2. L'anthologie
du Libre: une présentation
Les éditions de l’éclat
font partie de ces très rares éditeurs français
qui accordent une place convenable au débat politique sur la
société de l’information.
Michel Valensi, qui les anime, a
déjà publié plusieurs ouvrages représentatifs
du courant libertarien radical de la cyberculture: TAZ d’Hakim Bey,
la «Résistance électronique» du Critical Art
Ensemble, sans oublier un recueil de Philip.K.Dick.
«Libres enfants du savoir numérique»
est centré sur l’hypothèse d’une nouvelle économie
du savoir qui se distinguerait et s’opposerait aussi bien à l’«ancienne
économie», qu’à la nouvelle économie officielle,
tellement chahutée ces derniers jours.
A partir de nouvelles manières
d’apprendre, de créer, de communiquer, se mettraient en place
les éléments d’une nouvelle organisation du travail, d’une
autre régulation économique, et, finalement, d’un autre
droit.
Les amateurs de clarté idéologique
en seront pour leurs frais (179 FF). Les textes rassemblés ici
proviennent d’origines diverses. Leurs inspirations et leurs positions
sont souvent heureusement contradictoires: libéraux de tout poil,
libertaires à l’américaine et républicains à
la française, protomarxistes et para-situationnistes.
Olivier Blondeau se signale en regroupant
dans le même article des références positives à
John Perry Barlow, Karl Marx, Pierre Lévy, André Gorz…
Réconcilier les émules de Jean-Paul Sartre et de Teilhard
de Chardin dans une revue du P.C.F, vous n’en aviez jamais rêvé,
la cyberculture l’a fait!
Mais l’éclectisme est probablement
la rançon nécessaire du genre éditorial adopté.
«Libres enfants du savoir numérique» n’est pas une
thèse, c’est une anthologie.
Le premier chapitre est une sorte
de longue introduction sur le thème: liberté et pouvoir
dans le cyberespace.
Il comprend, notamment, des textes
célèbres du fondateur de l’Electronic Frontier Foundation,
J.P.Barlow, ainsi qu’une critique intéressante de l’idéologie
californienne, dont J.P.B est un des ténors, par Richard Barbrook.
Mais le corps de l’ouvrage, ce sont
les textes rassemblés par les deux éditeurs, au sens anglais,
Florent Latrive et Olivier Blondeau, autour du thème du «libre».
Le dossier rassemblé ici est
remarquable et constitue bien ce que Florent Latrive appelle la «boîte
à outils du libre»: un point complet sur les logiciels
libres et la source ouverte, avec les textes de base de Stallman et
Raymond; une extension de la logique «source ouverte» aux
domaines du texte et de la musique.
Il n’est pas utile, pour bénéficier
de cette lecture, de partager la conviction d’une nouvelle économie
du savoir numérique, ni d’adhérer à la définition
qui en est ici proposée.
La lecture de cette anthologie
est nécessaire, non seulement pour s’initier au domaine du libre,
mais pour connaître certains textes fondamentaux de la cyberculture.
C’est un livre qui manquait.
--Francis
Linart--
© 19clics
[http://www.19clics.com]- avril 2000
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