
start-up mettent les cours d'universités américaines en ligne
TECHNOLOGIE
12.La
vidéo plein écran sur Internet?
13.WAP
doux WAP
ON A LU
14."Le
nouvel ordre numérique"
de
Laurent Cohen-Tanugi
LE BILLET
15.Populis,
que le peuple se révolte !
LE DOSSIER
16.Les
libraires en ligne françaises
|
EDITORIAL
1.Seattle, la nouvelle économie,
les gens
Quelle est la leçon de Seattle pour la nouvelle économie
?
On ne peut pas dire que l'internet ou le commerce électronique
aient occupé une grande place au sommet sponsorisé par Microsoft.
Mais, malgré cette discrétion, les maîtres du «global
business» devraient décortiquer avec soin l'échec de
Seattle et se pencher en particulier sur cette nouveauté imprévue
: l'irruption des «gens» dans les débats des sommets
consacrés à la mondialisation.
Les gens justement profitent de la nouvelle économie,
comme ils profitent du commerce mondial. Ils tirent parti de la baisse
des prix des technologies de l'information. Ils accèdent à
de nouveaux biens et à de nouveaux services. Ils ont la possibilité
non seulement de communiquer sur le réseau, mais aussi d'y mettre
en valeur leurs propres initiatives économiques. Et finalement ils
profitent de cette croissance qui doit bien avoir un lien avec la nouvelle
économie.
Il y a mieux.
Les gens adorent qu'on leur donne un portable, ou un ordinateur ; ils
adorent la gratuité. Les économistes disent que ça
permet de supprimer l'«effet de seuil». Ca fait quand même
un drôle d'effet aux gens. Les produits des pays de l'est aussi sont
devenus gratuits brutalement. Et Thomson Multimédia valait un franc.
On donne la musique et les journaux ; il paraît qu'on va donner les
livres et les voitures.
En échange, les gens auront seulement à s'engager à
consommer ce qu'ils auraient de toutes façons consommé. Vu
comme ça, c'est formidable, la nouvelle économie : plus rien
n'a de valeur, sauf le consommateur. Il y a des tempéraments inquiets
qui parlent de vie privée, ou d'inégalité. Mais les
gens ont envie d'y croire, à la nouvelle économie.
Si vous pensez que les «gens» raisonnent comme ça,
oubliez Seattle : il ne s'est rien passé.
ENJEUX
2.Sale temps pour la corégulation
Pour le Gouvernement, c'est sans doute la fin du beau consensus autour
de ses actions pour la société de l'information : son projet
de corégulation de l'internet rencontre chez certains internautes
militants une opposition croissante.
L'organisme de corégulation était annoncé depuis
longtemps. Né dans un rapport du Conseil d'État préparé
sous le gouvernement précédent et remis à celui-ci,
il a été annoncé par Lionel Jospin dans le paquet
de mesures législatives et réglementaires à Hourtin,
à l'Université de la communication au mois d'août dernier.
Ses conseillers et les membres du Conseil autour du rapport ont battu les
planches numériques pour présenter, non sans arrogance parfois,
le caractère d'évidence d'un tel organisme. Un colloque en
septembre, une consultation publique et une mission confiée à
Christian Paul, député de la Nièvre, devaient boucler
le tout.
C'était sans compter la méfiance que toute idée
d'organisme de l'internet suscite ici et là. Ce sont d'abord les
autorités de régulation, qui craignent de voir échapper
une partie de leurs prérogatives, ou, plus sérieusement,
d'être empêchées dans leurs activités par un
nouvel organisme. À l'issue du Sommet des régulateurs organisé
par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, Hervé Bourges
déclarait que leurs débats avaient montré que le concept
d'autorégulation demeurait flou. C'était sans compter sur
l'opposition "républicaine" portée par Patrick Bloche, qui
voit dans de tels organismes un affaiblissement de l'État de droit.
On a vu la mobilisation de l'Initiative pour un internet solidaire, l'IRIS
qui, dans sa contribution - du bout des lèvres - à la consultation
publique organisée sur l'internet s'oppose fermement à cet
organisme. Ce fut la manifestation face à l'Unesco du Comité
des médias libres, adepte de jeux de mots en tout genre : Bourges
et Jospin, vous nous faites bien réguler ! Ce sont maintenant les
portes voix des internautes francophones militants qui prennent position.
De l'autre côté de l'Atlantique, les chroniques de Cybérie
ricanent... Le modérateur de la liste Biblio-fr, ancienne et écoutée
sur le Web francophone, prend position contre l'organisme en question.
Bernard Lang, de l'AFUL et de l'ISOC, marque sa méfiance.
