édition du 25 avril 2000 

Numéro spécial
"Libres enfants du savoir numérique"

 

bi-mensuel de l'internet
culturel et politique

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2. L'anthologie du Libre: une présentation 
Les éditions de l’éclat font partie de ces très rares éditeurs français qui accordent une place convenable au débat politique sur la société de l’information. 
Michel Valensi, qui les anime, a déjà publié plusieurs ouvrages représentatifs du courant libertarien radical de la cyberculture: TAZ d’Hakim Bey, la «Résistance électronique» du Critical Art Ensemble, sans oublier un recueil de Philip.K.Dick. 
«Libres enfants du savoir numérique» est centré sur l’hypothèse d’une nouvelle économie du savoir qui se distinguerait et s’opposerait aussi bien à l’«ancienne économie», qu’à la nouvelle économie officielle, tellement chahutée ces derniers jours. 
A partir de nouvelles manières d’apprendre, de créer, de communiquer, se mettraient en place les éléments d’une nouvelle organisation du travail, d’une autre régulation économique, et, finalement, d’un autre droit. 
Les amateurs de clarté idéologique en seront pour leurs frais (179 FF). Les textes rassemblés ici proviennent d’origines diverses. Leurs inspirations et leurs positions sont souvent heureusement contradictoires: libéraux de tout poil, libertaires à l’américaine et républicains à la française, protomarxistes et para-situationnistes. 
Olivier Blondeau se signale en regroupant dans le même article des références positives à John Perry Barlow, Karl Marx, Pierre Lévy, André Gorz… Réconcilier les émules de Jean-Paul Sartre et de Teilhard de Chardin dans une revue du P.C.F, vous n’en aviez jamais rêvé, la cyberculture l’a fait! 
Mais l’éclectisme est probablement la rançon nécessaire du genre éditorial adopté. «Libres enfants du savoir numérique» n’est pas une thèse, c’est une anthologie. 
Le premier chapitre est une sorte de longue introduction sur le thème: liberté et pouvoir dans le cyberespace. 
Il comprend, notamment, des textes célèbres du fondateur de l’Electronic Frontier Foundation, J.P.Barlow, ainsi qu’une critique intéressante de l’idéologie californienne, dont J.P.B est un des ténors, par Richard Barbrook. 
Mais le corps de l’ouvrage, ce sont les textes rassemblés par les deux éditeurs, au sens anglais, Florent Latrive et Olivier Blondeau, autour du thème du «libre». 
Le dossier rassemblé ici est remarquable et constitue bien ce que Florent Latrive appelle la «boîte à outils du libre»: un point complet sur les logiciels libres et la source ouverte, avec les textes de base de Stallman et Raymond; une extension de la logique «source ouverte» aux domaines du texte et de la musique. 
Il n’est pas utile, pour bénéficier de cette lecture, de partager la conviction d’une nouvelle économie du savoir numérique, ni d’adhérer à la définition qui en est ici proposée. 
 La lecture de cette anthologie est nécessaire, non seulement pour s’initier au domaine du libre, mais pour connaître certains textes fondamentaux de la cyberculture.
C’est un livre qui manquait.
--Francis Linart--


© 19clics [http://www.19clics.com]- avril 2000