C'est aussi l'honorable parlementaire en mission interpellé
dans Libération par David Dufresne : "Depuis, M. le député,
je dois vous dire très respectueusement qu'une brise de panique,
qui pourrait bien devenir vent puis bourrasque, souffle dans le sous-monde
des internautes..." avec ce ton posé que prennent les gens certains
de leur conviction et qui fait peur aux pouvoirs en place depuis 1789.
Alors, dans sa réponse, Christian Paul qui ne pensait sans doute
pas que sa mission ferait se lever les boucliers numériques, veut
rassurer le journaliste et lâche: "L'objet des mois de concertation
qui s'engagent est bien de trouver la juste place pour un tel organisme,
voire de s'assurer que sa création est opportune..."
Dès lors, on ne comprend plus. Jamais les déclarations
du Premier ministre n'ont fait montre d'une telle retenue... Ne déclarait-il
pas le 1er décembre: "La corégulation nécessite
en effet un dialogue constant entre tous ses participants. (...) il faut
sans doute songer à un espace plus stable d'échange et de
dialogue entre acteurs privés et publics. C'est le sens d'une proposition
que m'a faite le Conseil d'État. Il s'agirait de réunir en
un même lieu l'ensemble des parties prenantes à la corégulation,
afin d'encourager le dialogue et le partage d'expériences, de favoriser
la diffusion des meilleures pratiques, de prévenir les conflits,
d'émettre éventuellement des recommandations ou d'adresser
des propositions aux pouvoirs publics. " et la lettre de mission précisait
:
" Le Gouvernement a décidé de constituer une mission
de préfiguration, en concertation avec les représentants
des pouvoirs publics, des éditeurs de contenus, des prestataires
de services en ligne, des utilisateurs et des intermédiaires techniques
de l'internet. Celle-ci aura pour tâche de définir le contour
exact des compétences que pourrait exercer le futur organisme de
"corégulation", ainsi que les modalités concrètes
de sa mise en place."
À force de croire que l'internet n'est pas politique et qu'une
idée issue d'un cadre de pensée très libéral
pourrait convenir à l'ensemble des sensibilités, ceux qui
se voulaient être les "Al Gore" français pourraient bien avoir
leur Seattle. C'est peut-être le premier vrai combat des internautes
français. Ils doivent le gagner car on voit mal comment on pourrait
coréguler sans eux.
3. Vie privée
RealNetworks qui nous espionne, Intel qui nous tatoue, Aol qui ne garantit
pas plus d'un an la non utilisation de nos données personnelles.
Le respect de la vie privée sur l'internet, la "privacy" anglo-saxonne
est à l'ordre du jour. Il est évident que c'est un sujet
politique qui rejoint les joutes autour de la responsabilité des
intermédiaires, hébergeurs, fournisseurs d'accès.
Entre ma liberté, mon droit à l'anonymat et ma responsabilité,
il y a la façon dont je vois le monde et le prix politique que je
suis prêt à payer ou non.
Prix politique ? Oui, mais pas seulement. Il fallait sans doute être
naïf pour penser que l'internet permettait l'anonymat. Un simple survol
de son mode de fonctionnement montre que la base du protocole, c'est la
trace. Dès lors, des petits malins ont pensé faire payer
l'anonymat en ligne. La société canadienne "Zero Knowledge"
propose de naviguer sur le Web dans l'anonymat le plus complet pour...
50$ par an. On vous fournit un pseudonyme avec lequel vous effectuerez
vos interneteries habituelles. Les communications entre votre ordinateur
et le serveur de la société seront brouillées et cryptées
pour que l'on ne retrouve pas votre trace. Zero Knowledge invente la "couverture"
numérique qui promet qu'elle-même ne pourra pas connaître
votre identité. Selon le San Jose Mercury, le système a reçu
les félicitations d'un avocat spécialiste de la vie privée
et d'un pirate informatique... anonyme (lui aussi).
La dérive est assez déroutante, même pour des Américains.
Si la vie privée est un droit inviolable, doit-on payer pour qu'il
soit respecté. Si vous payez, vous serez en paix, si vous ne payez
pas, tout pourra vous arriver. Dès lors, la problématique
de l'anonymat risque fort de se retourner contre ceux qui en sont les défenseurs
les plus farouches. Imaginez que l'on puisse légalement payer pour
ne pas mettre de plaques d'immatriculation sur sa voiture et que l'on puisse
impunément filer tous vos déplacements dès lors que
vous n'auriez pas payé cet anonymat ?
Entre être anonyme contre rançon, systématiquement,
et refuser d'être espionné impunément sans mon accord,
je choisis.
4.RealNetworks, l'espion qui venait
du son
L'affaire peine la communauté des internautes. RealNetworks
les espionnait ! La peine tient sans doute moins au préjudice subi
qu'à la déception envers LE modèle des entreprises
du Net. RealNetworks a été, pendant toute la "première
période" du Web, le standard du logiciel audio, puis vidéo,
sur la Toile. C'est RealNetworks - tout comme Netscape - qui a contribué
à populariser le modèle du logiciel gratuit à
télécharger sur le Web, cherchant sa rémunération
sur des versions payantes plus sophistiquées ou sur des versions
professionnelles permettant d'encoder. Quel internaute de la première
heure n'a pas téléchargé, ému, les versions
successives de Realaudio, puis de Realvideo qui permettait d'écouter
cette station FM des provinces sud de Panama ?
RealNetworks déposait un mouchard. Est-ce vraiment une surprise
? Tous les utilisateurs des logiciels de cette société ont
obligatoirement remarqué qu'à l'installation, les boites
de dialogue les interrogeaient sur leurs goûts musicaux et sur leurs
goûts en général : jazz, informations, sports, rock...
Vous répondez ce que vous voulez. Peu importe. On vient de s'apercevoir
que toutes les versions du logiciel téléchargé avaient
un tatouage unique qui permettait, associé aux réponses données
aux questions précédentes, de créer une base de données
très "big brother".
Les Américains sont sous le choc ! Ce type de pratiques est
proscrit des codes de bonne conduite promulgués en l'autorégulation
par l'industrie, le fameux label "Trustee" auquel RealNetworks a adhéré.
De toute façon, il pourrait bien arriver à RealNetworks
ce qu'il arrive à Netscape. Une baisse continue des parts de marché
face à Microsoft. Dont le Media Player gagne du terrain et bénéficie
d'un taux de croissance de 34% par mois du nombre d'utilisateurs, alors
que le Real Player ne progresse plus que de 5,3%, selon une étude
publiée par le magazine PC Data. Mais ce n'est pas grave, Rod Glaser,
le P.D.G. de l'entreprise est devenu en peu de temps une des premières
fortunes mondiales. Où travaillait-il avant ? Chez Microsoft. Mais
cela n'a rien à voir...
5.Les consommateurs portent plainte
: Cybercâble vs Microsoft...
Mécontents du service d'accès à l'internet par
le câble : Cybercâble, de la Lyonnaise des Eaux qui, le 20
septembre dernier, sans avertissement préalable, a divisé
par quatre le débit maximal accordé à chaque client
(512kbps au lieu de 2Mbps), les clients se rebiffent, fondent une association
, "LUCCAS", et attaquent l'entreprise en référé devant
le tribunal de grande instance de Paris...
La démarche rappelle celle de consommateurs qui, après
la décision de justice contre Microsoft, ont décidé
de porter plainte collectivement contre l'entreprise de Bill Gates et de
demander des dommages et intérêts.
Le rapprochement n'est qu'apparent. Dans le premier cas, il s'agit
de "vrais" consommateurs qui se regroupent spontanément pour ester
en justice et qui sont soutenus par d'autres associations comme l'ISOC,
l'AUI et l'ADIM (Association Des Internautes Mécontents). Dans l'autre
cas, il s'agit de consommateurs "agis" par des avocats qui voient là
une bonne occasion de gagner de l'argent.
Ceci ne vaut sans doute pas cela : attention aux apparences !
INDUSTRIES DE CONTENU
6.FNAC en ligne : le média dans
le magasin
Quel changement entre le nouveau site, fnac.com, mis en ligne le 25
novembre et le précédent ?
D'abord, une organisation beaucoup plus systématique du commerce
en ligne, portée par Fnac direct, le département de vente
à distance qui comptera 120 employés à la fin de l'année
: un million de références avec Alibabook, 400000 disques,
des extraits musicaux à télécharger, un magasin virtuel
de logiciels.
Ensuite, des contenus avec l'onglet fnac.net (ne pas confondre avec
l'ancien fnac.net, accès gratuit à l'internet, confié
à Mageos.com...). Comme l'avait indiqué Jean Christophe Hermann,
DG de Fnac Direct, fnac.com, c'est «un magasin qui abrite un média».
Christian Pinault, PDG de la Fnac, est assez catégorique sur ce
point : prudent quand aux perspectives immédiates du commerce électronique,
il ne le conçoit pas sans la publication d'un contenu. Avis aux
avaricieux de l'e.commerce : ne pas se contenter de la mise en ligne du
catalogue et du bon de commande ; il faut encore le magasin virtuel et
l'accompagnement d'un media. Pour le moment, fnac.net fait des débuts
plutôt modestes autour de deux rubriques «culture plus»
et «multimédia», sans arriver à bien se distinguer
du reste du site. La Fnac devrait investir 300 MF sur ce projet en trois
ans.
7.BFM à la demande
BFM, radio privée d'information en continu, innove sur l'internet.
Tirant parti d'un ban de production de programmes entièrement numérique,
la radio s'installe sur le Web. Non seulement vous pouvez écouter
à la demande tous les reportages de la station mais vous pouvez
également composer "votre radio" à l'aide d'une interface
simple et très intuitive. En quelques clics sur des cases à
cocher, vous composez votre programme, sautez le sport ou, au contraire
ne gardez que lui, vous vous gavez de politique ou vous vous mitonnez un
"format" bref sur la rubrique "nouvelles technologies". Vous pouvez ensuite
écouter votre programme en continu. Votre profil est mémoire
et tant que vous ne changez pas d'ordinateur ou n'effacez pas le cookie
mouchard qui a été envoyé et qui permettra au serveur
de vous reconnaître, vous pourrez, à volonté réécouter
votre programme mis à jour.
Peu d'écrit sur le site. Contrairement aux autres radios présentes,
qui, pour la plupart, ont développé une rédaction
écrite, les programmes audio sont seulement assortis de fiches de
présentation. BFM reste donc avant tout une radio.
RFI préparerait pour le début de l'année un service
équivalent.
8. TF1, 2, 3 Partez!
TF1 vient de lancer son nouveau site d'information en continu et c'est
un véritable nouveau média qui n'est rendu possible que sur
l'internet.
À voir en priorité, les interviews des vedettes de la
politique qui sont accessibles en vidéo à la demande et assorties
de nombreuses données associées : biographie, autres déclarations
de la personnalité, documents annexes. Des canaux de dialogue en
direct permettent l'interactivité.
Mais le site est plein d'astuces. La une est multimédia : des
dernières minutes à la minute près. Des reportages
avec des incrustations vidéos. Une carte géographique interactive
pour les informations internationales, un juriste en ligne...
Stratégie internet : dès la première page des
liens vers d'autres sources d'information : Europe 1, le Monde, le Point...
Jamais vu dans la presse papier sauf lorsque les titres appartiennent à
un même groupe de presse.
Le concurrent de e-tf1 à la télévision ? Sans
doute LCI... Tiens tiens. Mais LCI, ça appartient à TF1.
Je ne dois pas avoir tout compris...
En tout cas, ce n'est pas i-télévision, la télé
de proximité de Canal +. L'info de e-tf1 demeure classique dans
le choix des sujets.
TF1 a déclaré qu'elle consacrerait dorénavant
et pendant quatre ans 90 millions de francs (13,7 millions d'Euros) à
ses activités internet. M6, la petite chaîne qui monte aussi
sur l'internet devrait bientôt suivre.
Clic officiel : [http://infos.tf1.fr/info/home/home.cfm
]
9. Lagardère met de l'ordre
dans ses contenus
Quels sont les contenus stratégiques pour un grand groupe multimédia
et quel est leur prix ?
Les nouvelles récentes sur les opérations réelles
ou vraisemblables du Groupe Lagardère donnent des indications intéressantes.
Après l'acquisition, en novembre, de 75% de l'agence de photojournalisme
Gamma, la filiale presse du groupe Hachette Filippachi Multimédia
s'apprêterait à prendre une participation de 25% dans une
autre agence indépendante : Sipa, avec ces acquisitions, HFM fait
pièces à Getty Images et Corbis, propriété
de Bill Gates, et acquéreur récent de Sygma.
Simultanément, le groupe se préparerait à vendre
sa filiale américaine Grolier spécialisée dans l'édition
de logiciels et d'encyclopédies multimédia. Il pourrait d'autre
part prendre position dans CanalSatellite. Sipa a un CA de 115MF, et Grolier
Inc, de 313M$.
La migration des entreprises de contenu vers le numérique a
un prix élevé, qui précarise leur indépendance.
10. Softissimo
L'entreprise Softissimo, spécialisée sur le marché
des logiciels linguistiques: correcteurs orthographiques (Hugo, Hugo +),
traducteurs automatiques (Reverso, Webview), dictionnaires multilingues
informatisés, a signé un accord avec France Télécom
pour proposer sur le portail "Voilà" un service de traduction automatique.
Belle réussite commerciale pour la petite société
française. Pari risqué cependant. On sait que les Français
aiment particulièrement se gausser des approximations de la traduction
automatique... Essayé sur le style assez décalé des
Webzines américains, la traduction n'est pas toujours compréhensible.
Cependant, on commet toujours l'erreur d'évaluer ce genre de
service sur une langue étrangère que l'on maîtrise
peu ou prou. Il faut l'essayer sur une langue que l'on ne comprend pas
du tout. Vous n'êtes pas germaniste ! Allez vous promener sur le
Web allemand grâce à ce service... Vous y verrez déjà
beaucoup plus d'avantages.
VU D'AILLEURS
11. Des start-up mettent les cours d'universités
américaines en ligne
Deux start-up, UNext.com et Pensare,
nouent des accords avec de prestigieuses universités américaines
pour diffuser des cours de haut niveau à destination des cadres
des grandes entreprises.
S'appuyant sur la notoriété
internationale des universités telles qu'Harvard, Stanford, Columbia
ou encore sur la participation de certains prix Nobel, ces deux start-up
espèrent attirer les cadres des grandes entreprises implantées
dans différentes régions du monde, notamment l'Asie. Si certaines
universités rechignent à céder leurs cours à
des partenaires privés, elles n'ont pas les capacités propres
de faire du développement multimédia qui permettrait d'élargir
leur public. UNext est prête, souligne un de ses fondateurs, à
dépenser des dizaines à des centaines de millions de dollars
pour former en ligne les cadres du monde.
L'université Columbia fut
la première à signer en mars 99 un accord avec UNext, l'université
contrôlant l'utilisation faite par UNext de son nom et des contenus
qu'elle apporte (estimés à 120 millions de dollars). En échange,
l'institution recevra sur cinq ans un minimum garanti de 20 millions de
dollars. D'autres universités ont suivi : l'Université de
Chicago, Stanford et même la très anglaise London School of
Economics. Après avoir été un consortium, UNext est
devenue une société indépendante capable de lever
des capitaux et d'utiliser des stock option comme monnaie d'échange
avec les fournisseurs de contenu que sont les universités.
Persane a quant à elle signé
un accord avec Harvard portant sur la création de six cours sur
internet. L'université recevra des royalties sur les cours exploités.
Côté développement, il a été fait appel
à Thomson Multimédia France.
Dans l'attente du lancement de ces
initiatives, les acteurs restent dans l'expectative et s'interrogent sur
la viabilité de tels projets. IBM qui est partie prenante du projet
d'UNext déclare que «tout ne peut s'enseigner à
travers le Web», Harvard affirme recevoir parfois plus d'une
proposition de partenariat par semaine. Des questions surgissent : jusqu'où
s'engageront les universités dans le capital de ces entreprises
? les cours seront-ils toujours la propriété intellectuelle
de l'enseignant ? Que deviendront les universités locales, notamment
celles du Tiers-Monde, dans lesquelles se forment encore les cadres des
grandes entreprises dans le monde ?
Synthèse d'un article
paru dans The Standard, 22/10/99.
Version anglaise intégrale
: [http://www.thestandard.com/article/display/0,1151,7122,00.html]
TECHNOLOGIE
12. La vidéo plein écran
sur Internet?
Start-up californienne, Pixelon
se targue de diffuser des séquences animées en plein écran
sur internet suivant la technique du streaming. Le principe : lors du téléchargement
du fichier vidéo, une partie des données sont stockées
à l'avance dans la mémoire, en même temps que défilent
les images. Protégeant jalousement les secrets de ce nouveau système
d'encodage, Pixelon a l'ambition de devenir l'incontournable de la diffusion
de la vidéo sur le Web.
Mais qu'en est-il aujourd'hui pour
l'internaute «moyen», celui connecté par modem ? La
page d'accueil du site lui promet des images «comme la TV, même
mieux».
Si vous tentez d'accéder
à la version Flash du site de Pixelon avec Netscape Communicator
(version 4.05 muni d'un plug-in déjà rompu à la consultation
de sites Flash), il vous est répondu : «Désolé,
mais le site de Pixelon est si technologiquement avancé qu'il requiert
la version 4.0 de Flash Player». Bon, on se contentera de la
version Html. Mais là, c'est une erreur JavaSript qui empêche
le téléchargement d'une séquence de vidéo comique.
On tente de se faire aider par le «show me how», mais cette
fois c'est la page qui se bloque.
Toujours est-il que lorsque ça
marche, paraît-il que la vidéo est quelque peu saccadée.
Normal, cette nouvelle technologie est adaptée aux accès
de type ADSL, câble ou satellite. L' «internaute moyen»
peut éteindre son ordinateur et rallumer sa télé.
13. WAP doux WAP
Une bataille technologique d'envergure
se déroule dans l'univers du téléphone mobile.
Le point de départ est simple
: il y a aujourd'hui, dans le monde, plus de téléphones mobiles
que d'ordinateurs personnels et la connexion de ces mobiles à l'internet
devrait être un marché gigantesque.
Le conflit porte sur le protocole,
le système d'exploitation, le navigateur, et la connexion du portable
à ses périphériques, bref, toute la technologie.
-
Protocole : le déjà
assez célèbre WAP (Wireless Application Protocol), qui repose
sur WML (Wireless Markup Language), a été promu par la société
américaine Phone.Com (ex Unwired Planet), dirigée par le
français Alain Rossman, avec le soutien de Nokia, Motorola, Ericsson
. Microsoft a d'abord argumenté
sur l'augmentation prévue de la bande passante des réseaux
sans fil (normes GPRS et UMTS) pour conserver sur le mobile les normes
et langages génériques de l'internet (HTML).
-
Système d'exploitation
: les industriels des terminaux de télécom, déjà
cités, se sont ralliés à Epoc, développé
par la société anglaise Psion. Leur filiale commune Symbian
a livré, en mars 99, Epoc 5, basé sur Java. Epoc fait le
pont entre les mobiles et les assistants personnels qui ont rendu célèbre
Psion. Microsoft propose
Windows CE et a créé, à cette fin, avec Qualcomm,
Wireless Knowledge, dont l'architecture a été retenue par
les Baby Bells. C'est un aspect des tentatives de Microsoft d'étendre
sa position dominante sur les systèmes d'exploitation au delà
des PCs et des serveurs.
-
Navigateur : Phone.Com a réussi,
s'appuyant sur le WAP, à diffuser à faible prix son navigateur
UP.Browser, se réservant les logiciels serveurs qui gèrent
la transmission de données entre serveurs internet et mobiles. Il
entre en concurrence aujourd'hui avec Nokia.
Microsoft préconisait, avec
STNC, un navigateur HTML.
Mais les promoteurs de Symbian,
qui ne veulent pas se limiter aux combinés actuels et à la
technologie WAP, ont décidé que leur système d'exploitation
Epoc serait compatible avec le navigateur HTML de STNC-Microsoft.
On assiste aujourd'hui à
un chassé-croisé, puisque le 08/12, on apprenait coup sur
coup, le lancement par Microsoft de la suite Mobile Explorer, totalement
compatible avec le format WAP, et permettant un double décodage
HTML et WAP 1.1, puis, dans la foulée, un accord Ericsson - Microsoft
pour créer une société conjointe favorisant la présence
de Mobile Explorer dans les produits Ericsson.
-
Connexion : comment se parlent
les différents appareils sans fil, et comment parlent ils à
l'ordinateur ou à l'imprimante ? La réponse s'appelle Bluetooth,
et elle vient d'Ericsson. C'est une solution radio, c'est à dire...sans
fil. Elle avait été acceptée par toute l'industrie,
sauf Microsoft.
La bataille autour de WAP semble opposer
deux conceptions de la dimension internet du mobile : en gros, il sera
plus ou moins aux normes de l'internet actuel. La concurrence Microsoft
vs Phone.com rappelle le précédent conflit avec Netscape.
Mais cette bataille générale,
qui ne fait que commencer, souligne aussi le nouveau rapport de forces
entre l'industrie informatique et celle des terminaux de télécom,
dans laquelle l'Europe est mieux placée que les Etats-Unis.
Un peu dur à suivre, mais
c'est la rançon pour devenir résolument débranché.
ON A LU
14. «Le nouvel ordre numérique»de
Laurent Cohen-Tanugi
Aux Editions Odile Jacob, Laurent Cohen-Tanugi présente la dimension
juridique et économique de la société de l'information,
selon la problématique «convergence et régulation».
Il décrit le développement des trois secteurs (informatique,
télécommunications, audiovisuel), les fondements de la domination
américaine, la question des règles.
Le livre a deux limites.
Si le tournant de l'internet marchand n'est plus à discuter,
il s'en faut de beaucoup que le nouvel ordre numérique résulte
de la seule stratégie des grands acteurs économiques privés.
Les pouvoirs publics, en tout cas l'état américain, et l'internet
comme mouvement de société continuent à jouer un rôle
décisif.
On regrette aussi que L. Cohen-Tanugi n'ait pas consacré au
moins une introduction à la question de la nouvelle économie.
Malgré ces réserves, «Le Nouvel Ordre Numérique»
est le meilleur dossier paru en français pour un large public sur
l'économie de la société de l'information, et particulièrement
sur l'économie de la convergence.
Prix : 130FF.
Clic officiel : [http://www.odilejacob.fr]
LE BILLET
15. Populis : que le peuple se révolte!
"Sur internet comme dans la vie."
"Votre nom est-il déjà
sur Internet ?"
"Soyez vous-même sur internet."
Ce sont quelques-uns des slogans
qu'arbore le site de Populis.com, premier site francophone de vente de
noms sur l'internet.
C'est simple, Populis vous propose
de servir d'intermédiaire pour acheter un nom de domaine correspondant
à votre patronyme et d'héberger ensuite votre site personnel
à votre adresse en « com », ".org" ou ".net" et même
dans des domaines nationaux peu regardants sur qui dépèce
leur territoire virtuel. Essayez le point ".dk", par ce temps hivernal,
c'est du dernier chic.
Votre chroniqueur, narcissique au
delà de l'acceptable, n'a pas pu s'empêcher de tester le service.
Je saisis mon prénom et mon
nom et j'attends ! Zut, mon nom en ".com", celui par lequel mon père
pensait que ma fortune personnelle naîtrait, est déjà
pris. Mais je peux savoir qui c'est. Vagues craintes paranoïaques...
Qui s'attribue ma tribu ? Ouf, ce n'est pas un cousin.
Mais chance, on me sourit et j'apprends
que mon nom en ".net" et en ".org" sont disponibles et qu'ils coûtent...
70$ chacun. (Seulement 70$, cela prouve que j'ai encore du chemin à
faire dans la vie...) Si je m'appelais Rolls ou Royce, je suis certain
que cela ne coûterait pas ce prix là. Et si je faisais semblant
de m'appeler Lionel Jospin, ou Christian Paul, par exemple, je pourrais
acheter ce nom ? Oui. D'abord c'est pas une marque ! Je suis cependant
satisfait du faible prix de mon vrai nom sur le Net, quoiqu'un peu vexé.
Je choisis le domaine en ".net",
qui me semble de bon aloi. D'ailleurs, je n'ai aucune intention d'organiser
quoi que ce soit et je laisse le ".org" à la branche ennemie de
la famille. Au premier clic, j'apprends que je devrai attendre quelques
semaines si je veux acheter mon nom... en français... Tant pis,
je décide de le "buyer" en English ou du moins de voir comment faire.
Je dois remplir un formulaire très précis comprenant mon
numéro de téléphone et mon adresse (pays par défaut
(United-States) je cherche la France... Tiens, il y en a deux (France et
France européenne et même trois si l'on compte des "southern
territories". S'agit-il de la Corse ?)
Mais, problème, après
avoir saisi patiemment toutes ces informations dans une langue étagère
pour acheter, lacanien, rien moins que mon nom sur l'internet, on me demande
de cliquer pour continuer sans me dire ce que l'on va faire de mes informations.
Alors là non. Je veux bien
dépenser 70$ pour embêter la cousine Berthe et frimer sur
mes cartes de visites, pas nourrir une base de données occulte dont
je ne sais rien. J'abandonne et laisse mon nom à tout vent.
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LE DOSSIER
16. Librairies en ligne françaises
Le livre semble bien être
un des objets types du commerce électronique : il se présente
sous la forme de millions de titres qui ne peuvent être tous à
la proximité du client et dont le transport ne présente pas
de difficulté particulière.
Le rôle de conseil du libraire
continue à faire la force de la librairie de proximité même
si le web permet de proposer des conseils de lecture sous différentes
formes.
La tradition de vente par correspondance
de certains libraires, le recensement informatiques des livres, ont déjà
bien préparé le travail en amont. Jean-Christophe Hermann
(Fnac Direct) affirme que le livre est une belle locomotive sur le net.
Le marché français
des ventes de livres en ligne est évalué à près
de 300 millions de francs, soit trois fois plus qu'en 1998.
On sait que l'exemple est venu d'amazon.com,
fondée en 1995 par Jeff Bezos, aujourd'hui transformée en
«grand bazar» proposant : CD, DVD, cassettes-vidéos,
jeux électroniques, jouets, outils de bricolages, équipements
hi-fi et électroniques....
Les librairies généralistes
En France, avec un certain retard
et une caractéristique : le rachat des premiers entrants par les
grands opérateurs (le processus qui remanie de fond en comble le
monde de l'édition et des librairies étant celui des alliances
et des fusions en vue de prendre le contrôle de l'industrie du contenu),
trois weblibrairies généralistes se disputent la première
place :
- Bol,
inaugurée le 4 février 1999, détenue à parts
égales par le groupe allemand Bertelsmann et par Havas et qui, depuis
le 10 décembre vend aussi des disques.
- Alapage
, (créée en 1996 par Patrice Magnard) est, depuis fin octobre
1999, filiale à 100% de France Télécom multimédia
- Fnacdirect, département
de vente à distance de la Fnac (groupe Pinault Printemps Redoute),
a fait l'acquisition en mai dernier du site Alibabook
et a ouvert récemment fnac.com.
Si ces trois grands opérateurs
ont fait connaître leur site par d'énormes campagnes publicitaires
; fondamentalement l'offre est la même : l'accès à
la totalité du catalogues des éditeurs français, entre
400 et 450 000 références. Les bases de données bibliographiques
permettant d'accéder aux catalogues ont été le point
d'entrée du marché ; leur constitution est chère -
entre 50 et 100F la fiche - et les trois grandes chaînes ont été
intéressées par l'acquisition des starts up certainement
en raison de leur fichier client mais surtout à cause de leur
base de données. Celles-ci sont d'ailleurs très comparables,
elles ont été établies soit par Planète Livre
(Alapage, Fnac) soit par Décitre (BOL). Pour le consommateur, la
concurrence se situe donc du point de vue de la logistique (frais de port,
délais de livraison) du contenu rédactionnel et de la qualité
du service.
Les libraires spécialisées
A côté de ces grandes
chaînes, le marché laisse une place aux librairies électroniques
spécialisées qui donnent accès à des livres
rares ou épuisés, des ouvrages d'occasion, des thèses,
à la littérature grise et à des livres étrangers.
Quelques exemples, des plus connus au plus modestes :
- Décitre,
créée en 1906, se positionne comme un spécialiste
de la vente par correspondance auprès des réseaux professionnels
des bibliothèques et des centres de documentation et s'appuie sur
sa propre base de données de 440 000 références. Selon
Pierre Décitre, la base titre représente 15 000 journées
de travail et à l'heure actuelle 6 personnes sont chargées
de la mise à jour de la base.
- Le
Furet du Nord : à l'origine regroupement de douze librairies
généralistes, récemment repris à hauteur de
78% par le réseau des cinq librairies Extrapole (racheté
en 1998 par Hachette Distribution service du groupe Lagardère)
- la librairie Lavoisier
fournisseur d'informations professionnelles qui travaille depuis 50 ans
en VPC et met en ligne sa base de données scientifique de 650 000
titres français, anglais et américains (uniquement scientifiques
et techniques) ; la concurrence est internationale mais même amazon.com
n'a pas toutes les références anglo-américaines proposées
par Lavoisier.fr.
- Chapitre.com,
créée en septembre 1996, librairie indépendante centrée
uniquement sur les livres francophones dont la spécificité
est la recherche d'ouvrages anciens ou épuisés, propose 380
000 livres neufs, 150 000 livres anciens
- La librairie
des Feuillantines à Paris spécialisée dans les
livres d'occasion ou épuisés de la littérature et
des sciences humaines a ouvert son site : livre-a-paris.com (propose une
rubrique «les introuvables de la semaine»).
- Bdphilia.com,
librairie virtuelle spécialisée dans la bande dessinée
propose 8 000 références. Frais de port gratuit à
partir de 100F d'achat.
Le prix unique du livre
Le problème majeur pour les
librairies électroniques reste la question du prix unique du livre
.
La question est double : à
l'intérieur du territoire français et du point de vue du
commerce international.
Au niveau national, la polémique
repose sur le prix du transport et la concurrence faite à ce niveau.
Cette concurrence, en faisant varier le prix du livre aboutit à
une remise en cause du principe du prix unique. Sur ce sujet deux écoles
se distinguent : celle qui considère que le prix du livre doit être
le prix libraire, avec les 5 % de remise, augmenté du prix du transport
; celle qui pense que la librairie en ligne est un service à part
entière, distinct, et que le lecteur de Pornichet n'a pas à
payer les frais de la librairie du boulevard St Germain. Dans ce deuxième
cas, la concurrence sur les prix du transport cache le fait que le prix
en ligne est devenu libre.
L'aspect international : l'essentiel
reste le risque de détournement (du prix unique) par des librairies
établies hors du territoire français ( et si possible à
la frontière comme Proxis, en Belgique). La Commission de Bruxelles
pourrait imposer le fait que le prix soit fixé par le pays d'origine,
ce qui de fait limiterait le prix unique au territoire national et pourrait
mettre fin au principe du prix unique.
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